Baz'art  : Des films, des livres...
1 octobre 2018

Interview Cinéma : 10 Questions à Lena Klenke , actrice de La révolution silencieuse

  "La révolution silencieuse", film allemand très réussi et passionnant,  sort en DVD demain, le 2 octobre 2018 chez Pyramide Vidéo et on l'a vu le week end dernier lors du Festival de Montélimar de l'Ecrit à l'écran .

 Lena Klenke en tient le rôle principal féminin et, comme cette jeune actrice était présente dans la Drôme pour présenter le film à des scolaires, elle a bien voulu nous parler de son beau rôle dans le film de Lars Kraume.

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  Questions à Lena Klenke, actrice du film "La révolution silencieuse"

Baz'art : Vous jouez le rôle féminin principal de cette histoire, avec un personnage discret en apparence mais dont l’existence va avoir un impact considérable sur  l’histoire. Comme on vous connait encore assez peu en France, pouvez-vous nous dire chère Léna si "La révolution silencieuse" constitue votre rôle le plus important en termes de visibilité  à l’image depuis le début de votre carrière ?

 Lena Klenke : En terme de visibilité,  pas forcément,  j'ai joué récemment des rôles importants dans des films ou séries allemandes qui ne sont pas (encore?) sortis en France.

Sinon j'avais joué dans trois autres films qui sont eux sortis en France dont notamment la comédie "Un prof pas comme les autres" (gros succès du cinéma allemand) en 2013 et "Victoria" de Sebastien Schipper mais c'était pour le coup de tous petits rôles qui ne dépassaient pas les 2/3 minutes.

Donc oui, en terme d'impact du rôle et de temps de durée à l'image, le rôle que je tiens dans «La révolution silencieuse »  est sans doute celui qui à ce jour est le plus important pour ma carrière de jeune comédienne. 

 

 

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Baz'art: Comment avez-vous réussi à obtenir  le rôle ? Avez-vous procédé à des essais, avec les autres comédiens principaux, afin de tester votre éventuelle complicité avec vos futurs partenaires ?

Lena Klenke : Ah cela a été un long procédé avant de l'avoir ce rôle. On a passé un casting et pas mal de tests, avec Nessie (Nesslauer, directrice de casting renommée  en Allemagne), qui très connue pour sa capacité à découvrir de nouveaux talents  et on a joué en duo, en trio avec les acteurs qui étaient pressentis pour jouer les rôles de Théo et de Kurt pour voir si ça collait bien entre nous.

Le procédé du casting a été très long, à tel point que lorsqu’on a commencé à tourner on n’avait plus vraiment l’âge du rôle :  j’avais 22 ans alors que je suis censé en avoir 17 et les acteurs qui jouent Théo et Kurt en avaient 23 et 24, à un moment d’ailleurs Lars se demandait si ça allait coller à ce niveau-là, mais bon tout le monde tenait tellement à jouer ces personnages qu’on a tenu coute que coute et ça a bien fonctionné.

Baz'art: J'imagine que cet aspect des choses importait car ce qui frappe au sein de cette classe, c’est la grande solidarité qui émane du collectif, à part un ou deux élément près, personne ne va craquer face à la pression. Est-ce que c’est un élément qui va particulièrement séduit dans le scénario ?

Lena Klenke : Ah oui tout à fait … Cette solidarité est au cœur même du récit. Pour en avoir parlé avec Lars (Kraume), c’était très important pour lui de donner une  image de l’Allemagne de l’Est pas aussi terrible  et froide que certains films pouvaient montrer de cette période.

Les premiers temps  d’avant le mur de Berlin  n’étaient ni aussi sombres, ni aussi tyranniques que ce qu’on a pu avoir par la suite.

Et cette image positive, elle est illustrée en effet par cette solidarité qui existe dans cette classe et qui était présente dans le livre de Dietrich Garstka que Lars a adapté .

Je le vois en présentant le film à des classes de collèges, comme je le fais ici :  ce qu’a fait cette classe, cette solidarité entre les élèves, est ce qui les touche le plus.

Normalement, il y a toujours des traîtres., sauf dans cette histoire et cet élément est très inspirant pour les spectateurs.

Baz'art: Justement en parlant du livre du livre de Dietrich Garstka, « Das Schweigende Klasszimmer «connaissiez-vous son existence et l’histoire qu’il raconte, avant de recevoir le scénario du film de Lars Kraume ?

Lena Klenke : Non pas du tout : vous savez, ce  livre de Dietrich Garstka, qui a raconté il y a douze ans  dans son autobiographie cette anecdote, n’a pas eu un grand succès même en Allemagne.

Et avant que Lars ne l’adapte au cinéma très peu d’allemands de l’est ou de l’est étaient au courant il faut croire qu’elle ne figure pas dans les manuels d’histoire !Résultat de recherche d'images pour "la révolution silencieuse"

Baz'art  : D’après les déclarations du metteur en scène L’auteur du livre, Dietrich Garstka,  est  représenté par le personnage de Kurt alors que  Théo et Léna sont des caractères fictionnels que Lars Kraume a rajouté au scénario …. Est-ce pour vous plus facile de jouer quelqu’un qui n’a pas réellement existé ?

Lena Klenke : Oui, en effet, seul le personnage de Kurt a vraiment existé, les autres personnages sont créés de toute pièce par Lars pour des raisons dramaturgiques, afin notamment que le jeune public comprenne bien le processus de la trahison..

