Baz'art  : Des films, des livres...
14 février 2018

Dans la peau d'un membre de jury de festival (Festival du Film court de Vaulx en Velin 2018)!

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 Pour quelqu’un comme moi qui n’est pas un « professionnel » reconnu du milieu, l’occasion d’intégrer un jury culturel ne se présente pas tous les quatre matins, à tel point qu’il est évidemment impossible de faire la fine bouche lorsque cette opportunité s’offre à moi.

Bref, six ans après ma dernière expérience en tant que membre d'un jury consacré à 100% au 7ème art, et après quelques incartades plus ou moins heureuses dans d'autres jurys littéraires ou théatraux dans lesquels je me sentais sans doute moins "légitime", dire que je mourais d'envie de débattre à nouveau autour du cinéma et m'empoigner gentiment avec mes collègues membres de jury était un doux euphémisme...

Ainsi, lorsqu’il y a quelques mois, on (merci Wilma!) m’a proposé de faire partie du jury presse du Festival « Un poing c’est court » , pour 4 jours d’immersion  (un  week end complet + deux soirées) entre les 19 et 27 janvier dernier, je n’ai pas hésité une seule seconde avant d'accepter cette expérience dont je savais à coup sûr qu’elle serait aussi enrichissante que mémorable.

Elle le fut d’autant plus, que ce festival, dont j’avais eu la chance de couvrir la conférence de presse de présentation en novembre dernier, n’est pas le dernier né des manifestations cinématographiques de la région.

En célébrant cette année son 18ème anniversaire (l’âge de la majorité) ce festival du film francophone de Vaulx-en Velin a ainsi démontré sa force de frappe sur notre belle région lyonnaise.

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Si au cours de cette dernière décennie, le court métrage est quelque peu tombé en disgrâce, notamment auprès des chaines de télévisions et des exploitants (seuls quelques derniers des Mohicans comme le ciné saint Denis à la croix rousse en passe encore un avant chaque long métrage), il reste un format absolument indispensable pour tous les futurs grands cinéastes, puisqu’il est la carte de visite incontournable lui permettant de faire ses preuves et de réaliser ses premiers pas dans le métier.

Le Festival de Vaulx en Velin, mais aussi celui de Villeurbanne en novembre (qui se font un peu trop concurrence alors qu’ils devraient plutôt s’entraider), a donc cette vocation-là : permettre une visibilité à ces courts métrages qui pourraient servir de tremplin à d’éventuels grands réalisateurs de demain, ainsi que de prendre le pouls du Cinéma d’auteur,  dans toute sa diversité et sa complexité grâce à un panorama de films de culture francophone, puisque c’est l’angle choisi par le festival, « Un poing c’est court » celui de la francophonie.

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Un angle qui aura prouvé toute sa pertinence lors des 4 sessions de programme que j’ai eu la chance de visionner,  soit 25 courts métrages sélectionnés (Fictions en grande majorité mais aussi un documentaire et un film d'animation) formant la  compétition officielle, et portant haut et fort  l'étendart de l'industrie du court métrage.

25  courts métrages pour au final n'en choisir qu'un seul, à qui on a décidé d'attribuer le prix de la presse, un prix à la portée certes plus symbolique qu'autre chose, mais aussi qui sait, une étape parmi d'autres pour que son metteur en scène réalise un jour le long métrage qu'il rêve tant de faire.

IMG_20180120_101814Ce challenge qui s'offrait à mes 4 compagnons du jury et à moi-même, nous l'avons rempli avec ce qu’il faut de sérieux et de bonne humeur dans la salle des Amphis, où s’est  déroulée la manifestation (une salle un peu perdue au milieu de nulle part, mais en même temps, vu ce qu’il a flotté durant le week end de compétition et vu la masse de films à ingurgiter, on n’était pas là pour faire du tourisme).

Sérieux et bonne humeur étaient donc de mise, et ce crédo, nous l'avons adopté dès les premiers échanges entre nous. Il faut dire que, dans mon jury de 5 membres, figurait un certain Xavier Mauduit, ancien chroniqueur radio – qui a notamment officié sur France Inter avec Frédéric Bonnaud et Philippe Colin, et qui fait actuellement les grandes heures d’Arte dans l’émission "28 minutes",  présentée par l’excellente Elizabeth Quin, avec en fin d'émission, une chronique historique avec un sujet en lien avec l’actualité .

En tant que spécialiste de l’audiovisuel, Xavier possède ce sens de la répartie et ce regard mi-moqueur mi-tendre sur les films et les gens et passer deux jours en sa compagnie aura été une belle occasion de s’en rendre compte.

Bref, un  spécialiste de la barbe (il a écrit un essai et tourné plusieurs chroniques à ce sujet; voir ci dessous), qui n'a rien de barbant...

 Mais outre Xavier, ce sont tous les membres du jury (presse mais aussi jury professionnel) qu’il faudrait que je prenne le temps de saluer ici aussi bien pour leur rigueur et leurs sympathie, ce que les délibérations à laquelle j’ai pu prendre part n’auront pu que souligner.

A propos de ces délibérations, impossible de les raconter dans le menu détail (je ne suis évidemment ni Gilles Jacob ni Thierry Frémaux), et pareillement, je ne dévoilerai pas outre mesure les coulisses des soirées du festival ( qui a dit que mon titre d'article était aussi menteur qu'une manchette de France Dimanche?), mais gageons que pas mal de souvenirs de cette formidable expérience se graveront longtemps en moi.

Je pense notamment à la soirée du premier samedi,  Carte blanche confiée à Michel OCELOT, le célèbre papa de Kirikou, venu présenter différents chefs d’œuvre du court métrage cinéma d’animation, soit ceux qu’il a lui-même réalisés, soit ceux de grands spécialistes du genre, de Paul Grimaud à Michael Dudok de Wit.

