Présenté en compétition officielle du Festival de Cannes, Plaire, aimer et courir vite, le dernier long métrage de Christophe Honoré, qui est sorti en salles dans la foulée,  aurait du, à mon sens du moins, repartir du Palmarès, avec une belle récompense à la clé, ce que le jury présidé par Miss Blanchett n'a pas daigné faire.

Il faut dire que  le film est une merveille, et même sans avoir vu une immense partie du reste de la sélection fera sans doute partie des films les plus émouvants et déchirants que l'on a vu cette année. 

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Pour moi,  Christophe Honoré, c'était avant "Plaire, aimer et courir vite",  le réalisateur de deux immenses film: "les chansons d'amour",  bien sûr que beaucoup personnes citent parmi leurs films cultes, et surtout "les Biens aimés", que, pour le coup je suis un peu le seul à défendre becs et ongles tant ce film est pour moi la quintessence d'un cinéma aussi intelligent que fabuleusement romanesque et bouleversant

Je peux  tenter de  comprendre que le cinéma de Christophe Honoré porte en lui quelque chose de parisien, de snobinard, qui peut irriter certains spectateurs , mais quand même, il y a dans la plupart de ses films (on évitera de parler de ses "Métamorphoses" beaucoup trop radicales et expérimentales  ou des "malheurs de Sophie", même pas terrible pour les enfants )  une qualité d'écriture et de mise en scène indéniables, des qualités qu'on retrouve de façon incroyables dans ce Plaire, aimer et courir vite d'excellente tenue.

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Plaire, aimer et courir vite parvient largement à dépasser les lieux communs et la banalité d'une simple histoire de rencontre amoureuse, tant Christophe Honoré réussit pleinement, comme dans ses meilleures oeuvres,  à cerner les failles et les  contradictions de l'humain.

Avec un  lyrisme appuyé,  comme souvent, très musical (certes,  Alex Beaupain , fidèle compagnon, n'est ici pas de la partie) on adore  particulièrement la bande originale, d'Anne Sylvestre  à Prefab Sprout,  qui sait parfaitement épouser la trajectoire de ses personnages.

Honoré parvient, comme peu de réalisateurs arrivent à le faire, à rendre profondément poignante et universelle son histoire d'amour entre un presque quadra qui se sait condamné et un jeune provincial insouciant et passionné.

 Si à Cannes, les observateurs ont beaucoup comparé le film d'Honoré à l'exceptionnel 120 battements par minute qui traite du même sujet et de la même période, ici on est beaucoup moins dans le combat, l'urgence contre le temps qui passe et la maladie (et ce malgré le "courir vite" du titre) et plus sur le flirt, la rencontre et même la légèreté, l’espoir,le cinéma,  la littérature, bref toutes ces choses à la fois futiles et essentielles qui tentent de lutter contre ces fantômes qui traversent douloureusement le récit.

"Plaire, aimer et courir vite"  permet à Honoré d'évoquer avec cruauté, mais légereté, différents thèmes :  l'Amour avec un grand A, bien sûr, le temps qui passe inexorablement et les nombreux thématiques qui traversent toujours les grandes sagas et les grandes destinées à savoir, la maladie, l'individualisme, les traces que l'on laissera à sa mort, l'égoïsme, le courage, l'amitié...

Et là où le film de Campillo se veut comme un témoignage sociétal vibrant et militant, le film d’Honoré choisit la voie de  l'incursion dans la mémoire intime et comme un très émouvant hymne au souvenir et à la vie .

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Christophe Honoré n'a pas son pareil pour jouer avec les sentiments humains, et nombre de très belles scènes du film nous le rappelent et nous habitent apes la projection notre mémoire, tels que la toute première rencontre au cinéma, le deuil de l'ami/amant, les scènes de sexe  et la scène finale, absolument renversante de beauté d'émotion le final.

Les acteurs sont pour beaucoup à l'émotion qui remplit le film  : on a beaucoup parlé de Vincent Lacoste ( choix de casting étonnant mais finalement convaincant) et de Pierre Deladonchamps, décevant l'an passé chez Techiné,  mais ici absolument génial de nunances et de charisme, mais il ne faut pas oublier de citer un Denis Podalydès exceptionnel aussi en journaliste homosexuel un peu las,  qu'il prouve qu'il sait vraiment tout jouer.

Et en plus de cette véracité et de ce réalisme, Christophe Honoré ose- et réussit largement-  de belles  audaces dans la mise en scène et parvient à filmer vrai et beau, ce qui en ces temps de naturalisme plombant, fait sacrément du bien..

Un très grand film qui nous donne raison de toujours avoir cru en ce cinéate là, même quand il était en petite baisse de forme, et qui comptera forcément lorsqu'on fera les comptes à la fin de l'année.