Revue DVD sorties août 2017 : De l'autre coté de l'espoir, Noces, Brimstone, Les fleurs bleues, Les derniers parisiens

23 août 2017

Revue DVD sorties août 2017 : De l'autre coté de l'espoir, Noces, Brimstone, Les fleurs bleues, Les derniers parisiens

Aucune trève estivale dans les sorties DVD du mois d'août qui sont aussi variées qu'interessantes..la preuve en 5 DVD sortis récemment ou sur le point de sortir :

1. NOCES, Stephen Streker ( Jour 2 fête sortie le 16/08)

On parle beaucoup de Noces" du cinéaste belge Stephen STREKER depuis qu'il a été doublement primé au Festival du Film Francophone d’Angoulême (France). Lina El Arabi a reçu le Valois de la meilleure actrice et Sébastien Houbani a reçu celui du meilleur acteur.

Il faut dire que "Noces" traite d'un sujet douloureux et intime avec beaucoup intelligence et humanité, qui s’inscrit parfaitement dans le débat actuel sur le pluriculturalisme et le concept d’”unité dans la diversité” qui divise d’Europe.

Stephen STREKER, pour son 3ème long-métrage après Michael Blanco (2004) et Le Monde nous appartient (2014) s’inspire de faits réels datant de 2007 pour cette tragédie grecque se déroulant dans la communauté pakistanaise et présente des enjeux moraux sans manichéisme pour un long métrage poignant .

Il aborde différentes thématiques essentielles comme le choc des cultures, le respect des traditions, les apparences à sauver vis-à-vis de la communauté sur place et encore plus au Pakistan, la honte et le déshonneur familiaux, soient autant de pièces du puzzle qui vont s’assembler vers l’inexorable…

NOCES met superbement en évidence, sans didactisme aucun, le paradoxe de la religion face à certaines situations irréconciliables.

Lina El Arabi ( abonnés aux roles durs, car elle a notamment joué dans téléfilm sur la radicalisation Ne m'abandonne pas de Xavier Durringer) est formidable dans ce rôle d'une jeune fille libre dans ses choix existentiels et sentimentaux., son regard plein d'intensité et de determination et sa vitalité vibrante d'émotion imprime durablement l'écran et devrait largement continuer à inspirer d'autres cinéastes et dans le rôle de son frère, Sébastien Houbani ( à l'affiche aussi de Paris la Blanche qui sort aussi ce jour) est ,dans un rôle plus effacé , assez épatant également .

Avant d’être un film sur la religion, Noces aborde de très jolie façon la question du respect des traditions et du multiculturalisme, sans jamais porter de jugement sur ses personnages.

Le scénario réussit la prouesse de faire preuve d’empathie pour chacun des personnages, face à une injustice qui dure depuis des siècles ( même si la technologie s'en mêle avec des prétendants choisis sur internet) et qui est finalement plus complexe qu'attendue dans laquel se mêle le respect des traditions, les apparences à sauver vis-à-vis de sa propre communauté..

D'autres thèmes y sont finement abordées , tels que l'insertion culturelle ou la tenacité d'une amitié ( avec un Olivier Gourmet en père de la meilleure amie de l'héroine qui met tout le monde d'accord en juste deux scènes) .

Avec un dénouement qui fonce inexorablement vers la tragédie, ce Noces, vibrant et intelligent laisse comme un coup de poing dans l'estomac qu'il ne faut assurément pas laisser passer, un des bons films francophones de ce début d'année qui va en compter encore quelques autres..

Bonus : Passionnante interview du réalisateur par François Forestier dans lequel le cinéaste belgique insiste sur les enjeux moraux forts du film qu'il voit comme une tragédie grecque avec une forte dimension sacrée, à travers cette jeune fille écartelée entre son désir de liberté et son amour pour sa famille

2 A ne pas rater non plus la sortie de "l’autre coté de l’espoir “ en DVD (également depuis le 22 août chez Dipahana) un film chaleureux drôle et touchant comme tous les films de Kaurismäki.

