La surface de réparation : un premier long métrage qui marque plusieurs buts
"La surface de réparation", premier film et un pari vraiment réussi pour Christophe Regin., sorti en salles le 17 janvier dernier est un beau long métrage qui sonde l’univers du football ou plutôt ses satellites.
Le sujet est intéressant, certains personnages sont touchants d’autres irritants, mais dans l’ensemble ce film prend la peine de couvrir un sujet que l’on voit peu dans le cinéma, les coulisses du football.
Christophe Regin, réalisateur et scénariste de son premier long-métrage, était un jeune joueur d’un club proche du Parc des Princes avant de s’intéresser au cinéma et l’on sent bien le vécu. Il y dépeint les revers de l’univers footballistique.
On y voit de jeunes footballeurs en quête de gloire et de succès mais séparés de leur famille durant la période de formation ou qui ne veulent que profiter de leur jeunesse, happés dans leur adolescence au profit d’un rêve de réussite.
Une star du football sur le retour, Djibril interprété par Moussa Mansaly, racheté par le FC Nantes pour une simple raison d’image de marque, il cache de mauvais penchants et représente la schizophrénie entre vie professionnelle cadrée et vie personnelle plus dissolue de ces stars du ballon rond.
Des femmes, dont Salomé interprété par Alice Isaaz, qui gravitent autour de ce beau monde à la recherche d’une réussite par procuration en essayant par tous les moyens de nouer des relations avec les joueurs du club et atteindre le fameux statut de femme de footballeur.
Salomé ne peut s’empêcher d’être attirée par les lumières de la célébrité malgré son attachement pour Franck, trop focalisée sur les aspects matériels tout en étant consciente et désabusée de sa situation, elle fuit continuellement à la recherche d’une vie sans galère.
Et, Franck, personnage principal joué par Franck Gastambide qui campe le rôle d’un ancien joueur du FC Nantes interrompu dans sa carrière, n’ayant jamais enterré son passé, il accepte d’être le garde-fou des joueurs sans même avoir de réel statut; à la marge professionnellement, ce poste ne lui confère aucun titre si ce n’est celui d’être la conscience des joueurs, situation qui le lie en le maintenant à distance de cette industrie sportive.
Il ne peut pas se départir de ce club qui l’a vu grandir, jouer et fait vivre, il incarne le rôle d’un homme attaché à ce passé par l’importance qu’il donne à sa mission de canalisateur et moralisateur de ces jeunes footballeurs qui restent des enfants pour la plupart.
Sur le plan personnel, Franck tombe amoureux de l’intrigante Salomé, qui profite de sa proximité avec les joueurs, une relation passionnelle mais ternie par la cupidité.
Yves, dirigeant du FC Nantes, interprété par Hippolyte Girardot, ne voit que les intérêts du club et profite de la candeur de Franck sans lui permettre d’accéder à une position significative. Il apprécie Franck mais ne veut pas se mouiller pour lui, égoïste dans son action, il conforte Franck dans un status quo.
D’autres personnages, de moindre importance dans ce film, sont tout autant émouvants en vivant leur amour démesuré pour le club.
Christophe Regin a pris le parti de mettre en lumière ceux qui sont à la fois au-dehors et au-dedans de ce monde du football, des personnages happés par ce désir de toucher du doigt cet univers qu’ils vénèrent ou jalousent.
Les rôles sont bien interprétés, l’image est belle, froide tournée en plein hiver, elle donne le ton des relations, superficielles pour beaucoup, liées à l’image, au faste d’un sport devenu une fiction adulée.
Les lieux sont continuellement les mêmes, une boîte de nuit repère des joueurs, le bar des fans du club, le stade, le centre d’entraînement, la voiture de Franck seul vestige d’un passé révolu depuis laquelle il épie les faits et gestes des nouvelles recrues.
Le thème est abordée avec finesse et relate des faits peu médiatisés ou souvent étouffés, le film souffre cependant d’un manque de profondeur, les situations sont survolées tant elles sont multiples, le sujet gagnerait à être élargi, une série aurait pu être un meilleur moyen de présenter la multitude des personnages et des histoires personnelles qui font de ces coulisses un monde à part.
Un film à voir par les amoureux du football mais aussi du cinéma, innovant par sa vision, celle d'un véritable drame social qui présente les satellites de l’univers football.
« Cet article est un article invité rédigé par Yasmina du site http://spotfolyo.com»