Baz'art  : Des films, des livres...
7 juillet 2017

Littérature étrangère : cinq lectures idéales pour l'été

  Dernier jour de vacances scolaires et premier gros jour de départ en vacances : l'occasion idéale de cloturer la semaine et de se faire un petit vendredi lecture spécial littérature étrangère. de livres tous sortis en 2017.

Et dans notre valise estivale, on vous propose d' emporter un roman sarde, un polar hollandais, une chronique espagnole et deux romans américains, ca vous va comme cela?

 

1.Leçons pour un jeune fauve, Michela Murgia ( Seuil Editions)

lecons

" Quand il se rendit compte que ce monsieur barbu et aimable dont il avait ignoré de manière systématique les approches, étaient probablement la seule personne présente qui eut le pouvoir de favoriser sa carrière de violoniste, Chiru s'empourpra.

La conversation ne se prolongea pas assez pour lui permettre de remédier à son erreur. Savero et Martin prirent congé de nous pour aller diner dehors, et je demeurais en tête à tête avec mon éléve en proie à une agitation totale . Je n'arrive pas à le croire, j'ai pris le directeur d'opéra pour un couillon quelconque!"

Marchant sur les pas de Milena Agus,  Michela Murgia confirme la vitalité de la littérature sarde avec son nouveau roman «Leçon pour un jeune fauve»

Avec cette histoire d'une artiste qui se proclame mentor de vie ou pygmalion pour de jeunes artistes en devenir, on pense à Bette Davis dans "All about eve" pour le coté éducation sentimentale et artistique. 

Une relation entre la mentor et son élève entre  ambiguité et complexité et ses  lecons notamment (vestimentaires, de langage...)  sont plus tortueuses qu'elles ne semblaient l'être de prime abord : si la comédienne  se reconnait en ce jeune pygmalion, l'enseignement et la transmission dans une relation de mere/maitresse  vont donner  lieu à des rapports de manipulation de de soumission qui pourraient parfaitement changer au fil du temps.

Une chronique aussi féroce que prenante, dans laquelle on ressent aussi fortement le grand attachement de l'auteur pour sa terre sarde, pleine d' apreté et de vitalité en même temps.. Une bien belle histoire, singulière et poignante..

 2. Le combat de l'ombre Walter Lucius ( Editions du Masque)

combatombre "Elle se remémora le soir où elle s'était tenue à la fenêtre de son appartement dans le centre d'Amsterdam, la veille de son départ pour Moscou.Elle avait eu la désagréable impression de regarder la grande place pour la dernière fois. La vue sur le port confirmait cette impression."

 Second  tome d'une trilogie neerlandaise qu'on avait bien aimé,   le combat de l'ombre est en fait la suite Tome 2 du "papillon dans la tempete", sorti l'an passé.

Rassurez vous, nul  besoin d'avoir lu le 1er tome , vu que tous les faits du premier tome y sont rappellés dés le début du second roman, un peu comme on le fait pour la saison deux d'une série ( le fameux préviously in vo)

Ici, on aura donc affaire à une histoire de  gamin afghan qui a servi d'objet sexuel renversé, un premier ministre suspecté, des cadavres calcinés, un médecin assassiné, une journaliste hollandaise désireuse d'aller au bout  de l'enquete et de démasquer des coupables aussi puissants soient ils dans la société, on y retrouve tous éléments d'un thriller haletant.

Ancré dans le réel- pas mal de références à des faits d'actualités qui ont defrayé la chronique, le président Russe Potanin veut par exemple conquérir la Tchétchénie , des étudiants russes sont détenus en otages par des tchétchenes musulmans, la journaliste néerlandaise obligée de se déclarer journaliste

Jusqu'au bout du livre, l'on se demandera comment les coupables seront démasqués et inculpés à et à ce niveau là, la fin de nous dévoit pas..au niveau de la littérature en revanche, c'est une autre affaire, mais bon on a dit lectures d'été, non?

  3 D’un feu sans flammes ;   Greg Hrbeck ( Phébus)              

               HRBEK_Jaquette" Tu n'avais jamais frappé personne.Pas au visage, un jour au camp, pris d'une fureur mélée de panique, tu avais donné à Hazem un coup de poing à l'estomac et quand ton ami est tombé à genoux, tu l'avais roué de coups de pieds dans le bras et la cage thoracique. Tout ca parce qu'il avait terminé tout seul - en violation du pacte que vous avez passé tous les trois- ce qui restait d'opium."

Pas forcément la lecture idéale pour les plages que ce roman post-apocalyptique d' extrême sobriété, qui nous interroge sur le fanatisme musulman aux USA, mais un roman d'une densité et d'une intelligence remarquable écrit par Greg Hrbeck qui a mis  quinze ans après un premier roman remarqué "La Chute du zeppelin à la nuit tombée" à écrire son second d'une ambition folle sur un sujet forcément sulfureux.

A travers cette    uchro­nie , qui nous plonge  quelques années après un ter­rible atten­tat qui s'est déroulé un 11-Août à San Fran­cisco, commis des inté­gristes musul­mans, nous parle de sujets qui sont le lots des sociétés occidentales contemporaines qui ont vécu une vague d'attentats sans précédents ces dernières années et surtout de ses conséquences sur les populations stigmatisées.

En imaginant la vie de Dorian, onze ans, bouleversée quand Karim, jeune orphelin musulman, est adopté par son étrange voisin d’en face.

