The square : avec Ruben Östlund,ca tire (ou satire) à tout va
La plupart des cinéphiles ont découvert Ruben Östlund avec son précédent long métrage "Snow Therapy", comédie grincante atypique dans laquelle on pouvait déceler un vrai potentiel et une vraie patte chez ce cinéaste suédois qui en était déjà à son troisième long métrage, mais le premier à sortir en France.
Oeuvre difficile à classer dans un genre particulier "Snow Therapy" oeuvre fort brillante et assez fascinante, ne pouvait en rester à l'état et "The Square" qui présente peu ou prou les mêmes défauts et qualités que "Snow Therapy" a enclenché la vitesse supérieure en récoltant la Palme d’or , le volant au nez et à la bare d'un 120 battements par minute à qui tout le monde le lui promettait.
Si le choix de Pedro Almodovar et à son jury d’accorder la récompense suprême à Ruben Östlund a alimenté les polémiques de mai à octobre, mois de sortie de ce film, The square n'est absolument pas une oeuvre anodine et mineure a le mérite de creuser ce sillon de la singularité et de ne pas donner cette impression de déjà-vu que possèdent une grande majorité de la production actuelle .
Satire pleine d'acidité de notre société culturelle médiatique, technologique,,sur laquelle Ruben Östlund pose un regard acéré et particulièrement grinçant. montrant sans jamais les cacher toutes les compromis et mesquineries de notre société actuelle où les moralisateurs et bien pensants feraient mieux de regarder devant leur portes.
Si le film tourne autour d'une installation dont Ruben Östlund est lui-même l'auteur qui donne son titre au film "The Square"un carré accompagné d'un message altruiste qui relève bien sûr d'une forme d'utopie sociale.
"The square" n'est pas réellement une critique de l'art contemporain, mais plus de la relation assez ambigu et hypocrite qu'on entretien avec un art complexe, et aux malentendus que cette relation entraine. : sont ainsi croqués par le fiel d'Ostlund notre insensibilité à la violence, à notre aptitude au lynchage, nos relations ambigues face à la mendicité, face aux méfaits du marketing, aux dégats causés par les réseaux sociaux, n'en jetez plus la coupe est pleine !
Cela donne lieu à quelques scènes très fortes qui imprimeront longuement la rétine, notamment un happening lors d’un repas mondain avec cette performance à la limite du malaise,de cette homme singe ou encore cette conférence de presse perturbée par un handicap bien génant, mais l'ensemble reste trop confus et long pour conviandre tout à fait.
La répétition des plans-séquences étire les scènes parfois jusqu'à l'ennui et perd un peu le spectateur et le regard toujours au dessus de ses personnages du cinéaste empeche l'empathie et l'émotion de poindre, un peu comme c'était le cas pour le Toni Erdman de Maren Ade, une cinéaste dont Ruben Östlund se sent visiblement proche.
Bref, personnellement on aurait largement donné la palme à " 120 Battements par minutes", car ce sont bien deux conceptions radicelemnt différentes de cinémaqui s'opposent ici l'un incarné et viscéral l'autre cérébral et froid s'opposaient là mais bon jusqu'à preuve du contraire nous ne sommes pas dans le Jury Cannois et une fois encore nous constaterons que depuis trois quatre ans, la Palme ne revient pas forcément au film le plus éblouissant de l'année..