Après Cessez le feu lundi soir on continue la semaine avec des chroniques d'un film événèment du premier semestre 2017, que je n'ai pas réussi à chroniquer à sa sortie salles alors que je lavais vu le jour même, le 15 mars dernier : THE LOST CITY OF Z de l'immense James Gray !!!
Quelques similitudes entre le film de Courcol et celui de Gray: même époque - début du 20ème siècle, même mélange entre épopée exotique et chronique intimiste, même recherche vaine d'un idéal inatteignable, mais énorme différence entre les deux: aux commandes de THE LOST CITY OF Z , un immense cinéaste dont je ne cesse de chanter les louanges, James Gray , qui est sans doute comme je le dis souvent mon cinéaste vivant préféré.
Inutile de dire que j'attends donc comme je l'avais dit dans mon billet des films attendus de 2017 son nouveau film The Lost City Of Z avec une impatience incommensurable . Verdict?
Il aura fallu près de 7 ans à James Gray avant que le film ne voit enfin le jour, avec une génèse et un tournage compliqué et de débarquer sur les grands écrans en mars dernier, deux mois trop tôt pour que le film puisse participer à un Festvival de Cannes, 70ème du nom où il n'aurait pas dépareillé..
Au cours du long et difficile chemin accompli pour porter à l’écran THE LOST CITY OF Z , ce projet est visiblement, comme il l'a souvent dit dans les interviews qu'il a donné, devenu une véritable obsession pour James Gray– ce qui est finalement semble assez logique étant donné son sujet, puisqu'il renvoie à l'obsession même de Percy Fawcett pour l’Amazonie et ses peuplades .
Adaptation du livre éponyme de David Grann racontant l’histoire vraie de l’explorateur Percival Harrison Fawcett sur les traces d’une ancienne cité amazonienne, The Lost City Of Z est une œuvre impressionnante qui se mérite certainement un peu- il faut un peu de temps pour rentrer dans le film, mais la dernière heure est vraiment sublime- on comprend parfaitement comment l'histoire de Fawcett a pu résonner chez Gray.
Particulièrement , la soif de découverte de Fawcett est un élément qui a semble t-il passionné Gray : son rêve de découvrir une ancienne civilisation amazonienne lui a permis d’endurer d’inimaginables épreuves, le scepticisme de la communauté scientifique, de terribles trahisons et les longues années passées loin de sa famille, et c'est cette thématique là qu'on retrouve d'ailleurs dans ses oeuvres précédentes que Gray développe admirablement bien .
On comprend que la quête de cet cité utopique de Fawcett croise celle de Gray qui de film en film tente d'atteindre ce film parfait qu'il tente d’atteindre du bout des doigts sans ne parvenir qu’à l’effleurer.- c'est peu, sans doute de mais c'est déjà immense quand d'autres n'y essaient même pas-
The Lost City Of Z s'avère ainsi d'une formidable densité : un récit d’aventures rugueux et organique qui frappe par sa reconstitution exigeante : comme dans tous ces films James Gray cherche le réalisme- filmé dans un milieu hostile, sur pellicule, pour en renforcer la dimension viscérale mais aucunement le naturalisme, avec une réalisation d'une beauté visuelle à couper le souffle, .aux images réellement hypnotisantes,
En ce sens, on ne pourra que s'incliner devant le somptueux travail de Darius Khondji , directeur de la photographie déjà sur le sousestimé et sublime « The Immigrant » qui apporte ici une force visuelle indéniable au film, que ce soit à travers les fabuleux plans nocturnes, la photo lumineuse en Amazonie aux accents picturaux, l’ambiance gris-bleu des tranchées de la guerre de 14-18...
Mais The lost city of Z est également le très subtil portrait d’un homme tiraillé entre ses devoirs et ses obsessions : un homme comme on voit souvent dans les films de Gray, en contradiction avec lui-même. et tiraillé par d'incessants conflits intérieurs.
Un homme cherchant la reconnaissance de ses pairs et de sa famille mais qui prend souvent des chemins détournés et particulièrement ambigus pour y parvenir : ambitieux officier qui est vexé qu'on lui confie une mission en apparence obscure, père de famille dévoué et patriote devenu grand aventurier, et soldat méticuleux et pragmatique qui croit manière quasi spirituelle, à l’existence de cette prétendue légende, et fera tout pour e retrouver les ruines d’une ancienne cité de l’Atlantide enfouie dans les ténèbres de la jungle brésilienne.
Un homme en avance sur son temps, pour qui le combat de l’humanité pour l’abolition des différences est particulièrement d'actualité, car on voit qu'elle n’a malheureusement rien perdu de sa virulence ni de sa pertinence.

Mais le film est encore plus riche que cela car comme c’est souvent le cas dans les films de Gray, THE LOST CITY OF Z explore le thème des liens familiaux, le lien indestructible qui unit Percy à sa femme, Nina- un des plus beaux rôles de Sienna Miller, une femme résolument trop moderne et trop progressiste pour son époque dans une société qui lui refuse sa place.
’Si on a joute à la réussite des films des acteurs particulièrement investis comme le duo Charlie Hunnam et Robert Pattinson qui payent vraiment de leur personne, on se dit que ce The Lost city of Z, visuellement splendide et , d'une incroyable dimension humaine.est oeuvre majeure une nouvelle référence dans la filmographie d'un James Gray qui reste assurément un des plus grands réalisateurs d'aujourd'hui .
Et à l'occasion de la sortie de ce film qui revient sur la vie de l’aventurier Percy Harrison Fawcett.
Pygmalion a publié le seul livre rassemblant les notes et les journaux de l’explorateur : Le Continent perdu, dans l’enfer amazonien., afin de prolonger l’aventure cinématographique à travers l’œuvre manuscrite de Percy H, en détaillant notamment le contenu de ses expéditions et en nous dévoilant un peu plus sur l'homme.
On y apprend qu'il y a eu en fait huit expéditions de Percy Harrison Fawcett au cœur de l’Amazonie - et non pas trois comme le film le montre.
Sa découverte, au cœur du Brésil d’un immense plateau rocheux cerné de falaises inaccessibles, devait inspirer à Sir Arthur Conan Doyle son fameux roman fantastique Le Monde perdu (1912). Fawcett disparut au cours de sa huitième expédition, dans des circonstances qui demeurent à ce jour mystérieuses. De nombreux explorateurs se lancèrent à sa recherche et certains, à leur tour, ne revinrent jamais.
Le Continent perdu est le seul ouvrage posthume publié en 1953 par le fils de l’explorateur, Brian Fawcett, à partir de ses journaux et notes de son père.
. Colonel de la British Army, prototype de l’explorateur anglais à la fois visionnaire et flegmatique, Fawcett s’était juré – sur la foi d’anciennes chroniques portugaises et d’indications d’un voyant – de retrouver les ruines d’une ancienne cité de l’Atlantide enfouie dans les ténèbres de la jungle brésilienne.
Ce qui fait le sel de ces mémoires c'est l'écriture de Fawcett, loin d'être une simple retranscription factuelle, l'explorateur use d'une plume efficace , sans temps morts et assez contemporaine qui donne toute la dimension humaine que l'on percevait déjà dans le film de Gray ..Un complément idéal au formidable film de Gray..