THE IRISHMAN / J'ai tué Jimmy Hoffa: le livre préférable au film?
Qui aujourd'hui, parmi la jeune génération, sur le « vieux continent » qu'est l'Europe , a une idée précise de qui était « Jimmy Hoffa » ?
Adaptation du récit " J'ai tué Jimmy Hoffa " de Charles Brandt, "The Irishman", disponible exclusivement sur Netflix signe le grand retour de Martin Scorsese au film de mafia et nous permet de mieux appréhender cette figure essentielle du syndicalisme américain. Malheureusement, la version cinéma de Scorsese nous a - nettement- moins convaincu que le livre dont il est inspiré.
Son casting de prestige comptant Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci, le rajeunissement numérique par la technique du " deaging" , le fait qu'il ne soit pas projeté en salles en France, le fait que la production ait du débourser plus de 150 millions de dollars, et les 3h30 du film auront en tout cas fait couler beaucoup d’encre et beaucoup de post sur les réseaux sociaux et donnaient des espoirs solides qui s'écroulent à la vision de ces très longues heures .
Après avoir vu le film sur Netflix et lu le livre de Charles Brandt, on se demande si la lecture n'a pas été un meilleur moment que le vision de ce film, très longue et assez ennuyeuse.
Le livre et le film parlent d'Hoffa certes, mais suivent surtout le parcours Franck Sheeran dit « L'Irlandais », un tueur à gages de la Mafia à Philadelphie (entre autres). Celui ci a confié son histoire à Charles Brandt, au crépuscule de sa vie et s'attribue l'enlèvement et l'assassinat de Jimmy Hoffa, ex-leader syndical des Teamsters (le puissant syndicat des camionneurs aux US).
Disons que le livre nous permet de nous faire une idée sur qui était vraiment Jimmy Hoffa, avant son assassinat, autrement dit un homme aussi complexe que charismatique, qui a su marquer son époque.
Le livre retrace parfaitement le parcours de vie de Jimmy Hoffa, ainsi que celui d’un certain Franck Sheeran dit « l’Irlandais » et on apprend plein de choses ( trop?, car tout n'est pas très clair) sur la peinture complexe du monde syndical américain des années 50-60 et son lien étroit avec la politique et la sphère mafieuse .
Un tueur à gages de la Mafia qui confie son histoire à Charles Brandt, mais qui n’a pour autant jamais avoué son crime au tribunal.…
Avec le livre de Charles Brandt, on découvre les grandes lignes de l'existence de ce personnage d'une envergure et d'un charisme extraordinaire,à travers les yeux de son homme de main, qui lui, finalement est un homme assez banal et qui ne fait qu'exécuter les ordres qu'on lui donne sans vraiment réfléchir aux conséquences .
Ce livre « J'ai tué Jimmy Hoffa » de Charles Brandt) ( édité aux éditions Le masque à l'occasion de la sortie du film sur Netflix) constitue un excellent matériel de base porté par des faits réels bien documentés , les deux oeuvres se concentrant surtout sur les liens entre Franck Sheeran et Jimmy Hoffa.
Mais le film déçoit, loin des grandes réussites du maitre Scorsese ( dont la dernière pourrait bien être les Inflitrés en 2006, sa dernière incursion dans une période contemporaine soit dit en passant). En effet, avant l'arrivée d'Hoffa- Al Pacino- au bout de presque une heure de film, on a l'impression que rien de bien interessant n'est montré à l'écran.
Un des gros problèmes du film est quand même cette idée de rajeunissement en effets spéciaux.
Ce procédé fige le jeu des acteurs,. laa morphologie des corps des acteurs et la manière dont ils bougent ne correspondent pas parfaitement au visuel de leur visage, et tout cela se voit beaucoup et détourne l'attention du spectateur.
Par ailleurs, beaucoup de personnages et d'acteurs qui figurent dans le livre sont ici mal exploités et sont assez incompréhensibles à l'histoire, même quand on a lu le livre, on pense à ceux joués par Harvey Keitel ou Bobby Carnavale .
Malgré des décors soignés,et une dimension historique intéressante, le film ne convainc jamais vraiment - sauf peut etre dans sa dernière demi heure, qui assume vraiment le côté testamentaire de son histoire.
Il faut dire que même s'il est à l'intiative du projet, le jeu de Niro a du mal à surnager, donnant même parfois l'impression de s'auto-caricaturer. heureusement Al Pacino,en Jimmy Hoffa et Joe Pesci revenu de sa longue retraite grâce à l'insistance de Scorsese s'en sorte mieux ( notamment Pesci en parrain calme, posé, presque bienveillant :loin de ses prestations hallucinées dans les autres fims avec Scorsese
Bref, on est loin des Affranchis ou Casino.
Alors, certes grâce au film, qui a explosé les chiffres d'audience sur Netflix, la popularité de l'histoire de Hoffa va remonter en flèche et tous réapprendront à connaitre mieux qui était Jimmy Hoffa, et cela est forcément salutaire, mais pourquoi ne pas plutôt aller voir du côté du solide ouvrage de Charles Brandt que du film du pourtant immense Martin Scorsese .