Pour ce premier jour du Festival de Cannes, les distributeurs ont choisi de miser sur des documentaires qui  mettent en avant le cinéma.

Ainsi après le goût du tapis rouge dont on a parlé il y  quelques heures, Cinéma Mon Amour sort aussi ce mercredi 17 mai sur les écrans. L’histoire d’un combat. Celui de Victor, directeur de cinéma depuis plus de 40 ans et cinéphile militant, qui se bat au quotidien pour tenter de sauver sa salle, l’une des dernières de Roumanie. 

L'histoire de la passion démesurée de Victor pour son cinéma a profondément touché Michel qui en parle ce mercredi matin :

 

cinemaamour

 

« En 1989, il y avait plus de 400 cinéma en Roumanie. Aujourd’hui, il en reste moins de 30. »

Il pleut, il neige, il fait froid dans le cinéma qu’il dirige, pourtant Victor Pulice y croit. Il est maçon, peintre, plombier chauffagiste, projectionniste, programmateur et débrouillard, la conversion de la salle au numérique consiste à commander un vidéo projecteur sur Amazon, mais Victor est surtout amoureux fou du cinéma et de son cinéma le Dacia.

C’est le dernier cinéma de Piatra Neamt ville importante du nord-est de la Roumanie et un des derniers cinémas du pays. Avec ses deux assistantes enthousiastes et maternelles qui distribuent couvertures et thés brulants aux spectateurs frigorifiés, il fait vivre un espace de liberté, d’histoire et de culture. Victor est un battant, il résiste avec passion et par sa générosité, sa franchise et son amour pour le cinéma il touche au cœur les spectateurs.

Sans Victor,  son cinéma ne survivrait pas. Le cinéma est devenu sa nouvelle maison, et ses deux employées sa nouvelle famille. Belc a tellement été touché par Victor qu’il décide de concentrer le film sur son histoire, plutôt que sur celle des cinémas qu’il a visités. En racontant l’histoire de Victor, il parle de tous les cinémas de Roumanie.

Dans " Cinéma, mon amour", on y voit comment, en Roumanie,  les cinémas appartiennent à l’Etat :   Les cinémas sont toujours propriété de l’Etat, il n’y a pas de cinémas privés. Certes,  le public continue envers et contre tout d’aller au cinéma mais  selon le cinéaste " il a besoin de bonnes conditions de projections, de confiserie et de sièges confortables. » sinon  les spectateurs risquent de perdre le chemin des salles ...

Heureusement qu'il  reste donc des doux dingues passionnés comme Victor.....

Alexandre Belc, assistant réalisateur de Christian Mungiu, nous livre le beau portrait d’un homme formidable et un état des lieus sans fard de la Roumanie d’aujourd’hui. 

 

D'une tonalité plutôt sombre, le film - désolé pour le spoil- se termine par un entretien avec la ministre de la culture qui espère pouvoir donner plus d’argent à l’industrie cinématographique grâce au retentissement des films Roumains à l’étranger., ceux de Christian Mingiu notamment ..

  Aujourd’hui, l’Etat essaie visiblement de changer les lois et le monde politique réfléchit à ces problèmes. Une lueur d'espoir en final d'un film plutôt sombre,  qui fait forcément du bien..

Un moment de vie nostalgique et mélancolique et pourtant plein d’espoir, à l'image de la très belle affiche du film signée par le génial et célèbre illustrateur italien Federico Babina.