Pour répondre à votre question, à mon avis c’est en effet plus facile de jouer un personnage qui n’a pas existé, on est moins obligé de se confronter à un modèle , on a plus de liberté dans sa création, même si évidemment on est très à l’écoute des indications de jeu de son metteur en scène…

 Baz'art  : Mais votre personnage est quand même assez ambigü puisque c’est elle qui remet en question l’amitié de Kurt et, de Theo  et qui va trahir son boy friend en embrassant son meilleur ami… est ce que cela vous va-t-il gênée sur le papier et si oui,comment avoir réussi à défendre votre personnage ?  

Lena Klenke :  Oui bien sûr, Lena trahit Théo en sortant avec Kurt et c’est forcément un élément important de mon personnage et de l’histoire.

Dans l'esprit de Lars, le réalisateur ce film s’adresse aussi et avant tout aux jeunes.

Et quand on est adolescent , si la politique est compliquée à suivre, l’amour permet de mieux comprendre comment on trahit. Le film porte aussi sur la trahison.

Léna est ce personnage qui est entre les deux hommes,  pour des raisons dramaturgiques, afin que le jeune public comprenne de façon plus intime et sentimental le processus de la trahison qui irrigue tout le film .

On a beaucoup discuté avec le réalisateur pour appréhender ce comportement, mais l’important est de se dire que Léna ne trahit pas ses idéaux, elle aime profondément Théo mais elle considère que celui-ci fait des concessions à son idéalisme en ne mettant pas en avant l’aspect politique de cette révolte.

C’est un peu pour se venger de cette décision qui l’a profondément déçue qu’elle cède aux avances de Kurt qui lui garde cette ligne…

Je ne pense pas qu’on puisse penser, une fois qu’on a ces éléments en tête, que Léna soit une mauvaise personne, enfin pas totalement en tout cas (sourires).

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Baz'art : Votre personnage porte le même prénom que vous-même, Lena. Est que cela était déjà présent à l’écriture, et si oui avez-vous vu cela comme un signe du destin ?

Lena Klenke : Oui, le nom de Léna existait déjà dans la version du scénario que j’ai eu en mains..

Je n’ai pas forcément vu cela comme un signe du destin, mais c’est vrai que c’est plus facile encore de se fondre dans un personnage lorsqu’il porte le même prénom que soi…

Baz'art :Est-ce que participer à ce film vous a permis d’échanger avec des personnes des anciennes générations qui avaient vécu indirectement ou non cette situation et ce climat général de tension extrême et d’occupation russe ?

Lena Klenke : Ah oui tout à fait, par exemple j’ai pu parler de ce sujet et de cette période avec mes grands-parents qui avaient vécu à « Stalinstadt «  (l’ex nom de la ville de Eisenhüttenstadt,) où se situe l’action du film sous l’occupation russe…

Vous savez, ces générations-là ne parlent pas toujours  naturellement de ces périodes  forcément un peu douloureuses pour elles, donc le fait d’avoir joué dans ce film a évidemment permis de les interroger dessus  et de me donner pas mal de matière pour mieux comprendre les enjeux de l’histoire!

 Baz'art  : Mais est-ce que dans les faits,  pour les jeunes générations dont vous faites partie, la distinction entre Allemagne de l’ouest et Allemagne de lEst signifie-t-elle encore quelque chose ?

Lena Klenke : Non, plus vraiment :  pour nous ce n’est pas quelque chose qui a de l’importance.

On sait que tel ou tel individu vient de telle ou telle ville et on sait du coup si  c’est l’Ex RDA ou ex RFA mais concrètement ça ne signifie rien pour nous, on ne va pas catégoriser quelqu’un en fonction de son appartenance à l’Allemagne de l’Est ou de l’Ouest.

Baz'art  : De France, on a l’impression que le cinéma allemand ose interroger frontalement son histoire, souvent douloureuse depuis une dizaine d’années  avec beaucoup de films sur ces thèmes qui sont sortis : est-ce que ce  phénomène vous parait  également évident de l’intérieur et si oui, comment expliquer cette prise de conscience assez tardive ?

Lena Klenke  :Oui c’est vrai il y a eu ces quinze dernières années des films comme  Good Bye Lenin (2003), Sonnenallee (1999), Das Leben der anderen (La Vie des autres-2006), Barbara (2012) : des films très importants qui racontent l’histoire de la République démocratique allemande (RDA).

Et même Lars, le cinéaste de la révolution silencieuse avait déjà tourné  Fritz Bauer, un héros allemand qui évoquait la traque d'un des pires nazis de l'Histoire…

Je crois que les jeunes cinéastes allemand se sont sentis redevables  et on voulu réaliser une sorte de " devoir de mémoir"e pour raconter aux générations à venir ce qui s’est passé, et qu’il faut le confronter pour pouvoir en exorciser  les démons…

Ces films, et "la révolution silencieuse" en fait partie, ont vraiment eu pour objectif de crever l’abcès et a entrainé pas mal de discussions et de débats qui n’existaient pas vraiment et qui ont vraiment fait du bien..

Cela résulte d’une prise de conscience générale, sans doute assez tardive, mais vraiment salutaire, et en cela on peut dire que le cinéma a servi à quelque chose.

Et tous ces films racontent des histoires différentes : avant "La révolution silencieuse", il n’y avait pas eu beaucoup de films sur ce moment-là avant la construction du mur et, pour en avoir discuté avec Lars et d’autres réalisateurs il y a encore d’autres histoires passionnantes sur l’histoire de l’Allemagne à raconter.

Baz'art  : Espérons que ces films seront rapidement réalisés alors, et sortiront en France et qui sait, que vous jouerez dedans, chère Léna.

En tout cas nous allons désormais suivre votre carrière avec grand intérêt merci à vous pour cet entretien !

La révolution silencieuse, de Lars Kraume - bande-annonce

   

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