Svava se mit à sourire : « vous êtes tellement sérieux, dit-elle. Un si jeune homme. Je me demande pourquoi… ? Qu’est-ce qui vous pousse à faire ça ? » Erlandur garda le silence. Pourquoi le faisait-il ? Pourquoi ne pouvait-il oublier cette histoire ? Pourquoi devait-il  rouvrir d’anciennes blessures et s’emplir le cœur de douleur et de deuil ? «  C’est à cause de votre regard triste ? » poursuivit-elle. «  Quelqu’un vous a déjà dit que vous avez de beaux yeux ? »

 Reykjavick 1980, le jeune inspecteur Erlendur Sveinson fait équipe avec Marion Briem, commissaire à la criminelle. Un cadavre est découvert dans un lagon, un homme d’une trentaine d’années qui travaillait à la base américaine voisine. Enquête plutôt compliquée car la grande muette n’aime pas que les islandais se mêlent de ses affaires.

Parallèlement à cette affaire, Erlendur déjà passionné par les disparitions inexpliquées, s’intéresse  au cas d’une jeune fille qui, il y a vingt-cinq ans, s’est volatilisée entre la maison familiale et son lycée. Erlandur prend toutes ces affaires avec cœur et empathie, mais le jeune trentenaire a déjà bien du souci, fraichement divorcé, il s’arrête parfois près de l’école maternelle et regarde sa fille jouer derrière la grille.

Sacré Arnaldur ! Grâce à Erlendur,  ce formidable personnage, le romancier n’en finit pas de raconter au monde son pays qu’il aime tant. De romans en romans, il se penche sur l’histoire sociale et géopolitique de l’Islande et son regard est intelligent et passionné. Dans « Le lagon noir » Indridason raconte la difficile cohabitation des bases américaines sur le sol islandais.

Présence lourde, en pleine guerre froide, l’Islande et le Groenland sont des endroits stratégiques fondamentaux, le géant Soviétique est si près. Entre Simenon et John Le Carre, le romancier, en fin gourmet, n’oublie pas de nous décrire quelques plats typiquement islandais dont je vous laisse la surprise.

A ce propos, quoi de mieux que de citer Nietzsche : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » et vu ce que mange les islandais, la sélection naturelle en a fait de sacrés gaillards, non?