MELTEM ( critique) : l'ensorcelante Daphné Patakia au coeur d'un un joli premier long métrage!
Encore une femme à l'honneur en ce 8 mars avec la géniale Daphné Patakia héroine de Meltem de Basile Doganis (sortie le 13 mars en salles)
Meltem, c'est le nom du vent du Nord très dangereux et imprévisible qui souffle en été entre la Grèce et la Turquie.
Ce meltem, il va imprégner le doux visage de Daphné Patakia, héroïne du premier long métrage du franco grec Basile Doganis, actrice assez incroyable découverte par Tony Gatlif dans le déjà impétueux Djam sorti il y a deux ans.
Par rapport au film de Gatlif, où la jeune comédienne, venue d'un peu nulle part, dégageait une sensualité et un côté solaire évidents, le personnage d'Elena, que Daphné joue dans "Meltem" est plus grave et moins inscouciant, car elle porte en elle un lourd fardeau; un passé plus douloureux, et souffre d'une double déchirure aussi bien identitaire que linguistique.
Cette jeune étudiante en école d'hotellerie, française d’origine grecque, débarque en effet sur l’île de Lesbos un an après la disparition de sa mère pour passer les vacances accompagnée de deux amis collegues dans la maison de son adolescence qu’elle espère vendre après ce séjour.
Cependant, en dépit des plages assez paradisiaques qui entourent nos trois compères, les choses ne seront pas si simples car cette demeure reste habitée par son beau-père avec qui la jeune femme a des rapports plus que tendus.
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Pour son premier long métrage, qui fait suite à deux courts-métrages remarqués, Le gardien de son frère en 2012 et Journée d’appel en 2014, portant sur les questions d’identité, Basile Doganis propose une oeuvre touchante et tendre qui prolonge ces mêmes thématiques en abordant avec finesse les identités diverses qui composent un individu et en font toute sa complexité.
A travers le cheminement d'Elena, le film sonde en effet les liens humains qui font qu’on se sent appartenir à un pays, celui qu’on quitte ou celui qui nous accueille , une refexion qui prendra une tournure encore plus profonde avec l'arrivée dans ce trio d'un jeune réfugié palestinien ( joué par l'étonnant Karam Al Kafri, un vrai refugié politique au regard si déchirant) qui fait toucher du doigt le spectateur des difficultés rencontrées par les migrants.
Cette rencontre impromptue va bouleverser la perception du monde d'Elena et de celle de ses amis, qui vont être obligés de regarder de plus près la crise économique et migratoire qui touche profondément le bassin grecquo- turc.
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Avec les personnages des jeunes amis d'Eléna qui apporte un contrepoids plus humoristique, le film joue sur un mélange de tonalités et une hybridité des registres qui pourrait rebuter mais qui fonctionne bien grâce à une interprétation sans faille ( on notera aussi dans le casting du trop rare et toujours impeccable Féodor Atkine,) et une belle écriture qui opère ces changements de ton sans coup férir .
Ne passez pas à coté de ce joli récit d’apprentissage qui aborde l'héritage filial et culturel que l'on transmet et que l'on reçoit, même si le film de Basile Doganis risque de ne pas beaucoup etre à l'affiche, à partir de mercredi prochain, embouteillage des sorties oblige...
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En tout cas, on gardera un oeil averti sur la suite de la carrière de ce jeune cinéaste franco grecque et bien évidemment sur celle de l'épatante Daphné Patakia!!