Entre racisme, communautarisme, repli sur soi, nationalisme, difficulté d'intégration, l'Amérique de Greg Hreck ne  nous est malheureusement pas inconnue, et elle est  forcément passionnante à mettre en perspective avec celle de Trump, d'autant plus que le livre a été écrit un peu avant.

Même si on peut se sentir un peu perdu dans une narration parfois complexe et dont les liens ont parfois du mal à se nouer, Greg Hrbek  nous livre un récit d'après la catastrophe maitrisé, à la fois intime et spectaculaire, à lire pour en débattre ensuite.

  • 4.La chair; Rosa Montero ( édition Metailie)

« Soledad n’avait jamais vécu avec personne. Quand elle l’avait voulu, elle n’avait pas pu, et ensuite elle n’avait pas voulu. Elle avait eu, par contre beaucoup d’amants. Mieux valait la distance. Mieux valait le contrôle. Que la passion brule cernée par un coupe-feu. Elle avait le béguin facile. Plutôt instantané. Voire foudroyant. Elle avait besoin d’être amoureuse. Elle aimait l’amour comme disait saint Augustin. »

Soledad est une belle femme, vive, active, une profession enviable dans le milieu littéraire madrilène. Mais Soledad vient de fêter ses soixante ans et son  amant la quitte pour faire un enfant à sa jeune épouse. Soledad devient une femme seule et effrayée par ce vide qui l’attend.

Alors pour une soirée à l’Opéra, pour être vu de tout Madrid, Soledad loue les services d’un Escort-boy, vous savez ces jeunes hommes que l’on appelait gigolo au siècle dernier. Cupidon et son aiguillon peut-il transpercer le cœur d’une sexagénaire et d’un trentenaire, ou les dés sont-ils déjà pipés et le jeu forcément dangereux ?

Comme disait Mallarmé : «  La chair et triste hélas et j’ai lu tous les livres ».L’histoire de Soledad sera donc une triste histoire, en bonne romancière Rosa Montero s’attache à ses personnages, cette femme seule qui a passé sa vie à compenser un manque d’amour et une absence va rencontrer son alter égo masculin, mais est-il encore temps ?

Roman sur le temps qui passe, sur le bilan d’une vie, mais aussi drame romantique et littéraire  à suspens, nous rencontrerons brièvement Philippe K Dick, Williams Burroughs, Guy de Maupassant, Anne Perry, Thomas Mann, une mystérieuse Josefina Aznarez et une journaliste branchée devenue romancière nommée Rosa Montero qui énerve  beaucoup cette pauvre Soledad. Jubilatoire mise en abime « La chair » est aussi un roman lucide, cruel et ironique.

  5. Mets le feu et tire toi, James Mc Bride  ( Gallmeister)

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 ". Même ma mère était impressionnée. — Vous voyez ? a-t-elle lancé. Écoutez bien James Brown. N’arrêtez pas l’école ! Mais qui se souciait de ce qu’elle disait? Ce qui comptait, c’était que James Brown lui-même l’avait dit! L’étoile de Dotty s’est mise à grimper dans le ciel de notre famille. Elle avait toujours été une fan inconditionnelle de James Brown, mais dans une famille de douze enfants où la nourriture n’était guère abondante et les marques d’attention encore moins, où avoir le dernier 45 tours de James Brown était comme posséder le saint Graal, Dotty est passée du rang de sous-fifre à celui de personnage de premier plan – une sorte d’ambassadrice au royaume des célébrités, un élu de la tribu, un tueur à gages, un membre à part entière de la mafia. En d’autres termes, une Grande, avec un statut trois étoiles"

Pour le dernier livre de notre sélection littérature étrangère,  on vous réserve un petit anachronisme, car ce n'est pas vraiment un roman qu'on a eu envie de mettre en avant, d'autant plus que ce livre  aurait pu  largement figurer dans notre dernier panorama d'ouvrages sur les musiciens,.

Il faut dire que   « Mets-le feu et tire-toi ! » écrit par un immense romancier afro américain, dont le talent fut reconnu sur le tard ( il est titulaire  du National Book Award 2013 pour son roman L’Oiseau du bon Dieu) s'interesse à une à une figure incontournable de la scène musicale américaine, à savoir James Brown.le roi de la soul, l'icône de l'Amérique noire.

Elle est énormément romancée, certes,  l'histoire de « Mister Dynamite  et Mac Bride d'ailleurs en exergue de son livre ne pas chercher pas la vérité juste tenter de percer quelques mystères d'un homme qui échappait à toute tentative de description .

A travers une passionnante enquête biographique  c'est toute l'histoire des noirs d'Amérique. que  Mets le feu et tire-toi tente de raconter

Ce qui est génial c'est que jamais, Mac Bride ne cherche l'hagioggraphie : son James Brown parait mégalo, opportuniste, calculateur et toujours obsédé par le business et faire de l'argent mais  l'histoire de ce noir né dans une petite ville misérable de Caroline du sud qui va devenir cette star internationale renommée tord le le coup aux idées préconcues sur l'auteur de Sex Machine.

En partant sur les traces d’une icône de la musique américaine., Mac Bride offre un tableau magistral de Mr  Brown dans toute sa complexité et n'oublie pas de nous parler d'une Amérique aussi fascinante que méprisable.

 

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