Le festival d'animation Annecy, qu'on suit depuis quelques jours désormais, ce n'est pas que les compétitions officielles dont nous parlons depuis lundi mais aussi plein de projections parrallèles, entre courts métrages et longs métrages découvertes du cinéma d'animation et on a pu glisser à quelques séances pour vous en parler, dont deux concernant l'animation japonaise, particulièrement mise à l'honneur cette année :
1/Annecy Classics, János Vitéz
Dans le cadre d'Annecy Classics, Les spectateurs du festival ont pu découvrir l'épopée romantique un rien psychédélique du réalisateur hongrois Marcell Jankovics.
Restauration 4K par l'Archive Nationale de Hongrie, étalonnage supervisé par Marcell Jankovics.
Ce film raconte les aventures extraordinaires du jeune berger János Vitéz, qui abandonne son village natal pour rejoindre une compagnie de hussards en route pour la France, afin de mieux combattre l’invasion turque
Avec très peu de dialogues, des dessins très stylisés, une palettes de couleurs très étendue et une galerie de personnages mythologiques à la forme changeante, "Jànod Vitéz" le premier film d'animation hongrois, est un magnifique voyage.
Il s’agit d’une commande officielle, destinée à commémorer le 150 ème anniversaire de Sandor Petofi, poète national.
Romantique et touchant, le film, qui date pourtant de 1973, n'a pas pris une ride et propose un voyage d'une poésie et d'une beauté formelle rare.
2/ Hommage à l'animation japonaise : Anime Tamago
Le vrai nom d'Anime Tamago est le Young Animator Training Program. Il s'agit d'une initiative lancé en 2010 par l'Agence aux Affaires Culturelles du Japon.
Cette année, ce sont trois courts métrages, respectivement "Hello WeGo!" de Masuyama Ryouji, une belle histoire d'accomplissement d'un enfant timide grâce à son robot assistant, "Chuck Shimezo"de Nishiyama Eiichiro, une histoire autour d'un petit démon, Shimezo, qui peine à s'intégrer dans sa famille de démons fermeurs de fermetures éclairs et d'un jeune garçon qui a du mal avec sa petite sœur qui monopolise l'attention.
Le dernier film, Enigmon est aussi un film qui met en scène un frère et une sœur enfants. Cette fois-ci, c'est un peu comme si Toy Story avait traversé le Pacifique : des jouets, ou plutôt des portes bonheurs, prennent vie devant les yeux des jeunes enfants et redeviennent des objets inanimés quand ils grandissent.
Des jolies productions donc, très tournées vers la jeunesse et le marché télévisuel. Si le but d'Anime Tamago est de donner les moyens à de jeunes réalisateurs et réalisatrices encore en études de s'exprimer, c'est une vraie réussite ici, bien qu'on puisse regretter qu'au bout du compte, les propositions restent finalement très conventionnelles.
3/ Modest Heroes/ Studio Ponoc
Le studio Ponoc, qui vient d'ailleurs de signer avec le comité Olympique pour faire le film des prochains Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo, a présenté cette année trois courts métrages lors d'une séance savamment intitulée "Modest Heroes".
Ces trois histoires décrivent des quotidiens dans lequel advient un évènement dramatique qui pousse chacun des protagonistes à se dépasser, à devenir un "héros" de son quotidien.
Ainsi, Yoshiaki Nishimura, fondateur, PDG et producteur du studio Ponoc est venu présenter en séance spéciale à Annecy :
- Kanini & Kaninod'Hirosama Yonebayashi : court métrage très ghibliesque dans son traitement qui raconte l'histoire d'une famille de petits êtres humanoïdes vivants dans une rivière. Deux enfants doivent seuls faire face à la dangerosité de leur monde après la disparition de leur père.
- Life Ain't Gonna Losede Yoshiyuki Momose : ce court métrage vient raconter de manière juste et touchante le quotidien d'un jeune garçon très allergique aux oeufs. Complètement passif face à sa maladie qu'il voit comme une fardeau lourd à porter, le jeune garçon, dans une situation de crise, devra changer d'attitude.
- et enfin notre coup de coeur Invisible d'Akihiko Yamashita, de loin : le court métrage le plus rejouissant de cette sélection. Il s'agit d'une belle proposition de cinéma. Un jeune homme invisible, en plus de cette première tard, a la particularité de ne pas avoir de poids. Il doit donc sans cesse être tenu par quelque chose de lourd pour se maintenir au sol. Son invisibilité l'a rendu famélique.
Après une rencontre étrange, il va devoir pour la première fois se servir de son don et non le subir. En plus d'être originale, cette histoire est très bien mise en scène, le spectateur comprend la solitude et le dépit du jeune homme.
La détresse et la faim dans laquelle il se trouve, alors même qu'il n'a ni visage ni main, seulement des habits flottants, happe le spectacteur. Le climax dégage une vraie tension et son montage est très efficace.
Enfin, ce film est particulièrement appréciable quand on sait le pari qu'il représente pour son réalisateur, un homme qui sait fait connaître pour ses designs de personnages
4/Spike et Mike
Cette année encore, Annecy fait honneur au deux baroudeurs de l'animation qu'on va qualifier de "non conventionnelle" (pour ne pas rentrer dans les détails), à savoir Spike et Mike.
En effet, les deux hommes et leurs festival ont droit à leur documentaire en séance spéciale : "Animation Outlaws" de Kat Alioshin (pour la petite anecdote, la réalisatrice les a rencontré en les aidant dans leur tractage sauvage pour faire connaître leur festival), mais aussi dans les "Midnight Specials" avec deux séances du Spike and "Mike Sick and Twisted Animation Festival".
Si certains des courts métrages sélectionnés ont déjà été vu par le passé, un bon nombre de nouveaux venu viennent s'ajouter au riche catalogue.
On notera toutefois que la qualité des films, leurs résolutions surtout, laissent parfois à désirer et peuvent gêner un peu le spectateur, mais en même temps, ça fait partie du jeu et surtout la forme colle au fond...
Restauration 4K par l'Archive Nationale de Hongrie, étalonnage supervisé par Marcell Jankovics.
Ce film raconte les aventures extraordinaires du jeune berger János Vitéz, qui abandonne son village natal pour rejoindre une compagnie de hussards en route pour la France, afin de mieux combattre l’invasion turque