"Les filles riaient en passant des sticks de baume sur leurs lèvres ou mettaient leurs mains en visière pour regarder dans le lointain des explosions mystérieuses qui illumineraient l'horizon de lueurs roses synthétique"
Après Crans-Montana (JC Lattès, 2015), et le formidable Summer, Monica Sabolo- qui a changé en cette rentrée 2019 d'éditeur, passant de JC Lattès à la blanche de Gallimard- poursuit le travail entrepris dans les deux premiers romans avec une exploration des mystères adolescentes baignées dans une une ambiance onirique traversé de longues envolées lyriques à la nature.
Après la montagne et le lac, c'est la forêt qui sert de décor idéal pour le genre du roman « gothique » auquel elle rêve de s’essayer – parmi ses modèles, elle cite Bellefleur, de Joyce Carol Oates (Stock, 1980).
Comme Laura Kasischke , auquel on pense toujours quand on lit ses romans, Sabolo prend le pretexte d'une peinture d'adolescentes fascinantes et mystérieuses pour mettre en mots la montée en puissance de l’étrange et d'une tension d'abord imperceptible puis insubmersible,
"Je m'approchai de Baby mais elle s'échappa. Elle traversa la salle, se faufilant entre des hommesqui s'écrataient sur son passage sans cesser de discuter puis se resseraient à nouveau autour d'elle. "
Comme dans ses deux précedents romans, on aime la force évocatrice que fait surgir Monica Sabolo.
Cependant, contrairement à ses romans- ceux de Kasischke bien sur, mais aussi "Crans Montana" et surtout "Summer " - cet Eden déçoit un peu sur la longueur : les personnages manquent cruellement de profondeur , ils nous échappent tellement, qu'au final on ne sent pas beaucoup d'intéret à les suivre.
Les descriptions de la nature sont toujours aussi belles, mais cette forêt semble finalement moins envoutante que le Lac Léman de Summer.
Bref une petite déception de cette rentrée littéraire car on attendait beaucoup de Cet Eden qui promettait monts et merveille.