Les gardiennes : le très bel hommage de Xavier Beauvois à ces femmes méconnues de la grande Guerre
"Nord, N'oublie pas que tu vas mourir, Des hommes et des dieux, Le Petit Lieutenant, Selon Mathieu et même son peu aimé et dernier film La Rançon de la gloire : film après film, Xavier Beauvois (qu'on a dernièrement plus vu devant une caméra que derrière, notamment pour Claire Denis ou Guillaume Gallienne) continue de prouver qu'il reste une valeur sure des metteurs en scène qui comptent dans le cinéma français.
Son nouveau long métrage, Les Gardiennes, qui sort au cinéma ce mercredi 6 décembre et qu'on a eu l'occasion de voir en avant première la semaine passée, ne fait que confirmer son statut de chef de file d'un cinéma à la fois acessible et exigeant et en tout cas d'une excellente tenue.
Dans ces gardiennes, adapté d'un roman éponyme écrit dans les années 20 par un certain Ernest Pérochon- qu'on aura un peu oublié malgré un Prix Goncourt 1920 pour un autre roman intitulé Nêne)., on suit ces femmes qui lors de lors la Grande Guerre doivent tenir les fermes pendant que les hommes partent au front.
Aaprès le départ de leurs maris, de leurs fils, de leurs frères vers les tranchées se retrouvent à la tête de leurs fermes ces femmes ont été amenées à faire face, à des décisions importantes et se sont tuées à la tâche,avec l'énergie et les ressources dont elles disposaient. et se mettent vraiment à l'ouvrage pour conserver ce patrimoine agricole si durement acquis et mis en valeur.
Le rôle de ces femmes durant la Première Guerre mondiale a été peu traité au cinéma, et ce n'est pas le moindre des mérites de Xavier Beauvais de le traiter avec autant de justesse naturaliste que de souffle épique qu'il puise dans un roman qu'il a cependant épuré de ses archaismes et de ses maladresses.
Beauvois prend le temps ( le film dure 2h15), de filmer ces femmes et si la première demi heure peut paraitre un peu lente à se mettre en place, elle se justifie totalement sur la durée pour parvenir à comprendre le mécanisme de ces hommes qui partent au front, qui reviennent- ou pas- au fil des permissions et de ces femmes qui les attendent ou pas, et doivent de toute façon faire sans eux..
En usant de quelques travellings sur des gestes de travail à la ferme comme la semence ou de cadrages qui font parfois penser à quelques tableaux connus ( il faut dire que les peintres du début du 20ème siècle prenait souvent la campagne comme décor), la mise en scène de ces gardiennes est d'une maitrise qui laisse souvent pantois.
Dans le rôle de la maîtresse de ferme, Nathalie Baye est vraiment éblouissante de retour en grande forme sous la caméré d'un de ses réalisateurs fétiches , et sa fille Laura Smet qui lui donne la réplique pour la seconde fois après dix pour cent, n'aura rarement été aussi bien dirigée, crédible en fermière malgré un look un peu apreté.
Cependant la vraie révélation du film demeure la jeune Iris Bry découverte lors d’un "casting sauvage" qui éblouit totalement et que Beauvois filme en la magnifiant totalement.. Un vrai rayon de soleil dans un quotidien pas toujours trus rose .
On sent tout au long de ces deux heures quinze de film que Xavier Beauvois qui vit depuis p^lusieurs années à la compagne connaît la terre et le monde rural et lui rend un vibrant hommage - qui vient quelques mois après la sortie du déjà formidable Petit paysan. d'un réalisateur moins expérimenté que Beauvois qui apportait sa fraicheur et sa même connaissance du milieu
Une oeuvre de très grande qualité qui traite avec une grande sobriété et justesse l'agriculture et une communauté prodondément attachée à sauvegarder coûte que coûte la survie d’un idéal.
Assurément un des grands et beaux films de cette fin d’année !!