Reda Seddiki porte un regard bienveillant sur notre société dans "Deux mètres de liberté"
Après le Théâtre de la Cible et La Nouvelle Seine, c'est au Lucernaire que Réda Seddiki nous invite pour un agréable voyage au pays des libertés...
Dans Deux mètres de liberté, Réda Seddiki nous parle de son arrivée en France, ce pays dont il rêvait comme d'un El Dorado, où la liberté, l'égalité et la fraternité n'étaient pas que des mots inscrits sur les frontons d'institutions, où les étrangers étaient accueillis à bras ouverts. A 17 ans, après avoir reçu sa lettre d'acceptation à l'université Pierre et Marie Curie de Jussieu - c'est presque trop beau -, il quitte l'Algérie bercé d'illusions et de l'espoir plein les valises. Et comme on se l'imagine, il va vite déchanter...
En Usbek ou en Rica moderne, Réda Seddiki aborde avec bienveillance et intelligence des sujets d'actualité - du terrorisme aux Roms en passant par l'éternel débat autour du port de la burka - et analyse les quelques petits travers et autres incohérences de notre société, à commencer par les déconcertantes absurdités de nos chères administrations à l'égard des étrangers : J'ai un titre de séjour jusqu'à fin 2018 et un permis de conduire valable jusqu'en 2030. Je peux donc rester en France… mais dans ma voiture. Il pointe avec habileté ces contradictions, sans jamais juger et avec une grande tolérance. En découvrant la France, il découvrira aussi les préjugés et les clichés nécessairement associés aux étrangers comme lui.
Et parce qu'il tient aussi à nous parler de son pays, l'humoriste nous invite à un aller-retour express en Algérie, qui a lui, aussi ses... petits défauts. En un changement de lumière, nous voilà débarqués à Tlemcen, sa ville natale. Il nous met dans l'ambiance en nous invitant au café de son ami Aomar, à déguster un thé servi comme vous l'imaginez (mais comment font-ils pour que rien ne coule à côté du verre en le servant d'aussi haut ?). Une parenthèse dont il profite pour nous parler de ce qu'il y a de beau, aussi, chez lui.
J'ai passé un bon moment avec ce gigantesque garçon un peu dégingandé, son immense sourire et sa fausse naïveté, mais je pense qu'il pourrait gagner en confiance, à être encore plus percutant dans ses propos, à assumer peut-être plus ses vannes et sa volonté de n'épargner personne. L'ensemble tient évidemment la route et Réda Seddiki est absolument attachant !
Réda Seddiki, Deux mètres de liberté, le vendredi et samedi à 21h30 et le dimanche à 19h, jusqu'au 2 septembre au Théâtre Le Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris.