Théâtre/ Les Sorcières de Salem aux Célestins : la chasse aux sorcières version Arthur Miller n'a pas pris une ride
Révélations mensongères, délations, faux aveux... Les Sorcières de Salem rapellent tout ce qui, partout rélève, aujourd’hui d’une « Chasse aux Sorcières »
”Si les gens ont peur c’est qu’ils sont coupables.”
« Ce que nous savons, c’est qu’en chacun de nous il y a prise aussi bien pour Dieu que pour le Diable. Dans nos âmes, les routes du bien et celles du mal se coupent et se recoupent à l’infini. » Arthur Miller, Les Sorcières de Salem
Ce fut une courte période et pourtant le sénateur McCarthy a laissé une empreinte brulante comme un fer rouge dans l’histoire contemporaine des Etats-Unis. Durant deux années, 1953 et 1954 une commission,présidée par le sénateur, traque et soumet à des enquêtes et des interrogatoires des milliers de citoyens américains.
Véritable tribunal d’inquisition, chaque accusé doit prouver qu’il est un bon américain, c’est à dire ni communiste, ni homosexuel et bon chrétien. C’est dans ce contexte délétère qu’Arthur Miller écrit “Les sorcières de Salem”.
Le dramaturge s’empare d’un épisode le plus terrible de l’histoire de la Nouvelle-Angleterre pour attaquer de front Joseph McCarthy. Salem 1692 dans cette petite commune sans histoire des centaines de personnes sont accusées de sorcellerie et vingt d’entre elles seront condamnées à mort au terme de procès sordides.
Métaphore à peine déguisée de la politique du sénateur cette pièce eut un succès foudroyant et contribua à une prise de conscience générale dans le pays.
Et cette pièce n’a pas pris une ride. Dans un monde actuel gouverné par Trump ; ses fakes news et autres mensonges éhontés, cette pièce reste terriblement d’actualité.
Au Théâtre des Célestins, ils sont dix sur scène- beaucoup de monde sur scène, ce qui devient assez rare et qui est très agréable pour le spectateur- pour défendre le texte d’Arthur Miller, pour donner à voir un monde devenu fou où l’hypocrisie et la vengeance font loi.
Comédiens talentueux ( dont Elodie Bouchez, remis en selle depuis le succès de Pupille au cinéma, étonnante dans un rôle ambigü, mise en scène efficace, anti naturaliste au possible, pour nous parler de puritanisme, d’intolérance, de la peur de l’autre, de délation, de fausses rumeurs et de vrais mensonges.
Une pièce écrite en 1953 et pourtant étrangement d’actualité.
Les Sorcières de Salem - Du 2 au 10 octobre aux Célestins