A partir de ce soir, le festival de Cannes fête sa 70ème édition : èvénement artistique et médiatique d’envergure internationale, le festival de Cannes, contrairement à ce qu'on pourrait penser si l'on suit uniquement sa couverture médiatique, ce n'est pas que les stars et les paillettes.
Sorti dans quelques salles ce mercredi, en même temps que l'ouverture du festival, le documentaire d'Olivier Servais Le goût du tapis rouge rappelle cette belle évidence en nous montrant pendant une heure trente, à quel point l’événement culturel le plus important du monde attire autant, sinon bien plus, d'anonymes que de célébrités et que les personnes qui sont autour des marches sont bien plus nombreuses que ceux qui les montent.
Le long métrage met en avant toutes ces personnes sans qui le festival n'existerait pas : ces gens "ordinaires," présents à Cannes pour différentes raisons: badauds, fans, artistes de rue,vendeurs à la sauvette, mannequins, cinéphiles, travailleurs ou sans-abri, agents de sécurité, hôtesses d’accueil, policiers, serveurs, vendeuses…
Un documentaire qui nous montre les à cotés du festival, et qui nous invite à dévier légèrement le regard, sur ce qu'on voit habituellement.
Le documentariste s’est infiltré presque partout, afin de filmer ces "invisibles" de la croisette, ceux que les caméras de télévision ne filment presque jamais.
Olivier Servais leur offre ainsi une belle mise en lumière, qui nous parait certes parfois un peu trop superficielle (certains entretiens mériteraient d'être développés mais qui a néanmoins le mérite d'exister.
On voit à quel point tous ces gens, des plus discrets aux plus extravertis, possèdent une bonne raison de tenter de se faire une petite place dans la frénésie de la Croisette pour parvenir à se frayer un chemin pas forcément en haut des marches, mais au moins pas trop loin du tapis rouge.
Si Le film propose une approche sociologique forcément intéressante, il présente un grand défaut pour un cinéphile, celui de ne pas donner particulièrement envie d'aller à Cannes...
En effet, l'impression de bordel généralisé et de" foire à l'empoigne" qui se dégage du documentaire est indéniable : la Croisette semble un lieu de foutoir permanent, où tout le monde ou presque semble se prendre pour le roi du monde, et tout cela ne fait que confirmer l'idée que j'ai parfois que, passé les films et le palmarès, tout ce que Cannes véhicule est plus fatiguant et irritant que stimulant...
On peste parfois en voyant la présence de " personnalités " qui n'ont aucun rapport avec le cinéma ( Les Frères Bogdanov pour ne citer qu'eux) et contre cette propension à abuser de selfies, un excès qui vire au ridicule et qui nous fait sentir un peu solidaire d'un Thierry Frémaux qui a vaguement tenté de les interdire il y a quelques années dans un combat très "Don Quichottien"...
Mais bon, pile poil le jour de l'ouverture de ce grand événément, ne jouons pas les aigris et ne gachons pas le plaisir de ceux que le plus grand festival du monde fait rêver dans sa globalité...
A la vision de ce documentaire d'Olivier Servais, ceux ci sont légions et ne semblent pas prêts de s'émousser...