Du 4 au 6 avril, Quais du Polar revient pour sa 14e édition avec notamment une forte connotation italienne. Plus d'une quinzaine d'auteurs, ainsi que des éditeurs et professionnels du livre et de l'audiovisuel italiens, seront invités à participer au Festival.

Cela sera l'occasion de mettre en avant « la culture polar » à l'italienne, et notamment un de ses auteurs phares, Gianni Biondillo dont le dernier roman en date, "Le Charme des sirènes  nous a vraiment.... charmé!!

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 "Il se méfiait de ceux qui ne mangeaient que pour se nourrir, comme si c’était un problème d’approvisionnement énergétique, il avait  de la compassion pour les insomniaques, bouffés par le stress, il n’arrivait vraiment pas à comprendre ceux qui ne trouvaient pas dans une bonne baise le meilleur moyen de résoudre les conflits.

Chacun s’occupe de ses fesses, c’est le cas de le dire. La paix dans le monde, aux dires de Mimmo, s’atteignait en quelques actions bien coordonnées: une tablée d’amis, quelques pots, les effusions vespérales avec ceux qu’on aime et, enfin, le repos du guerrier, mérité.

 
J'avais entendu parler de Gianni Biondillo, maître du roman noir italien, en maintes occasions, et notamment lors du Festival Quai du Polar de 2011 lorsque j'étais membre du Jury, avec un Président Claude Maspiède qui ne tarissait pas déloge sur lui, mais je n'avais pas encore l'occasion de lire ces ouvrages., avant 2013 et Le " matériel du tueur "qui m'a emmèné dans un road movie haletant en pleine tourmente sociale italienne, une Italie anxieuse et anxiogène pleine de peurs.
 
L'intrigue du "charme des sirènes", son dernier roman en date,  se déroule à Milan, dans le coté strass et paillettes des défilés de modes  et  il s’en passe des noires et des vraiment pas mûres lors de es grands baroufs.et notamment le  meurtre d’un top-modèle Wendy à un grand défilé de mode , celui  du couturier Varaldi, dans le milieu pourtant si distingué de la haute couture milanaise.L’inspecteur Ferraro chargé de l’enquête  n'est vraiment pas du sérail  : Ferraro, inspecteur du commissariat de Quarto Oggiaro, quartier populaire de la capitale lombarde. a un coté rustre évident, et son comparse Mimmo l'est encore bien plus, .et et c'est alors deux mondes  différents qui se télescopent et qui fait tout le sel de ce polar aussi enlevé que désopilant..


Car Ferraro va vite comprendre qu'il a raison de se méfier de ce milieu,  un milieu finalement superficiel et vain, où le vernis peut vite craquer et laisser place à des moeurs bien peu enviables.« C’était comme s’il existait deux villes, deux Milan, une pour les dieux et une pour les damnés. Deux mondes qui n’auraient jamais du se croiser. »

 Il y a un côté un peu Audiard, des  films des années 50 dans les dialogues truculents de certains des personnages ou dans le rocambolesque de certaines situations. Biondillo disitille tout au long de son texte   un sens de la répartie et une vision acérée de l’Italie d'aujourd'hui.

Certes, l'intrigue est assez convenue et n'est pas la plus exceptionnelle jamais vu dans un polar mais  l'essentiel est largement ailleurs, notamment dans cette description sans concession mais juste de ce miroir aux alouettes qu'est le monde de la mode, ou bien encore dans ces personnages tellement humains, ce regard tendre et lucide  que porte l'auteur sur la société italienne, sur les ambivalences des individus, sur la justesse des remarques sociologiques et politiques bref tout ce qui  parcoure un récit largement recommandable!

"Luisa pouvait toujours dire qu’au fond, elle n’avait pas faim et qu’elle regrettait seulement que Michele n’ait pas pu apprécier l’extraordinaire travail de mise en scène exécuté par le food designer.  ( Food designer ? Mais on ne les appelait pas cuisiniers autrefois ?) Ferraro n’avait guère d’intérêt pour le concept formel et le dispositif visuel de ces aliments déstructurés et à la cuillère, si compliqués à atteindre vu la plaie des sauterelles affamées en train de tout dévorer. »

Gianni Biondillo / Le charme des sirènes (L’incanto delle sirene, 2015), Métailié (2017), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

 

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Gianni Biondillo  à Quais du Polar

 Gianni Biondillo, prolifique auteur-architecte, est né en 1966 à Milan où il vit. Ont été traduits en France Pourquoi tuons-nous ?, best-seller en Italie, suivi de La Mort au cœur (Joëlle Losfeld, 2006 et 2009) et du Matériel du tueur (Métaillé, 2013), prix Scerbanenco au Festival noir de Courmayeur et prix Violeta Negra 2014 au Festival Toulouse polars du Sud. Son dernier roman, Le charme des sirènes est publié aux éditions Métailié en octobre 2017.

Autobiographie pour Quais du Polar

Dans la vie, il n’avait pas envie de travailler, alors il a décidé de passer son diplôme d’architecture. Puis il a découvert que même en tant qu’architecte, il devait travailler, alors il a commencé à écrire des romans. Son but ultime est de gagner au Loto et de passer ses journées devant la télé à ne rien faire.

Polars fétiches

livre : Vénus privée, Giorgio Scerbanenco.

film : L.A. Confidential, Curtis Hanson

auteur : Raymond Chandler