Bon pour le moment, les films du festival que ceux qui n'ont pas eu la chance d'aller sur la croisette ( soient 99,9% des français, une évidence qu'on peut rappeller lorsqu'on voit ma TL pendant ma quinzaine) pouvaient aller voir en même temps que les autres ne sont pas terriblement excitants et ne font que décevoir.
On a déjà parlé du dernier Desplechin qui frise largement l'autocomplaisance et la masturbation intellectuelle, on va prochainement parler du déroutant Amant Double d'Ozon, mais avant cela, le second film cannois à sortir chronologiquement dans les salles de cinéma, fut le Rodin de Doillon, présenté en sélection officielle - à la grande surprise de certains notamment de la presse internationale qui ne l'a pas ménagé-...
Personnellement je n'étais pas sur Lyon lors de sa sortie et j'avoue que le film me tentait moyennement, donc j'ai laissé Michel aller vérifier si ce Rodin méritait ou non la sélection officielle, et malheureusement pas sur que son verdict soit des plus cléments..
Il parait que Rodin est un long métrage qui est survenu presque par accident dans la filmographie de Jacques Doillon.
En effet , ce dernier, à 70 ans passés, pensait à l'origine réaliser un documentaire de commande sur Auguste Rodin, mais assez rapidement il a capté la matière cinématographique de son sujet.
Hélas, pas certain qu'il a eu le nez creux sur ce plan là car le potentiel cinématographique du film ne saute pas aux yeux durant les deux heures de fils.
Le Rodin de Doillon pourra en laisser pas mal sur le bas côté, sans doute par la faute d'un véritable manque de colonne vertébrale scénaristique, Doillon parvient certes à capter quelques belles scénes à la volée, mais hélas sans vraiment réussir à les relier les unes aux autres.
Avec ce long métrage qu'un journaliste italien aurait qualifié à Cannes de "cinéma de vieux", Doillon se positionne bien loin de la passion hystérique de ses débuts- ses films avec Béatrice Dalle ou Isabelle Hupert dont je n'étais pas forcément client non plus, mais qui au moins ne manquait pas de vie.
Jacques Doillon est désormais un réalisateur qui aime filmer des plans lents et contemplatifs, mais également et hélas filme ses personnages sans passion, et malgré une mise en scène épurée et sans fioritures son Rodin possède un petit côté téléfilm de France 3 qui n'évite pas le didactisme et la lourdeur, et qui à force d'insister sur le coté documentaire, entrave le potentiel romanesque de son récit.
Le long métrage commence par un long et formidable plan séquence d’ouverture où l' on voit Rodin et Claudel au travail, une dizaine de minutes fluide pour découvrir l’atelier d’un sculpteur de génie., mais hélas le film ni'ira pas plus loin et ne porte pas en lui de véritable réflexion sur l’art , comme on aurait pu l'escompter.
Le reste du film est malheureusement une succession de scènes à faire : Rodin qui sculpte, Rodin qui doute, qui grommèle, qui peste contre le monde entier, Rodin qui joue, qui humilie, Rodin qui baise...j'en passe et d'autres...
Vincent Lindon est entré dans ce projet comme une évidence, en colosse plein de colères et de doutes, matière bien vivante d'un film qui en manque un peu. Alors certes, Lindon est parfait mais lui aussi il n'échappe pas tout à fait à l'image de l'acteur qu'on voit jouer..
A force de voir Rodin au travail , on a l'impression aussi de voir Lindon au travail, et ce procédé empêche totalement d'adhérer à sa performance, qui est sans doute sa moins passionnante de ces derniers rôles au cinéma, lui qui a pris une toute autre ampleur depuis son prix d'inteprétation cannois d'il y a deux ans( on peut même se demander si ce n'est pas la présence de Lindon qui a imposé la sélection du film en compétition).

Par contre dans le rôle d'une Camille Claudel, hélas un peu trop réduite au rang de simple amoureuse, Izia Higelin est lumineuse et juste, sa Camille Claudel fait oublier sans problème le jeu un peu hystérique d’Adjani dans le film éponyme.. Petite parenthèse : Eponyme n’est pas le titre du film, évidemment pour les jeunes lecteurs qui ne l'ont pas vus ou les plus anciens, qui ont oublié le film de Bruno Nuytten ce Camille Claudel, qui a quand même un peu mal viielli...
Bref, la reconstitution est belle mais vraiment austère il faut bien le dire, et si le film nous donne envie de courir visiter le musée Rodin on s’ennuie un peu avec Doillon....
On aura donc aisément compris en le voyant pourquoi le jury et la presse étrangère soient complètement passée à coté de ce film qui ne laissera pas une trace impérissable dans l'histoire du Festival de Cannes ...