"Voilà : la caméra, la scène me distraient, me divertissent au sens de Pascal. Le ronronnement délicat de la caméra numérique qu’on prépare, le rire de ma partenaire, l’angoisse du preneur de son (« Ah, y a un frottement »), la mystérieuse plénitude ressentie quand une prise est réussie, la satisfaction d’avoir surpris (moi le premier) et surtout l’explosion de rire de huit cents personnes suspendues à vos lèvres, sont un évitement des tentations dépressives qui nous hantent."
Patrick Chesnais est un acteur que l'apprécie tout particulièrement à Baz'art, probablement, parce que, sous son humour pince sans rire et air encore plus bougon que celui de Bacri se cachent des failles et des souffrances à vif.
Des blessures qu'il avait dévoilé dans son premier livre Il est ou Ferdinand il y a douze ans, correspondance post mortem avec son fils Ferdinand décédé en 2006 à 20 ans d'un accident de voiture.
Il a repris la plume en ce début d'année 2020 avec un nouvel ouvrage ( avec changement d'éditeur à l'appui) qui s'intitule LA VIE EST BELLE, JE ME TUE À VOUS LE DIRE !.
Dans ce livre, qui ressemble plus à des mémoires classiques que le précédent, Patrick Chesnais distille sur un ton qui n’appartient qu’à lui ses plus intimes expériences : la vie, l’amour, la carrière, la création mais aussi ses passions.
On y croise pas mal de souvenirs de tournées et de pièces de théâtres, de vaudevilles qu'il joue assez souvent à des textes classiques comme le Tartuffe et des souvenirs de films pas toujours terribles auxquels il semble participer sans y prêter énormément d'attentions.
"La perspective d’aligner trente jours de vacances de suite à Ré m’inquiète. Je les saucissonne, avec un spectacle à Nice, une interview à BFM, un petit séjour au festival d’Avignon, et puis surtout un petit voyage traditionnel d’une bonne dizaine de jours."
Chesnais nous livre des souvenirs à la fois poignants et souriants sur ce parcours ses anecdotes de tournage et de pièce de théâtre et ses moments de vie plus souvent ciblés entre 2006 et 2019 .
LA VIE EST BELLE, JE ME TUE À VOUS LE DIRE !. n'est certes pas forcément un grand moment de littérature ( Chesnais, qui dit avoir refusé le concours d'un nègre ne se revendique pas pour autant romancier et nous livre un peu ses pensées comme elles viennent)
Cependant, ce récit s'avère souvent à l'image de son comédien, à savoir chaleureux et émouvant, surtout lorsqu'il reparle de Ferdinand, cet ange qui n'est resté que 20 ans sur terre, mais à jamais dans le coeur de son père et de tous ceux qui l'ont aimé.
Patrick Chesnais confesse en effet à cet égard qu'il n'a pas été un bon père car selon lui " un bon père ne laisse pas partir son fils dans un cercueil à 20 ans". Bien entendu, ce genre de confidences ne peut que nous faire fondre et trouver son auteur aussi touchant que sincère...
LA VIE EST BELLE, JE ME TUE À VOUS LE DIRE ! Editions de l'archipel/ 23 janvier 2020