Le premier long métrage de Yann Gonzales, Les rencontres d’après minuit, avait fait le buzz lors du Festival de Cannes 2015, une oeuvre dôtée d'un vrai parfum de scandale comme Cannes les affectionne particulièrement, mais qui tournait bien vite à l'exercice de style prétentieux et vain et qui tombe hélas plusieurs fois dans le ridicule.
Un couteau dans le cœur, son second film présenté cette année dans la section reine du plus grand festival de cinéma du monde( même si le film aurait sans doute plus sa place en séance de minuit ) ne m'avait pas laissé indifférent lors de sa projection au festival Première Vague mais a encore plus enthousiasmé Michel qui l'a vu ce week end et qui a souhaité en ce début d'été le défendre ardemment …
Avec un sujet chaud -le milieu de la pornographie gay dans les années 70-, Yann Gonzalez livre un thriller érotique et sulfureux et ne lésine pas sur les scènes chocs et les effets de style.Le pari était casse gueule, mais au bout du compte, c'est une très bonne surprise que ce “couteau dans le cœur” si bien sur on ne le prend pas au premier degrès comme certain festivaliers ont eu tendance à le faire .
Imagerie très seventies, polar urbain, décors sordides d’usine désaffectée, de locaux industriels à la marge de la cité qui deviennent des lieux où des hommes et des femmes eux aussi à la marge s’aiment, se repoussent où tout simplement cherche à exister
.Rouge puissant, bleu électrique, noir luisant comme le trench en cuir verni de l’héroïne et surtout le jaune Giallo des film de série B italiens.
On aime les intentions du cinéaste : (plongée dans la fin des années 70, références en tous genres, giallo, onirisme, un soupçon de poésie, une actrice en état de grâce,du sexe -mais pas trop-, un peu d'humour -subtil et référencé-(on pense notamment pendant tout le film à un autre film qui raconte le quotidien d’une ouvreuse e de cinéma porno: “Simone Barbès ou la vertu” sorti en 1979 ) et beaucoup d'intelligence .
Alors certes, le scénario importe très peu et laisse totalement indifférent: des crimes, un coupable, peu importe.
Car Tout Mario Bava et surtout tout Dario Argento sera revisité par Rainer Werner Fassbinder. Nous aurons droit aussi à l’après-midi d’un faune sorti du Satyricon de Fellini.
Et comme on a pas toujours le temps de voir ces grands classique de la série B voir Z que sont , ‘'”Le corps et le fouet”, “L’oiseau aux plumes de cristal”, “le chat à neuf queue” ou “les frisson de l’angoisse” courrez voir le film de Yann Gonzalèz qui a réussi à fabriquer un film de genre nostalgique en ressuscitant une époque disparue. Un cinéma certes loin d'être parfait, mais qui au moins ose.