Après nos trois polars d'hier matin, si on allait voir également du coté de trois romans en littérature anglo saxonne qui nous ont énormément séduit lors de cet automne qui se termine?

 1 Harold Cummings prend la tengente; Steven BoykeySidley ( Belfond)
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« Mon révèrent, de toute ma vie, je n’ai jamais rien fait qui sorte de l’ordinaire. J’ai résisté à toutes les tentations pendant plus de soixante ans. Et, depuis peu, ça me dégoute, alors j’ai pris la décision, en toute conscience, de m’écarter un peu du droit chemin. Ces deux derniers jours en tout cas. »

Est-ce si excitant d’arriver à la soixantaine, en bonne santé, avec une femme que l’on aime, deux enfants à qui l’on a tout donné, que l’on ne voit qu’une fois par an, ayant eux-mêmes des enfants qui leur font vivre ce qu’ils ont fait vivre à leurs parents ?

Une retraite qui tombe tous les mois, une maison dans une banlieue sans problème est-ce vraiment ce à quoi doit aspirer tout américain moyen ? Mais alors pourquoi ta conduite irréprochable ne te rend-t-elle pas heureux, Harrold Cummings ?

Harold Cummings, si Millie ta chère et tendre épouse s’est absentée quelques jours, ce n’est certainement pas pour que tu deviennes un garnement. Hé oui Harold, quand un homme de soixante ans passés fait une bêtise, il n’y a personne pour l’envoyer dans sa chambre et le priver de sortie.

Prends gaffe, Harold, si ton surmoi s’absente un peu trop longtemps, tu vas au-devant de graves ennuis.

Dieu, la vie, l’amour, les putes, et cette frontière poreuse entre le légal et le délictuel que notre  héros va découvrir en même temps que quelques contusions et ecchymoses.

Si la vie est un roman, c’est un roman tragique où tout le monde fait des choses moches.

 Un roman à l’américaine, simple et efficace qui, sans en avoir l’air, nous dit quelque chose de la triste condition humaine de l’homo erectus dans ce début de siècle.

Steven Boykey Sidley, ancien scénariste d’Hollywood, vient d’écrire un livre qui pourrait être adapté par Woody Allen et Martin Scorcèce réunis : Travis Bickle vs Alvy Singer. Un anti « Pretty woman » salutaire.

 Harold Cummings prend la tangente   Steven Boykey Sidley editions Belfond, octobre 2018

 

2  Dans la vallée, Hannah Kent ( Presses de la cité)

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" Toutes ces histoires de Fairies et de Peuple invisible… Pour sûr, certaines personnes préfèrent se raconter n’importe quoi plutôt que d’affronter la réalité en face. »

 L'Irlande du 19ème siècle, celle des campagnes et de la pauvreté : voilà le décor de ce beau roman d'Hannah Kent, une saga  qui nous plonge dans cette campagne irlandaise avec un soin extrême dans la reconstitution 

Hannah Kent qui  s'est fait connaître avec À la grâce des hommes (Presses de la Cité, 2015),   a construit son  second roman en prenant soin de mélanger avec une grande maitrise fiction aux faits historiques, avec en toile de fond pas mal de croyances et de mythologie, le récit est un bel hommage à la nature et à ses pouvoirs infinis 

Inspiré de faits réels, Dans la vallée  montre à quel point le folklore irlandais était  un système de croyances populaires extrêmement complexe, d’une ambigüité terrifiante.Grâce à un talent de conteuse hors pair, l’auteure fait revivre la vallée et le comté de Kerry. entre malnutrition et misère la plus totale.

La plume de  Hannah Kent  est si finie qu'elle parvient à rendre ces gens de petite condition attachants et souvent poignants.

"Elles cheminèrent en silence  à travers la lande hérissée de rares bosquets d'arbres qui dénduait déjà l'approche de l'hiver. Seuls les buissons de houx conservaient leurs  feuilles sombres et laquées"

L’ensemble sonne si ijuste  tour à tour ombre et brumeux , à l'image de cette campagne irlandaise que Hannah Kent décrit. 

"Dans la vallée" - Hannah Kent - Les Presses de la Cité - 478 pages (traduit de l'anglais (Australie) par Karine Guerre)

3.Les heures rouges, Leni Zumas ( Presses de la cité ) 

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"Une fois l’avortement déclaré illégal, avaient annoncé les membres du Congrès, il y aurait plus de bébés susceptibles d’être adoptés. Interdire l’IVG ne causait de mal à personne, avaient-ils affirmé, parce que les gens qui avaient un utérus défectueux ou sperme anormal pourraient simplement adopter ces bébés supplémentaires.
Mais les choses ne s’étaient pas passées ainsi."

HiSTOIRES DE MÈRES : 
Une n'arrive pas à avoir d'enfant, une autre rêve d'être autre chose qu'une mère, une autre encore ne veut pas l'être aussi tôt, une dernière a eu une fille qui ne connaît pas son existence...

Dans un futur proche aux ETATS UNIS, l’avortement est interdit, les femmes seules sont menacées à court terme de ne plus pouvoir avoir recours à la procréation médicalement assistée ni à l’adoption.

4 destins de femmes vont se croiser dans les Heures rouges dans une Amérique du futur où encore une fois des hommes décident ce qu'il convient de faire du corps des femmes. 

Dans ce récit visionnaire et assez terrifiiant la romancière  Leni ZUMAS nous invite dans la vie de ces 4 femmes avec humour parfois, poésie souvent et revendique, à travers elles, le droit pour chacune de disposer de son corps.

Dur mais Terriblement actuel.