« Les émigrants ne cherchent pas à conquérir des territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d’eux-mêmes parce qu’il n’y a pas d’autre façon de continuer à vivre lorsqu’on quitte tout »
Oui, ils dérangent le monde comme le font les poètes quand leur vie même devient poème.
Ils dérangeront le monde parce qu'ils rappelleront à chacune et à chacun, par leur arrachement consenti et leur quête, que chaque vie est un poème après tout et qu'il faut connaître le manque pour que le poème sonne juste.
Ceux qui partent, désignent les émigrés fuyant la misère, qui se pressent, dès la passerelle franchie, sur Ellis Island en cette année 1910 tels Donato et Emilia, un père et sa fille venus d’Italie, pour changer de vie ou encore Esther, arménienne fuyant les persécutions turques. et également Gabor seul avec son violon et Esther Agakian, l'arménienne qui a tout perdu. et veut tout reconstruire.
Car reconstruire une vie, ou simplement la vivre, s'épanouir et vivre leurs rêves voilà ce à quoi aspirent ces migrants magnifiés par la plume de Jeanne Benameur
Face à eux, Andrew, jeune américain passionné de photographie vient immortaliser tous ces visages de l'exil
Une prose douce et élégante raconte l'exil avec énormément de délicatesse et de sensibilité sur le déracinement et ce terrible déchirement de quitter son pays, sa famile et sa culture d'origine et l'histoire a le même décor que le très beau The Immigrant de James Gray
Un récit profond et émouvant, plein de tristesse et d'espoir sorti à la rentrée de septembre et à rattraper incessamment.
« Parce qu’il faut bien traverser la rivière sans fond pour rejoindre. Parce que l’on ne peut rester chacun sur sa rive sinon à quoi sert d’être là, ensemble, vivants »