Critique d'album/ Sarah Mikovski : un Pôle Nord qui réchauffe le coeur
Pas mal de lyonnais connaissent déjà son talent singulier car la demoiselle a l'habitude d'écumer les salles de la capitale des Gaules et de sa région depuis un certain nombre d'années, mais nul doute que la sortie cette semaine du premier album de Sarah Mikovski "Pôle Nord", réalisé sous le label 440, devrait lui permettre d'élargir son public de fidèles.
Avec ce premier album, qui succède ainsi à trois précédents EP qui lui avaient permis de faire connaitre un univers jazzy, léger tout en groove et en swing, Sarah Mikowski propose un opus qui lui ressemble et dans lequel elle peut afficher toutes les facettes de ses influences et expériences musicales.
Elle qui a une formation assez classique- avec notamment une formation au Conservatoire de Lyon section jazz- a également pas mal cotoyé les rives du gospel et du trip hop, et s'essaie même récemment au slam.
Toutes ces influences sont représentées dans ce "Pôle Nord", que Sarah décrit comme le disque de la réconciliation; une réconciliation qui s'opère aussi bien au niveau des différents genres musicaux qui constituent le disque, que réconciliation face aux erreurs et cicatrices du passé, qui font l'objet d'un certain nombre de ses textes.
En choisissant Ivan Callot, le membre fondateur des Fatal Picards, comme réalisateur de l'ensemble du disque, Sarah Mikowski propose un kaléidoscope de morceaux de diverses influences.
Son univers s’enrichit ainsi de multiples inspirations musicales : 60’s, electro-pop, slam, jazz, chanson intimiste, et toutes ces ambiances sont transcendées par une maitrise vocale qui s'adapte aux différents coloris proposés.
Surtout sa collaboration avec Ivan Callot lui a permis d'orienter sa couleur musicale sur des sonorités urbaines particulièrement bienvenues, et notables dans des titres comme "Désolé", "Cicatrices" ou bien encore "Les mauvais garçons".
Elle qui affirme ne pas aimer "la musique tiède" livre un album à la fois grinçant, solaire, profond et optimiste grâce à des textes sans tabou avec des paroles engagées, humoristiques et poétiques.
On pense évidemment à cette chanson qui s'intitule "mon mec d'extrême droite" racontant l'histoire d'amour improbable entre une fille et son homme d'extrême droite et les situations loufoques qui en résultent.
Une chanson qui a fait parler d'elle sur les réseaux sociaux et pas forcément pour de bonnes raisons mais qui démontre que Sarah n'a pas peur d'aborder les sujets qui fachent, un peu comme le faisait Renaud à son époque.
Entre le foudroyant duo avec Karimouche sur Cicatrices, l'électro/ salsa Pente Douce , le magique Alchimiste ou le bluesy Les gars de mon quartier, Pole Nord est truffé de titres drôles, poétiques, facétieux portés par ce swing incroyable et ses mélodies limpides, ainsi que par cette façon de faire danser les mots qui n'appartient qu'à elle.
" On démontait des voitures, on découpait nos blousons.
On désertait nos lits pour dormir sur le gazon.
Sur le ventre de La Lune, on écrivait des chansons dont on était les héros de fortunes"
Les mauvais garçons
Sarah Mikovski dévoile son album Pole Nord disponible le 14 février 2020. (Label 440 / MAD-PIAS / Budde Music) |
Et la demoiselle a également une belle présence scénique que les parisiens vont découvrir aux Trois Baudets le 11 mars et les lyonnais au Théâtre Comédie Odéon le 22 mars. avec Tim Dup
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