Juste un petit  regret à son sujet, celui  qu'il n'ait pas dit grand chose sur DILI a Paris son nouveau film d'animation qui sort à la rentrée prochaine, mais il n'était pas non plus forcément là pour cela .

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Quant au film que notre propre jury a choisi de récompensé il s’agit de  « Khallina Hakka Khir (qu’on peut aussi appeler de son titre français On est bien comme ça) » de Mehdi M. Barsaoui.  Sans trop chercher à spoiler nos délibérations, ce film est vite ressorti du lot tant il a fait l’unanimité chez nous.

Retraçant l’histoire d’un vieux monsieur atteint par la maladie Alzheimer, qui  se retrouve chez sa fille mais son séjour ne se passe pas sans rebondissements, cette chronique, aussi tendre que drôle, dit en une vingtaine de minutes énormément de choses sur le rapprochement des générations et sur les non-dits qui traversent une famille..

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Pour avoir pu longuement dialoguer, à la soirée après la remise des prix, avec son réalisateur- qui a été également assistant réalisateur de Kaouter Ben Hania pour le formidable "La belle et la meute"- j’ai appris que ce dernier  est en préparation d’un premier long métrage, et que son court métrage qu’on a primé l’a été aussi ailleurs, notamment à Dubaï et à Montpellier  et me suis dit alors qu’on n'avait pas tapé à coté :o)

 Si jamais, humbles lecteurs de baz art, vous avez l’occasion d’aller visionner cette petite merveille qu’est « On est bien comme ça », n’hésitez pas, vous m’en direz des nouvelles…

Citons aussi quelques autres films qui m'auront tapé dans l'oeil au cours de ce festival et que j'aurais bien aimévoir  récompensé,  si on avait eu la possibilité de multiplier les lauréats : je pense au film suisse "Les heures encres" sur la souffrance au travail , "les Bigorneaux", onte familial breton aussi drôle qu'émouvant avec un formidable Philippe Rebot ou bien encore "Kapitalistic", farce absurde et hilarante venue du Plat Pays, sur la société de consommation .

3_KapitalistisJe resterai plus mesuré sur le grand prix du festival,  "Ong Ngoai", un film  sur la communication impossible entre un grand père vietnamien et son jeune petit fils français, que j'ai trouvé touchant mais assez anodin, mais n'étant pas membre du jury pro qui l'a récompensé, je n'ai pas eu à contre argumenter et puis, il y avait encore bien pire dans la sélection, et certains de ces films se sont retrouvés dans le palmarès d'autres jurys, mais ne soyons pas trop langue de vipère ..

Avant de finir, il m’est impossible de conclure ces souvenirs de festivals sans dire un mot sur la trentaine de bénévoles particulièrement aux petits soins pour nous et sur les deux têtes pensantes du festival, à savoir Nicole Garnier, présidente de l’association et Azzedine SOLTANI, à la direction artistique; des personnes dont l’intelligence de cœur est aussi manifeste que celle de l’esprit et dont le dynamisme et le professionnaliste expliquent en bonne partie la réussite et la longévité de cette manifestation incontournable…

 Comme à chaque fois que l’on quitte un jury culturel, on s’en va le cœur un peu gros en se disant que c’est fini pour nous car il faudra évidemment laisser la place à d’autres pour les années à venir, et en même temps le cœur plein de beaux souvenirs qui réchaufferont les longues soirées d’hiver…

  

Prix attribué par le Jury Professionnel
Grand Prix : « Ong Ngoai (Grand-père) »
de Maximilian Badier Rosenthal

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Prix Spécial du Jury : « Kapitalistis » de Pablo Munoz Gomez
Prix du meilleur scénario : « Khallina Hakka Khir (On est bien comme ca) » de Mehdi M. Barsaoui
Mention spéciale : Prix coup de cœur : « Toprak » de Onur Yagiz

Prix attribué par le Jury Presse
Prix de la Presse : « Khallina Hakka Khir (On est bien comme ca) » 
de Mehdi M. Barsaoui

Prix attribué par le Jury des Grandes Ecoles
Prix ENTPE / ENSAL : « Toprak » 
de Onur Yagiz
3 coups de cœur pour ce jury : « Les heures- encres » de Wendy Pillonel, « Projection sur canapé » de Violette Delvoye et « Les bigorneaux »d’Alice Vial

Prix attribué par le Jury Jeunes et le Jury Adultes
Prix Jury Jeunes : « Témoins » 
de David Koch

Mention spéciale pour « Les heures-encre » de Wendy Pillonel
Prix du Jury Adultes : « Barbie Boulevard » de Uriel Jaouen Zrehen.

Prix attribué par le Jury de l’Alliance Française
Prix de la Francophonie : « Les heures-encre » de Wendy Pillonel

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Prix attribué par le public scolaire
Prix Petite Enfance : « Lili dans les nuages »
de Toma Leroux

Prix Enfance : « Belles étoiles » de Elhadj Sidibe et Naïma Di Piero
Prix Collège : « Tikitat-A-Soulima (Le ticket de cinéma) » de Ayoub Layoussifi
Prix Lycée : « Tangente » de Julie Jouve et Rida Belghiat

Prix attribué par le public pendant « Le Court, de Nuit »
Prix du Public : « Cléo »
de Julie Navarro

 

 

Commentaires
M
Grâce à cette chronique, nous voici, nous aussi, un peu membre du jury ! Merci pour cette mini expérience qui quand-même me rend un peu jalouse! 😘🏆🎫
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