C'est un cinéaste en marge qui possède un univers bien à lui, avec Khaleb le réfugié syrien aux yeux tristes, nous allons à la rencontre de la société finlandaise, une majorité silencieuse solidaire avec l’autre.

Khaleb dans son aventure va rencontré la violence et le mépris mais aussi des gens bien et c’est cela qui intéresse Kaurismaki.

Drôle et grave, des plan très construits, une photo et une lumière étonnante pas de doute nous sommes chez un grand. Après avoir vu “De l’autre coté de l’espoir” il ne vous reste plus qu’à découvrir: J’ai engagé un tueur,La fille aux allumettes, Au loin s’en vont les nuages, L’homme sans passé, Le Havre., que des sans faute..

Les fantômes bienveillants de Chaplin,Bresson, Tati, Truffaut...planent assurément sur cette jolie fable.

Aki Kaurismaki, au sommet de son art, renoue avec ce comique désespéré qui fait de lui le digne héritier de Charlie Chaplin.sur l’œuvre du cinéaste que l ‘on pourrait qualifier d’Almodovar Finlandais..

Vous trouvez que le grand écart européen est cavalier? c'est que vous ne connaissez pas encore Kaurismaki, bienheureux que vous êtes!!

- http://www.cinetrafic.fr/film-2017
- http://www.cinetrafic.fr/top-film

3. Autre curiosité à voir : Le film BRIMSTONE.- sortie en Blu-Ray, DVD et VOD le 23 août 2017- est un western épique de Martin Koolhoven qui dépeint la face sombre du mythe de l'Ouest américain.

Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle.Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille.

Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…

Martin Koolhoven souhaitait réaliser un western d'un point de vue féminin, aspect que peu de films de ce genre ont exploité et notamment la terrible condition des femmes à l'époque du grand Ouest américain, sans droit, sans liberté.

Si le scénario de vengeance est somme tout assez classique, le découpage du film qui mélange les points de vue et les époques est fondatalement intéressant à plusieurs niveaux de lecture , et ce western peu conventionnel violent, notamment psychologiquement.

Dommage que le film souffre d'un certain manichéisme m'a semblé excessif: Guy Pearce en méchant en fait un peu beaucoup, mais il n'en demeure pas moins original et captivant..

4.Passons désormais sur Les Derniers Parisiens (en DVD chez Blaout depuis le 5 aout ) qui est le premier long métrage réalisé par Hamé et Ekoué du groupe de rap bien connu de La Rumeur.

Une oeuvre mélancolique et habitée qui a pour décor central le quartier de Pigalle, pas le Pigalle d'aujourd'hui un peu standardisé, mais le Pigalle très empreint des années 90/ 2000 qui n’existe plus vraiment, celui qui a vu Hamé et réincarné le temps d’un film pas toujours très abouti et un peu confus, mais au charme certain..

Voyous, flics, accros et fêtards, tous trempent dans le milieu interlope de Pigalle, réputé pour ses nuits agitées et ses nombreux vices. Le nouveau film du groupe de rap La Rumeur (fondé par Hamé et Ékoué) nous entraîne dans ses coulisses, inaccessibles aux non-initiés, où chacun se rêve en haut de l’affiche. Reda Kateb (Hippocrate), Slimane Dazi (Un Prophète) et Mélanie Laurent (Le Concert) incarnent avec brio ces « derniers Parisiens » dans un Pigalle électrique.

Pigalle vu par la Rumeur, c'est celle d'un quartier qui a du mal à faire avec l'obligation de s'adapter aux évolutions et aux conséquences de la gentrification., un quartier dans lequel les commerces de proximité cèdent la place aux grandes chaînes présentes dans tous les centres-villes, pour une plongée filmée à hauteur d'hommes, à ras du bitume qui respire incontestablement l’authenticité et le vécu.

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Hamé et Ekoué filmant caméra à l'épaule leur Pigalle, ca a quand même de la gueule, dommage que le filme ne soit pas convaincant à 100% ...

