"Quand on est au Festival, on ne pense à rien d'autre. Une fièvre monte en vous jusqu'à épuisement total, elle ne cesse que pendant les rares moments de sommeil pour ressurgir dès qu'on met le pied hors du lit"
Les cinéphiles l’ont appris avec un vrai étonnement, comme une page qui se tourne définitivement : en mars dernier, Gilles Jacob qui n'a pas été réélu au Conseil d'administration du Festival de Cannes et même si il est toujours président d'honneur de la manifestation et président de la Ciné fondation, le coup est particulièrement rude pour celui qui a été pendant près de 40 ans une figure incontournable.
En effet, quand on a passé près de quarante ans en haut des marches, en tant que délégué général puis en tant que président, cela vous met forcément dans le secret des dieux de la croisette.
Ces secrets, Gilles Jacob dont on avait déjà follement apprécié les mémoires il y a quelques années, nous les raconte à sa manière pudique et à demi-mots à travers son "dictionnaire amoureux du festival de Cannes", nouveau volet de cette riche collection initiée par les éditions Plon.
Ce dictionnaire amoureux raconte sur plus de 800 pages- qui se dévorent avec un appetit jamais rassasié- le grand festival de cinéma au monde qui se termine samedi soir, et en révèle quelques secrets bien gardés qui forment la folle aventure du Festival.
Gilles Jacob s’escrime ici à nous raconter le festival de l’intérieur avec quantités de souvenirs, d’anecdotes souvent passionnantes et croustillantes : les actrices, les polémiques, les grands hôtels, les fêtes ( qu'il prend soin de dissocier en plusieurs catégories) , les excentricités, les délibérations, les jurys, la montée des marches, les palaces et les fêtes, les manifestations exceptionnelles (pour les 50 ans du festival en 2007 où 33 palmes d’or étaient réunies sur scènes)...
D’Isabelle Adjani à Harvey Weinstein ( chez qui« Il y avait quelque chose dans son physique et dans ses manières qui (le) me dégoûtait »), de Claude Sautet à Wim Wenders en passant par le récemment regretté Milos Forman, tous les grands noms du festival (tiens c’est marrant, Thierry Frémaux n’apparait jamais : o) ont droit à un portrait parfois un peu acerbe (Kusturica, Pialat); mais le plus souvent très élogieux, de l'ancien maitre des lieux , qui excelle surtout dans l’art de tisser des portraits avec une justesse et une acuité rares.
Un ouvrage passionnant en tout cas, pour tous ceux pour qui le cinéma et le festival sont à la fois les choses les plus importantes du monde et des futilités dérisoires en regard des vrais problèmes internationaux.
Dictionnaire amoureux du festival de Cannes
Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes, de Gilles Jacob, éd. Plon, 25,50 €.