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19 août 2019

Critique : Le déserteur, un OFNI québécois sombre et splendide

 

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  Les spectateurs français ont quasiment tous entendu parler pour la première fois du cinéaste québécois Maxime Giroux en 2015 avec son troisième long métrage, Felix et Meira, fort belle histoire d'amour contrarié qui avait connu un immense succès au box office québécois, dépassant même en termes d'entrées le phénomène "Mommy" de Xavier Dolan.

Maxime Giroux nous revient sur nos écrans en cette rentrée 2019 avec Le Déserteur (qui sort en salles ce 21 août) , sorte de cauchemar éveillé, situé entre le road-movie et le western, avec une odyssée qui se déroule en temps de guerre à une époque  assez indéterminée (même si quelques indices donnerait  à penser qu'on se situe dans les années 60)

On suit un anti héros,  Philippe,  déserteur québécois et imitateur de Charlie Chaplin qui a fui Montréal pour se réfugier dans un Ouest américain assez peu hospitalier, que ce soit par son paysage, à la nature aride et hostile, ou par les individus qui l'habitent, lâches, sournois, violents, vicieux où tout à la fois .

 

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Au cours de son rugueux périple, notre Philippe/ Charlot  ne va pas tarder à découvrir que  la cruauté de l’humanité ne se limite pas, malheureusement pour lui,  aux champs de bataille.

Le film nous montre également la face obscure du rêve américain au cours d'un parcours initiatique semé d’embûches et de rencontres qui vont façonner la personnalité du protagoniste, un personnage au départ aussi candide que le Charlie Chaplin qu'il imite et qui va gagner en vices et en méfiance au fil de ses différentes  rencontres.

Rompant avec la narration classique pour embrasser une sorte de rêve éveillé, "le Déserteur"  est un film contemplation prend largement le dessus sur l’action et la narration.

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Cette oeuvre pour le moins atypique s'avère être assez exigeante et radicale dans son approche  puisqu'il emprunte la forme d'une fable assez métaphorique, et si le film est assez intemporel, on peut tout à fait y voir une  allégorie de l'amérique de Donald Trump que son cinéaste dit execrer dans le dossier de presse .

Avec son titre français, le  déserteur (qui fait forcément penser à la chanson anti mitilariste de Boris Vian), on pourrait penser à un pamphlet contre la guerre, mais cela serait une fausse piste.

En fait, le titre original du film  est La grande noirceur,  et ce titre, plus fidèle à l'ambiance du long métrage, ne ment pas sur la volonté du cinéaste de sonder au plus près la noirceur de l'âme humaine.

Il le fait parfois en accentuant la dimension  manichéenne de ses situations et de ses personnages, mais c'est aussi dans le but de montrer qu'au bout du compte l’espoir, l’humanisme et la liberté sont les valeurs plus importants de tout être humain .

 

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L'oeuvre est avant tout splendide visuellement parlant, avec un gros travail sur le cadre, la lumière  et une mise en valeur optimale de  décors naturels somptueux, nous offrant des images qui ne s'oublieront pas de sitôt,  et à ce propos, on ne peut que saluer le formidable travail de la directrice de la photographie Sara Mishara.

On pense parfois aux films de de Paul Thomas Anderson, notamment There Will Be Blood  etThe Master , ou encore aux "12 years a slave"  de Steve Mc Queen,  ce qui prouve le niveau d'ambition du projet .

Oeuvre parfois un peu trop cérébrale et confuse  (c'est sa limite principale),  cette tragédie burlesque  bénéficie  en revanche d'un casting aussi hétéroclite que talentueux.

Autour du local  Martin Dubreuil- déjà présent dans Felix et Meira-  parfait dans le role du faux Chaplin,  on y croise des acteurs bien connus chez nous, comme Romain Duris,impressionnant. en tortionnaire totalement allumé, Reda Kateb, faux jeton qui cache bien son jeu ou encore la chanteuse comédienne Soko, dans un rôle de femme chien, qui résume à lui tout seul l'incongruité et la singularité du projet... 

Voilà donc un véritable OFNI à conseiller à tous les amateurs de cinéma libre et décomplexé, une curiosité idéale pour cet été.









 

 

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