Classique en poche : Le Maître et Marguerite/ Boulgakov
Quand il arrive en ville, mieux vaut changer de trottoir. N’essayez pas de le contredire, l’avenir il le connait, c’est lui qui le fait. Et gare à ceux qui oseraient nier son existence, ce sera l’exil ou l’asile. Qui ? un renégat ? un despote ? non, le diable, tout simplement.
Dans le roman Le Maitre et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, le "grand roman " de son auteur publié de façon posthume en 1966, le diable débarque à Moscou pour régler quelques affaires courantes qui en disent long de la vanité et de l’orgueil humains.
En enfer il y aura de la place pour tous : est toujours le méchant de quelqu'un et il y a toujours plus méchant que soi. L'hôte des lieux ne négligeant personne, il accueille tous les déchus sans distinction : « il n'y a pas que les légendes, il y a aussi les faits divers ».
"Comprenez donc que si la langue peut dissimuler la vérité, les yeux - jamais ! On vous pose une question inattendue : vous ne tressaillez même pas, en une seconde vous reprenez vos esprits et vous savez ce que vous avez à dire pour cacher la vérité, vous parlez avec une entière assurance et aucun trait de votre visage ne bouge, mais - hélas ! - la vérité, alarmée par la question, ne fait qu'un bond du fond de votre âme jusqu'à vos yeux, - et c'est fini ! On la voit, et vous êtes pris !"
Réécrivant la mythologie manichéiste à l'aune du malin, l'enfer est punitif pour les uns, libérateur pour les autres, Boulgakov vient nous rappeler que les mythes et les légendes ont encore des choses à nous dire, à nous, adultes, à nous, hommes modernes.
Un classique de la littérature russe, drôle et poignante.