Macadam Popcorn: les salles d'art et d'essai françaises ne sentent pas le Sapin...
Avec son air de ne pas y toucher, Mathieu Sapin est tellement présent médiatiquement en ce printemps 2016 qu'il va devenir une vraie star, si ce n'est pas déjà fait.
Après son incroyable BD sur Gérard Depardieu qu'il est venu défendre la semaine dernière sur Lyon au salon Lyon BD, le voilà encore sur Lyon depuis plusieurs jours , avec ce soir une projection au Comoedia d'un film dans lequel il occupe une place prépondérante," Macadam Popcorn" de Jean-Pierre Pozzi, un documentaire qui sort d'ailleurs en salles mercredi prochain.
Spécialistes des reportages dessinés qui relaie relayant, avec ses yeux de néophyte, et une candeur quelquefois un peu feinte, un milieu qu'il connait mal comme il y a quelques années avec la rédaction d'un grand quotiodien, Mathieu Sapin prend comme point de départ du film une bande-dessinée qu'il veut réaliser sur le sujet des salles d'art et d'essai en France.
Mathieu va ainsi prendre la route en compagnie d'un acolyte, Gaby, réjouissant personnage assez lunaire et peu passionné par le monde du cinéma, afin de découvrir les personnes qui se cachent derrière les centaines de salles de cinéma, partout en France. Les voilà parti pour un road movie de 1800 km qui parcourt différents départements français ; de Florac à Uzès, Tremblay-en-France, Le Havre, à la rencontre d’artisans du cinéma, comme ces exploitants préfèrent qu'on les appelle.
Au cours de ce périple qui alterne différents témoignages d'exploitants symboliques qui parlent de lieux de rencontres, de culture, du numérique ou encore de la programmation des salles, Mathieu sillonne les routes de France et en profite pour laisser libre cours à sa si fertile imagination…
On découvre avec lui les rouages d'une activité finalement peu connue, dans laquelle l’exploitant négocie l’obtention de films (nouveautés ou adaptations) avec les distributeurs.
Une façon à la fois ludique et amusante de prolonger le voyage et la réflexion sur le cinéma et les exploitants, sous la forme d’un docu-fiction littéraire mis en images.
Accompagnée de quelques - mais pas assez nombreux à mon goût- croquis de Sapin, le film de Pozzi aborde avec humour et lucidité les enjeux modernes des salles de cinéma, mais aussi l’amour de la pellicule, les souvenirs en salle et les projets d’avenir avec ces artisans d’un peu partout en France, dont le Languedoc-Roussillon.
Pour cet état des lieux des salles d'art et d'essais, l'idée de prendre Mathieu Sapin comme fil conducteur entre les salles est une belle idée d'autant plus que ce dernier reprend un peu le même personnage qu'il utilise dans ces reportages dessinés, un être faussement candide, qui parvient facilement à faire accoucher, mine de rien, pas mal de confidences de la part de ses interlocuteurs.
Et malgré les problématiques économiques que le film n'élude pas (coût des changements d’équipement, compétition féroce avec les géants de salle comme Gaumont et les plateformes web de visionnement en ligne comme Netflix, et surtout révolution avec le numérique qui a totalement bouleversé le travail des exploitants, pas toujours comme il aurait aimé), le film évite le piège du passéisme et de l'inventaire pessimiste.
Ce qui est certain c'est que le film de Pozzi est bien plus optimiste qu'un recent documentaire consacré aussi aux salles de cinéma, à savoir le Cinema mon amour d’Alexandru Belc sur la situation des salles en Roumanie, et dont la comparaison avec ce Macadam Popcorn est particulièrement favorable à la situation française.
Si, en plus on a la surprise, pour les lyonnais , de découvrir que parmi les exploitants de quatorze cinémas se trouve le CinéDuchère à Lyon ( ce cher cinéma qui nous avait récemment invité pour qu'on y vienne présenter un film) nous ne pouvons que nous féliciter l'existence de ce film et conseiller à tous les lyonnais d'asisster à la projection de ce soir au Comoedia et aux autres d'aller dès mercredi en cinéma voir ce documentaire aussi instructif que sympathique.