L'ordre des médecins /David Roux, plus fort que Thomas Lilti?
Si on a la nette impression que les films et, davantage encore, les séries, dont l’action se déroule dans le cadre d’un hôpital, plorifèrent de plus en plus ces dernièes années, jusqu'à présent, du moins en France, c'est incontestablement le cinéaste Thomas Lilti dont on a parlé récemment avec sa géniale série Hippocrate.qui a monopolisé le genre avec d'autant plus d'a propos que le type a pour lui la légitimité de la profession
D'ailleurs, David Roux, le réalisateur de L’Ordre des Médecins que nous avons rencontré la semaine dernière sur Lyon juste avant la sortie de son film mercredi dernier, n'a pas nié le fait que la comparaison avec les films de Lilti et notamment avec le premier long métrage de Lilti, le fameux Hippocrate, était sur les lèvres de tout le monde pendant le tournage et la préparation de son film.
Mais paradoxalement, cette référence incontournable avait eu plutôt tendance à le stimuler qu'à le freiner pour réaliser ce premier long métrage, à près de 40 ans et après 15 ans d'expérience en tant que journaliste théâtral. ( rien à voir avec la médecine, pour le coup) ..
En effet, nous a t- il expliqué, le succès des films Thomas Lilti, et la façon dont celui ci traite frontalement de la réalité de l'hôpital, avec ses tensions budgétaires et contraintes d'effectif l'a libéré en lui permettant d'aller davantage vers l'intime et l'humain .
Ainsi, alors que Lilti scalpe les rouages du monde hospitalier, le film de David Roux s’emploie plutôt à décrypter le statut psychologique et social du médecin.
David Roux, qui comme il nous l'a expliqué lundi dernier, avait tendance à arpenter très régulièrement lorsuq'il était minot, les couloirs de l’hôpital où ses parents travaillaient tous les deux comme chirurgiens, et où son frère ainé est actuellement :pneumologue en soins intensifs, s'est largement inspiré de son expérience personnelle.
Alors que Simon le personnage de son film est très largement un parent de ce frère pneumologue, la même profession que le personnage de son film, ce premier long est né d’une situation qu’il a véritablement vécu, lorsque sa mère fut hospitalisée en urgence dans un service voisin de celui ci.
Ayant suivi durant plusieurs jours son frère, pneumologue en soins intensifs, David Roux aborde ainsi, dans le scénario qu'il a écrit dans le cadre d'un atelier de la FEMIS, des situations normalement tragiques aux yeux du commun des mortels, mais que les médecins doivent normalement traiter avec la distance et le professionnalisme nécessaires.
Comment supporter la mort et les maladies d'un proche alors qu'on les fréquente au quotidien? Voilà le - passionnant et assez inédit finalement- thème abordé frontalement par David Roux dans son film.
"L'ordre des médecins montre ainsi que tous, médecins ou autre profession, seront à un moment ou à un autre de sa vie, le spectateur impuissant de la mort de nos parents, et l’angoisse et la douleur seront identiques pour tout un chacun.
Résultat des courses : L'ordre des médecins est un film d'une belle authenticité qui réussit son envie première, à savoir toucher un public sur un sujet plus universel encore que le simple milieu hospitalier- qui déjà a tendance à rassembler les foules, celui de la mort d’un parent proche étape aussi cruelle qu'irréfutable dans une existence, qu'on aurait envie de fuir,.
Une envie qu'aurait tendance à le faire dans un premier temps le Simon du film que joue un excellent Jérémie Renier qui trouve ainsi un de ses meilleurs roles mais c'est toute la direction d’acteurs – seconds rôles inclus, de Zita Hanrot à Maud Wyler ou Alain Libolt qu'il faut saluer.
Plus qu'une oeuvre médicale de plus - comme ont souvent tendance à l'être les films de Lilti, "L’ordre des médecins" est avant tout une très belle chronique familiale que le réalisateur prend soin d’envelopper d'une humilité et une sensibilité vraiment bouleversantes.
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