A l'occasion de la sortie du film Revenir de Jessica Palud, sorti ce mercredi 29 janvier en salles, nous avons rencontré jeudi dernier la jeune cinéaste venue sur Lyon le présenter.
Quelques propos parmi les plus marquants de cet entrevue riche et passionnant !
"Pour écrire le film, je suis parti du livre de Serge Joncour, car il y a avait dedans pas mal de sujets qui me touchaient- la famille, les non dits, la transmission, le monde rural en déshérence, l'isolement- mais je l'ai adapté très librement.
En concertation avec Serge Joncour qui a beaucoup apprécié la version finale, j'ai notamment modifié pas mal de choses qui pouvaient trop faire penser au film de Xavier Dolan jusqu'à la fin du monde tiré lui meme d'une pièce de Jean Luc Lagarce, j'ai finalement conservé quelques personnages et le décor du milieu rural, mais tout le reste a été réécrit avec l'iade de Philippe Lioret et de Diastème"
"J’aime le romanesque, j’aime que du social on puisse dériver vers la poésie.
Je tente de défendre un « naturalisme poétique cher à Renoir ou à Philippe Lioret avec qui j'ai commencé à travailler comme assistante réalisatrice. Moi, ce que j'aime avant tout au cinéma c'est raconter des histoires ».
J'ai rencontré pas mal de personnes venues du milieu rural, non pas dans la Drôme où le film a été tourné mais plus dans la Sarthe, j'ai longuement conversé avec eux et ce qu'ils m'ont raconté m'ont profondément touché dans ce que j'ai de plus intime ."
"Les personnages de Revenir s'aiment certainement, mais ne savent pas se le dire d'autant plus quand la mort et la maladie ont laissé fortement des traces. "
La scène dans la boue a une raison d’être psychologique, et un fort caractère d’urgence : s’ils font l’amour, c’est à ce moment-là, dans ces circonstances-là, c’est un acte spontané, une pulsion ici et maintenant. "
"J’ai choisi de filmer très près des corps, de scruter les visages sur lesquels on cherche à deviner les émotions. J'avais envie qu’on finisse par avoir l’impression de bien connaître ces gens, l’un pourrait être notre frère, notre cousine ou d'autres encore"
"Je n'ai jamais cherché à tout expliquer la psychologie des personnes, par exemple on ne saura jamais vraiment pourquoi Thomas est parti. On comprend à travers un dialogue avec Alexandre qu’il est l’aîné, et, traditionnellement, il aurait du reprendre la ferme et c'est ce que lui reprochera son père, mais cela ne sert à rien de rentrer dans de grands dialogues et de grandes explications psychologiques c'est le contraire de ce que je cherchais à démontrer avec ce film."
"C'est pour être plus proche de la vérité de mes personnages que j'ai choisi de filmer le plus possible caméra à l’épaule . La mise en place est rapide, on peut se concentrer sur le jeu des comédiens et d'être le plus juste possible."