La région sauvage: un film perturbant mais fascinant...
LA REGION SAUVAGE de Amat Escalante est sorti mercredi dernier, et constitue assurément, de par son sujet, et son traitement pour le moins singulier un des grands films de cet été qui fait réfléchir et réagir.
Lors de notre chronique de son précédent film, Heli experience assez éprouvante à vivre au cinéma, j'expliquais qu' 'Amat Escalante (réalisateur entre autres de Los Bastardos en 2008), jeune cinéaste de même pas 40 ans, était de la même mouvance d'un certain cinéma mexicain, dont le chef de film est Carlos Reygadas, un cinéma qui se propose de nous raconter la société mexicaine, et plus particulièrement sa jeunesse, de manière la plus crue et la moins glamour possible, avec des longs plans fixes, contemplatifs, à l'inverse d'un cinéma clinquant de Tarantino ou Scorsese.
Pour son dernier film, "La région sauvage", auréolé du Lion d'argent à Venise en 2016 i Escalante traite toujours de la violence et de la brutalité et la difficulté de s'en défaire, et continue de porter un regard aiguisé et apre sur la société mexicaine en abordant les questions des interdits, du désir et du refoulement.
Le cinéaste mexicain le fait à travers une pertinente exploration de l'inconscient qui se matérialise de façon assez étonnante, empruntant les rives du fantastique et même de l'horreur
Contrairement à ses précédents film,"La Région sauvage" livre une oeuvre toujours sombre et perturbante, mais sans doute plus apaisée, en abandonnant le naturalisme oppressant et en abordant les rives du genre du cinéma fantastique à travers un monstre qui fait pas mal penser à celui des films de Cronenberg ou ceux du Possession de Żuławski auquel on pense beaucoup.
Si le film laisse à la fin quelques zones d'ombres et théorise sans doute un peu trop son discours, le film nous montre parfaitement à quel point la sexualité dans son ensemble vampirise la société dans son ensemble qui n'a pas le courage d'affronter le reflet de ses propres désirs et tentattions.
Les pulsions, qu'elles soient hétérosuelles ou homosexuelles sont traitées frontalement, à bas-le-corps par Escalante, et cette approche pourra évidemment choquer les plus sensibles (même au sein de la rédaction de baz'art), mais ne laissera pas indifférent et est à saluer pour son audace et ses images perturbantes qui impriment durablement la rétine.
Avec cette œuvre à la fois esthétique et hypnotique, qui use des effets spéciaux à bon escient, pour mieux provoquer un efficace effet de répulsion-fascination, Escalante propose une approche poétique, surréaliste, peuplée de visions perturbantes qui asseoit définitivement son statut de cinéaste passionnant à suivre.