Cela faisait longtemps qu'on s'etait déchirés sur baz art autour d'un film, non? c'est pourtant ce qui nous arrive au sujet du COLD WAR de Pawel Pawlikowski , Prix de la mise en scène à Cannes et sorti le 24 octobre au cinéma.
POUR: Un très beau film magnifique et soyeux !
Cold War, très beau film d’un noir et blanc soyeux . Une histoire d’amour glacée et bouillante à la fois. Un film tout en rupture de ton, un mélodrame mélancolique sur un amour impossible dans une Europe coupée en deux.

CONTRE: Un beau film certes, mais sans aucune émotion et récit !
Pawel Pawlikowski l'a dit notamment en conférence de presse à Cannes: son film s’inspire en partie de l’histoire de ses parents, c'est d'autant plus dur de le critiquer et notamment son manque de souffle et de puissance romanesque
"Cold War" raconte une histoire d’amour se déployant sur une quinzaine d’années, contrariée par la guerre froide mais aussi par les différences de personnalité entre deux protagonistes, sur le papier on en salive d'avance de cette histoire qui va nous déchirer le coeur sauf qu'à l'écran , ce formalisme glacé de noir et blanc particulièrement esthétique et ce format carré qui veut nous donner l'impression que les personnages sont enfermés dans des carcans, laisse une distance réhdibitoire entre le spectateur et le film.
On a l'impression , pendant tout du long du film, que Pawlikowski refuse les carcans et la beauté du mélodrame , dans ce que le genre peut offrir en terme de mise à nu des sentiments amoureux, et ceux de la fresque épique dans son impossibilité à nous faire ressentir l’écoulement des années passées et des conséquences du temps sur les visions différentes du couple .
Le récit comporte beaucoup trop d'élipses, de trous énormes dans la narration, où disparaissent des informations nécessaires pour que le spectateur puisse vibrer et ressentir de l'empathie pour ces personnages dont on a du mal à comprendre les motivations, malgré la beauté et le magnétisme de Johanna Kulig et Tomasz Kotévid.
On est certes contents de voir des têtes connues comme Jeanne Balibar et Cédrick Kahn faire un petit coucou à la caméra mais on se demande encore ce que leurs personnages ont à raconter ..
Le film nous amène à Varsovie, de Varsovie à Berlin, de Berlin à Paris, Yougoslavie, mais l'ensemble parait tellement étriqué et corseté qu'on étouffe constamment dans ce film.
Pawel Pawlikowski mérite certainement son prix de la scène au dernier festival de Cannes car c'est vraiment sa mise en scène qui attire l'oeil, mais niveau scénario et conduite du récit, le bat blesse largement.
Trop d'épure tue l'épure, comme dirait l'autre...
Filou Bazart