Sortie du DVD/BluRay de Marvin ou la belle éducation le 27 mars 2018 dernier chez TF1 vidéo.
Marvin Bijou a fui. Fui ce petit village de la région d'Épinale, dans les Vosges, rongé par la misère sociale. Fui cette famille avec qui il a le sentiment d'avoir si peu en commun. Cette maison où la TV est allumée sans discontinuer. Ces repas où l'on ne mange que des frites de chez Carrefour et pendant lesquels les violences verbales et les insultes ne cessent de fuser. Fui cette école où on le harcèle parce qu'il est "différent", où on le traite de "petit pédé". Fui ce milieu rompu à l'inculture et aux préjugés d'intolérance, de racisme et d'homophobie.
Pour se sauver, Marvin Bijou est devenu Martin Clément. Pour survivre, il a choisi "l'exil de lui-même." Et c'est grâce à quelques personnes que son exil et sa "belle éducation" vont se faire.
C'est tout d'abord la principale de son collège, Madeleine Clément (Catherine Mouchet), qui va l'aider à poser le pied sur ce tremplin qui le mènera à l'exil, en l'emmenant au cours d'improvisation, puis, voyant son aisance à mimer les scènes de la vie, qui l'encouragera à aller plus loin. C'est grâce à elle que tout va s'enchaîner ensuite : son intégration au Club Théâtre d'Épinal, puis au conservatoire de Nancy où une autre figure essentielle, presque paternelle, la deuxième pierre de l'édifice de son éducation, va prendre le relais : Abel Pinto (Vincent Macaigne). C'est lui qui va l'inciter à faire de sa différence une force, à puiser dans son réel la matière de la catharsis dont il a besoin pour se libérer entièrement, pour enfin, être pleinement heureux. Roland (Charles Berling), cet homme aisé et bien plus âgé que lui, va également jouer un rôle majeur dans son parcours vers lui-même : c'est grâce à lui qu'il va commencer à assumer sa sexualité.
Bien qu'Anne Fontaine a fait une très libre adaptation du roman autobiographique à succès d'Edouard Louis En Finir avec Eddy Bellegueule, les grandes forces du texte constituent toutefois le ciment du film.
On y retrouve même quelques allusions évidentes : le fait que Marvin troque ce nom qui a fait son malheur pour un nom classique, passe-partout ; l'allusion à la polémique qui a suivi la sortie du livre avec des journalistes s'intéressant bien plus à la véracité du récit qu'à l'objet littéraire en lui-même ; un passage presque reproduit presque mot pour mot du roman : "Tous ces moments, je les ai vécus [...] De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux. Je ne veux pas dire que jamais durant des années, je n'ai éprouvé de bonheur ou de joie. Simplement, la souffrance est totalitaire, elle fait tout disparaître [dans le film, Marvin utilise la métaphore du phare qui aveugle]."
Le casting est brillant avec des têtes d'affiche comme Charles Berling et Isabelle Huppert, dans son propre rôle, et par le truchement de la mise en abîme, dans celui de la mère de Marvin qu'en endossera dans le spectacle qu'il écrira, inspiré d'une histoire vraie : la sienne. Finnegan Oldfield est excellent et très émouvant dans ce rôle de garçon en pleine souffrance, en pleine recherche de lui-même, faisant tout pour "s'en sortir".
Vous savez ce qu'il vous reste à faire à présent : le découvrir dès aujourd'hui en DVD!!
Pas de bonus malheureusement sur cette édition DVD