Critique : SUNSET : l' expérience totalement désagréable de Lazlo Nemes...
En 2015, Le Fils de Saul entraînait tous ceux qui l'avaient vu dans un voyage éprouvant et mémorable, suivant, à l’aide de longs plans-séquences, le parcours d’un prisonnier du camp de concentration d’Auschwitz, des dortoirs crasseux jusqu’aux tranchées servant de charniers.
Ce premier film, signé par un cinéaste hongrois alors débutant, un certain Laszlo Nemes, avait remporté le Grand Prix du Jury à Cannes et l’Oscar du Meilleur Film Etranger.
De quoi permettre au cinéaste hongrois de se lancer sans difficulté dans un nouveau projet, mais aussi de lui coller une pression phénoménale sur les épaules, car ce second film était forcément attendu au tournant.
Ce second film c'est Sunset, qui sort en salles le 20 mars prochain, dans lequel et Laszlo Nemes opte à peu près pour le même procédé, suivant le personnage principal dans une ville de Budapest labyrinthique, en 1913.
Nemes plonge le spectateur et son héroïne Irisz Leiter au cœur de l’empire austro-hongrois, après avoir passé son enfance dans un orphelinat. Son rêve de travailler dans le célèbre magasin de chapeaux, autrefois tenu par ses parents, est brutalement brisé par Oszkar Brill le nouveau propriétaire.
La caméra est constamment sur les talons de l'héroïne laissant voir autour d'elle des fragments du chaos d'une ville en pleine tourmente ( on est juste alors avant le début de la Grande Guerre).
Le film part d'une bonne idée de départ, à savoir la chute de cet empire Austro Hongroois au début du 20è siècle, la rivalité de Budapest et de Vienne et les mouvements anarchistes, mais hélas, trois fois hélas, le résultat à l'écran s'avère assez irregardable au bout des très longues 2h20 que dure le film.
Au final, Sunset s'avère vite prétentieux et difficilement regardable: elliptique lorsqu'il il faudrait qu'il soit didactique et lourdement démonstratif quand on attend qu'il soit joliment métaphorique.
L'image tremblotante et des focales qui font des flous pas du tout artistiques comme idées de mise en scène sur ces 140 minutes ne donnent au final qu'un résultat assez désastreux au pauvre spectateur qui n'en peut: celui de récolter la migraine et la conjonctivite réunies.
L'actrice principale ( la pauvre Juli Jakab), qui est de tous les plans, semble aussi perdue que son personnage et que nous et semble presque en oublier de jouer...
On la facheuse impression, pendant toute la durée du film ( que c'est long, et comme on a le temps de penser) que Laszlo Nemes se donne beaucoup de mal pour paraitre plus intelligent que le spectateur et l'assommer de scènes fumeuses et abstraites, un peu à la manière de Godard ou de Léo Carax dans leurs mauvais jours...
Une vraie expérience de cinéma, qui pourra plaire à ceux qui aiment ressentir un film , mais pas de manière agréable du tout..
Contrairement au fils de Saul, qui restait une expériences marquantes de cinéma qui marque durablement la mémoire du spectateur, ce qui reste en mémoire c'est notre propre agacement devant le film..
A cette soupe indigeste et pédante, préférez largement Sibel, film lumineux solaire et fédérateur..
Bande annonce : "Sunset" de László Nemes
Film vu dans le cadre des avant premières des cinémas lumières du lundi soir