Critique d'album :Izïa Higelin franchit joliment sa Citadelle
Et si après le grand Jacques H on parlait un peu de sa si talentueuse fille, Izïa ? Une Izïa Higelin qui revient particulièrement en force dans l'actualité culturelle en ce mois d'octobre.
Elle, qui assume de front sa carrière musicale avec son beau parcours de comédienne, amorcé avec le Mauvais Genre de Patrick Mille il y a quelques années, continue à tracer sa route dans le 7eme art, où elle a imposé son jeu tout en fraicheur et en énergie.
A l'affiche de Debout sur le Montagne, le beau film de Sebastien Betdeber dans lequel elle montre une belle fragilité, elle est surtout sous les feux de l'actu musicale avec "Citadelle", son quatrième et assurément meilleur album à ce jour.
Après un premier album très rock qui aurait pu rebuter ceux qui ne sont pas forcément à fond derrière les guitares saturées et les voix hurlantes, et un virage electro pop moyennement convaincant dans ses deux albums suivants, sa "Citadelle" est assurément une franche réussite.
On l'aime cette oeuvre intense, intime et dans lequel Izia semble enfin s'assumer dans les différentes facettes de sa personnalité.
Avec cet album, enregistré et écrit à Calvi, sa ville de coeur que son père Jacques Higelin avait déjà honoré en chansons, l'artiste trouve un équilibre parfait entre ses deux univers de prédilection que sont l'électro-pop et l'esprit rock.
La conception de cet album l’aura forcément remué puisque ces deux dernières années l'auront vu porter son enfant et le deuil de son père et ces deux extrêmités forment les pôles émotionnels de ce disque qui entremêle avec énormément de talent liens du sang et liens du cœur.
Izia Higelin a conçu son album comme " une leçon de vie", sur ce que l'on traverse , sur ce dont on remet, convaincue que seule la bienveillance et l'empathie peuvent sauver l'humanité ."
Pour ce faire, Izia, portant haut la trentaine, s'est accompagnée d'artistes qui font partie de sa famille musicale pour l'accompagner sur cette Citadelle, avec à sa tête Bastien Burger le fidèle complice, Lescop et Fred Poulet pour quelques textes.
Pareil pour les deux beaux duos deux artistes qu'elle aime particulièrement, Jeanne Added et Dominique A pour un duo " Esseulés", bijou synthétique de fort belle tenue.
Si la direction musicale convoque cordes lyriques et claviers virevoltants, la grande nouveauté de la new Izïa Higelin réside sans doute dans l'écriture.
En effet, pour la première fois de sa carrière musicale, Izïa Higelin chante tout un album dans sa langue maternelle le français.
De fait, elle parvient ainsi à aller dans l'introspection la plus sincère possible, tout en n'hésitant pas à jouer avec les mots, ou bien se mélanger à la voix de son frère, Arthur H, sur Les Sentiers, beau morceau qui raconte la fuite de jeunes filles menacées par la folie des hommes et qui rend hommage au courage du sexe dit faible.
Bien sûr, le fantôme de son père Jacques hante ce disque, Izïa l'évoque tout en subtilité et intelligence sur plusieurs morceaux, comme Dragon de Métal ou Idole, à l'instrumentation épurée qui évoque ces statues devant lesquelles on dépose des offrandes pour tenter de sauver ceux qu'on aime et qu'on sait malades .
Izïa Higelin a connu un début de carrière fulgurant.
Avec ce fulgurant "Citadelle paru le 11 octobre 2019, disque, qui n'ayons pas peur des formules toutes faites, est sans doute " le disque de la maturité", Izia irradie de sa personnalité libre, terriblement humaine et toujours aussi unique.
Izïa, Citadelle (Barclay). Depuis le 11 octobre 2019
En tournée, notamment le 11 décembre à la Cigale , le 1er avril 2020 à l'Olympia et le 4 décembre 2019 au Transbordeur de Lyon/ Villeurbanne .