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Maudite Shaïn est revenue

Au premier  plan il y a cet intérieur : salon moderne, chic et aseptisé, cocon de verre où rien ne dépasse, dans lequel évolue un couple qui ressemble au décor ; impeccable et convenu. Derrière la baie vitrée un dehors allégorique qu’on ne connait que par l’évocation qu’en font les personnages: une pluie incessante et hors saison, des oiseaux obsédant qui n’en finissent pas de planer, des nuages teints de rouge depuis que…et cet enfant sans nom, qui joue au bord de la route, irrésistiblement attiré par l’endroit où…

Pour mettre des mots sur ces points de suspensions, la Compagnie du Risque nous fait entrer dans la pièce de Koffi Kwahulé au moment où déferle la vague : après des années de disparition, la grande sœur revient à la ville natale, avec la ferme intention de soulever la poussière et de déterrer les cadavres enfouis sous le bitume.

LOdeur-des-Arbres-©Le-Théâtre-du-Risque-380x213

Europénie, 19…

Encrant son récit dans un non-lieu : l’Europénie, à une non-date : mille neuf cent quelque chose, le dramaturge Koffi Kwahulé ouvre au plus large notre imaginaire. Dans cette dystopie on navigue entre une mythologie antique, une actualité politique brûlante, tout en baignant dans les remous intemporels des rapports humains, des humains d’une même famille qui plus est.

De parricide en sépulture bafouée, comment ne pas penser aux héros de Sophocle, d’Œdipe à Antigone ? De malversations financières en questionnement d’identité et de légitimité, comment ne pas y voir des problématiques toutes contemporaines ?

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La scénographie, elle aussi lourde de sens laisse d’abord peu de place à la rêverie et les acteurs semblent eux même entrer avec difficulté dans cet écrin de verre. Mais le huis clos des mots de Kwahulé fait bientôt son effet, faisant presque oublier la pesanteur du décor et la première froideur du jeu. Nul besoin de vouloir signifier ou souligner d’avantage, le texte emporte avec lui ses sens,  à la fois intellectuel et sensible.

C’est avec la volonté de « décrire minutieusement tout le spectre social français » que la Compagnie du Risque s’empare du texte de Kwahulé « L’odeur des arbres », dans le cadre d’un projet de trilogie avec les deux autres pièces Nema et La Mélancolie des barbares pour 2020-2021. Une tragédie contemporaine à suivre donc…

 

Le Théâtre du Risque - Compagnie de théâtre contemporain - Grenoble

. Studio de répétitions 29 Rue des Glairaux, 38120 Saint-Egrève Découverte & Initiation À partir de 8 ans Horaires Lundi de 18H à 19H30 Tarifs 280€ - Adhesion comprise Pour les plus jeunes, un module par trimestre d'initiation aux techniques théâtrales de base : Corps et espace / Voix et interprétation / Personnages.

https://www.letheatredurisque.com

 L’odeur des arbres, de Koffi Kwahulé

Par la compagnie Le Théâtre du risque, mise en scène Sébastien Geraci

Spectacle vu au Théâtre Prémol, Grenoble, novembre 2019