On regrettera le fait que l'intrigue policière s'embrique assez mal avec cette belle démabulation nostalgique dans un quartier qui n'existe plus et que malgré ce beau sujet- une guerre fraticide entre deux frères totalement opposés, joliment incarnés par Reda Kateb et Slimane Dazi, l'intérêt du spectateur s'évapore un peu, l'intrigue paraissant un peu confuse et pas toujours passionnante, sur fond de soirées privées et d'escroqueries à la petite semaine.

Dommage car ce film hip hop (sans aucun titre de rap dans la bande sonore, autre singularité de la démarche des deux réalisateurs ) intrigue et charme par son naturalisme poétique et urbain et son regard plein d'authenticité et de mélancolie sur ce peuple et ce quartier qui a du mal à se faire à un changement de monde et de codes.

5. Les heures bleues- KMBO ( sortie le 16 août )

Lors de sa sortie en salle le 22 février 2017 du film Les Fleurs Bleues d’Andrzej Wajda on avait dit tout le bien qu'on pensait de l’ultime oeuvre d’un des maîtres du cinéma polonais (et mondial).

Wajda suit les dernières années de la vie de Władysław Strzemiński , peintre polonais renommé de la première moitié du XXe siècle, peintre d'avant-garde et théoricien de l'art, Wladyslaw Strzeminski, en lutte contre le pouvoir stalinien.

Les Fleurs bleues peut etre vu comme une sorte de testament d'une oeuvre prothéiforme et essentielle dans le cinéma mondial

Le réalisateur polonais Andrzej Wajda est mort en octobre 2016 à l'âge de 90 ans. Wajda, réalisateur de l'Homme de Fer, Palme d'Or à Cannes en 1977, aura toujours tenté de retranscrire la vie et la société polonaise dans son ensemble, en lui conférant une dimension à la fois intime et universelle.

Les Fleurs bleues, à l'affiche depuis mercredi dernier est son tout dernier film, et qui peut etre vu comme une sorte de testament d'une oeuvre prothéiforme et essentielle dans le cinéma mondial.

Wajda s'efforce à suivre les dernières années de la vie de Władysław Strzemiński , peintre polonais renommé de la première moitié du XXe siècle, peintre d'avant-garde et théoricien de l'art, Wladyslaw Strzeminski, en lutte contre le pouvoir stalinien.

Et le film s'attache si justement à traiter de son conflit avec le pouvoir communiste entre 1949 et 1953, tant le peintre s'opposa avec véhémence à l'absurdité intangible du régime stalinien de la Pologne.

Le film aborde donc plusieurs thèmes importants tels que le lien entre l'art et la politique ,la peinture, le communisme,l'idéologie du réalisme-socialiste ( il fait en cela un peu écho au récent Divan de Staline sorti récemment en salles) , le pouvoir, la résistance, de l’intégrité, bref pas mal de thèmes souvent récurrents dans l'oeuvre de Wajda ,et en ce sens constitue un film bilan assez évident, que la mort du cinéaste ne peut que parachever.

Mais qui est Strzeminski, le héros des Fleurs bleues d’Andrzej Wajda ?

Par ailleurs,le dernier long métrage de Wajda est porté par la solide interprétation de Boguslaw Linda, parfait en artiste unijambiste trop dminué pour pouvoir affirmer ses convictions pourtant bien ancrées en lui, face à la terrible machine broyeuse d'une dictature.

Instructif et édifiant pour qui connait mal l'histoire de Władysław Strzemiński, ce biopic, parfois certes un peu froid et sans doute trop classique comparé à d'autres de ses films, reste une oeuvre respectable et vraiment intéressante, qui permet sans aucun doute, pour ceux qui connaissent mal l'oeuvre de Wajda, de donner envie de découvrir sa fillmographie qui comporte quelques grands classiques du cinéma européen.

Pour sa récente sortie en DVD (le 16 Août 2017), KMBO propose un DVD collector passionnant avec notamment un très beau documentaire d’Andrzej Wolski intitulé Wajda, une leçon de cinéma (95 minutes). Dans ce film, Wolski permet à Wadja de livrer une véritable leçon de cinéma en lui faisant commenté des scènes clés de plusieurs de ses films et en les éclaircissant par leur contexte historique et politique.