Le démon de la croisette :la sortie de route d'Harwey Weinstein vue par son chauffeur
"Je me sens libéré d'un poids . Harvey Weinstein n'est plus une menace. il a perdu sa toute puissance il est aux abois. La compassion que j'avais ressenti pour toutes ces femmes martyrisées insultées, trompées, qu'il m'était arrivé de transporté, sans mesurer toujours ce qu'elles traversaient, revient m'envahir comme une onde de choc."
Entre 2008 et 2013, Mickaël Chemloul a été le chauffeur attitré d'Harvey Weinstein lorsque celui-ci séjournait sur la Côte d'Azur et notamment pendant la quinzaine cannoise.
Dans le « démon de la Croisette" (paru en octobre dernier aux éditions Baker Street mais qui refait forcément l’actualité en cette semaine cannoise), Mickaël Chemloul partage son expérience de six années au service du producteur de "Pulp Fiction" de The Artist ou du Patient anglais", un être pour le moins démoniaque, dans un livre confession aussi éprouvant que troublant.
Le chauffeur explique tout au long de ce saisissant témoignage la tension qu’il a ressenti pendant ces 6 années où il était au service, et mêmes aux ordres le prédateur sexuel qu’est Harvey Weinstein aussi autoritaire que pervers.
De l’Hôtel Majestic à l’Eden Roc, des boites de nuit les plus hypes aux bateaux les plus majestueux, entre signatures de contrats mirobolants et parties (pas vraiment) fines, rendez vous avec des escorts ou des jeunes actrices victimes pas vraiment consentantes, le nabab déchu apparait ici aussi infâme qu’odieux, mais tout le monde semble complètement sous son bon vouloir et à sa disposition.
"D'un mouvement du menton, M Carlos manifesta son irritation: - qui est ton client?
pour le pousser à parler, j'indiquai le fameux surnom :
- on l'appelle " gros porc " depuis les années 90, j'aimerais bien savoir pourquoi... La table s'esclaffa, à part François tout le monde paraissait au courant..."
Celui qui est décrit, avant même que Chemloul ne travaille pour lui comme un « gros porc » et un ogre sexuel totalement insatiable, adepte de drogues et sextoys, semble cependant fasciner son chauffeur.
Le regard que Michaël Chemloul porte sur Weinstein parait assez ambigü, même après les terribles épreuves qu’il a pu lui faire subir (il est tombé en burn out suite à une agression physique violente commise par Weinstein, mais sa plainte n’a pas pu à ce jour, être déclarée recevable)..
Une sorte de syndrome de Stockholm qui ne dit pas son nom, mais qui peut se comprendre vu à quel point Weinstein faisait la pluie et le beau temps de l'industrie cinématographique du temps de sa splendeur.
On imagine ainsi parfaitement que ce livre témoignage, qui n'a pas, reconnaissons le, une immense valeur littéraire (malgré l’apport du romancier Vincent Colonna pour mettre de l'ordre dans les souvenirs du chauffeur) et qui n'échappe pas toujours au piège du sensationnalisme, a comme vertu principale une dimension libératrice et cathartique indéniable pour son auteur.
Rien que pour cela et aussi pour en apprendre aussi un peu sur le monde méconnu et mystérieux des chauffeurs de stars ( la "chauffe" comme il est dit dans le livre), ce "Démon de la croisette" mérite assurément d’être lu, malgré le caractère abject de son personnage principal le décidement très peu fréquentable Monsieur Weinstein .
Le démon de la croisette/ Michael Chemloul ( éditions Baker Street)
À noter que dans l’émission 23 mai dans "Complément d'enquête" prévu le jeudi 23 mai sur France 2, Mickaël Chemloul aura l’occasion de témoigner dans un reportage sur Harvey Weinstein.