Baz'art  : Des films, des livres...
2 novembre 2018

#Vendredilecture : Comme un seul homme/ l'abattoir de verre

 Encore une revue de romans courts après celle de mardi dernier 

  1. Comme un seul homme; Daniel Magariel ( Fayard) : un terrible et étouffant huis clos 

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 «  Son rythme était à peu près le suivant : au bout d’une semaine à se défoncer dans sa chambre, les cigares ne masquant plus l’autre odeur, il se pieutait, dormait une journée entière. Le deuxième jour de la redescente, il fallait marcher sur la pointe des pieds, c’était un ours. Et les jours suivants il redevenait notre père de manière de plus en plus reconnaissable. Il arrivait à être présent aux repas, aux matches de basket, et les samedis, il nous emmenait même au terrain, dans le parc derrière notre appartement. »

Un père emmène ses deux fils loin du Kansas, loin de leur mère. Il a gagné la guerre, le divorce, elle n’aura pas la garde de ses deux garçons. C’est lui l’homme, le père, qui les élèvera. Les deux adolescents vont bientôt s’apercevoir que leur mère n’avait peut-être pas tous les torts.

Toxicomane, le père, violent et manipulateur, se transforme en monstre à chaque crise de manque.

Huis clos terrible et étouffant dans un triste quartier d’Albuquerque au Nouveau-Mexique.

Les deux garçons vont devoir faire front et se défendre comme un seul homme.

Les héros du mince roman de Daniel Magariel n’ont pas de nom. Le père toxique c’est tous les pères maltraitants, les fils apeurés et pourtant si courageux ce sont tous les enfants martyrs.

Un style noir et brutal traversé  par des éclairs de tendresse, « Comme un seul homme » est récit sec et nerveux qui nous parle de l’enfance brisé. Redoutablement efficace.

"Comme un seul homme", Daniel Magariel, traduit de l'anglais par Nicolas Richard
(Fayard – 188 pages – 19 euros)
 

 2. L'abattoir de verre JM Coetzee ( Edition du Seuil) : un puzzle littéraire brillant

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« Chaque fois que je passe devant votre maison,votre chien se met en fureur, dit- elle. Je nedoute pas qu’il me déteste par devoir, mais je suis choquée par cette haine envers moi, choquée etterrifi ée. Chaque passage devant votre maison estune épreuve humiliante. C’est humiliant d’être terrifiée de la sorte. D’être incapable d’y résister. D’être incapable de mettre fin à la peur."

Immense romancier sud-africain, lauréat du prix Nobel en 2003,  auteur de l'éblouissant "Disgrâce» vivant aujourd'hui en Australie,  JM Coetzee n'a plus rien à prouver et s'amuse désormais avec les histoires et les styles littéraires.

 «L'Abattoir de verre» n'est pas un roman proprement dit, mais un recueil de 7 nouvelles autour d'un personnage commun, qu'on a déjà vu dans certains romans de Coetzee, Élisabeth Costello,  écrivaine Australienne, ici à l'aube de sa vie.

Sept textes composent  l'abattoir de rêves, avec  sept textes indépendants des uns des autres, comme des pièces d'un puzzle  dont la vie qui passe et les souvenirs de  fin de vie  seraient un des fils  conducteur.

" Je dois y songer. Je dois dire cependant que ma préférence va à une solution plus simple: donner ma bénédiction à Pablo et lui rappeler qu'il doit nourrir les chats. Parce que cet arrangement vaut aussi pour lui, si débectant qu'il te paraisse. Il s'agit de lui montrer qu'on peut lui faire confiance, lui à qui la confiance n'a jamais été accordée. Je pourrais écrire un mot au pape lui demandait de veiller sur son serviteur Pablo. Cela  marchera peut être. 
Pablo a une grande dévotion pour le pape, comme tu as du remarquer."

Autour de ce personnage à la santé déclinante, qui  se refuse d'abandonner sa maison de Castille malgré la pression de ses enfants, l'auteur aborde  avec son élégance et sa pertinence habituelles des thématiques comme  l'adultère, la souffrance animale  et la notion de culpabilité, avec pas mal de références littéraires ou philosophiques de haute volée.

Tout n'est pas forcément très significatif  et très accessible dans ce récit peuplé de fantômes et de mélancolie, mais on se laisse totalement happer par la prose enchanteresse du grand romancier sud africain.

 « La vérité vraie c'est que tu es en train de mourir, tu ne peux pas dire non au tic-tac de la pendule » 

 L’Abattoir de verre, par J.M. Coetzee, 
traduit de l'anglais par George Lory, 
Seuil, 176 p., 18 euros.

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