Le cinéma d' Andreï Zviaguinstev- ce cinéaste au nom si impossible à se rémémorer qu'il m'a fait perdre une ancienne partie de blind test cinéma- je l'ai rattrapé tardivement, non pas avec Le Retour ou Eléna, deux films remarqués dans les grands festivals internationaux, mais avec son précédent film Léviathan , saissisant portrait amer d’une Russie touchée par la corruption et l'absence de pitié des nantis face à ceux qui n’ont pas la parole.
A travers l'histoire de Kolia, qui refuse de laisser sa maison au maire de la ville pour que celui-ci y construise autre chose, "Léviathan" en disait long sur la situation actuelle de son pays et la façon . Andreï Zviaguinstev posait sur son pays un regard cynique et amer sur son pays, gangréné la corruption des politiques, et Leviathan interpellait autant qu'il pouvait rebuter par un coté un peu trop schématique de sa désmontration et un peu trop lent de sa mise en scène.

Des réserves qu'on peut également ressentir à la vision de Faute d'amour son dernier film en date, Prix du jury lors du dernier festival de Cannes (visiblement vu sa réaction lors du palmarès le réalisateur russe s'attendait à plus haut), mais qui reste néanmoins vite modérées par la grande beauté formelle du film et la rigueur implacable d'un récit aussi sombre que glaçant.
Faute d'amour est un long métrage désespéré sur la Russie et l'égocentrisme d'aujourd'hui mais qui évite la complaisance sur un sujet casse gueule de disparition d'enfant ( un écueil que le Mon Garçon de Carrion sorti le même jour sur le meme sujet n'évite malheureusement pas) .
L'enfant y est vu comme un frein aux élans d'un couple qui se délite, un sujet peu aimable, mais pour le moins audacieux et fort. La Russie que nous décrit Andreï Zviaguinstev ne parvient à s'interesser à ses propres enfant, qui n'ont d'autres solutions que de fuir ailleurs.