
"Autrefois, j’étais si petite que je pouvais à peine voir au-dessus de la banquette arrière de la Cadillac noire que mon père avait achetée avec l’argent du pétrole extrait en terre indienne. Il astiquait et entretenait sa voiture tous les jours . Moi je voulais tout voir.»
Ainsi commence Crazy Brave, superbe récit autobiographique de Joy Harjo paru en janvier dernier aux éditions Globe.
Née d'une mère cherockee et d'un père creek, Joy Harjo , connue aux Etats Unis en tant que saxophoniste , plasticienne et poétesse ( sacré poétesse de l'année en 2019 ) y livre ses souvenirs inspirants et inspirés ety fait défiler lentement mais avec une audace incontestable le parcours et le cheminement de celle qui est aujourd'hui tout à la fois une voix importante du féminisme aux États-Unis et une fervente défenseuse du peuple amérindien.
« Ma génération incarne aujourd’hui notre mémoire. C’est pourquoi je fais défiler mes souvenirs ».

.Quel récit inspirant et inspiré que celui d’une femme en prise directe avec l’héritage historique de son peuple, femme éprise de liberté dans une société américaine des années 60 aussi machiste que raciste.
Entre son enfance difficile avec un beau-père violent qui a rendu sa mère fantômatique, et une vie de femme perdue dans l'alcool et les maris violents et/ ou absents, la vie de Joy Harjo fut un combat de tous les instants .
Ce véritable parcours initiatique, plein de pertes et de mythification montre que Joy Harjo est une femme au parcours chaotique et complexe mais qui a fait preuve d'une determination et d'un talent sans faille.
Joy Harjo fut une femme qui comme toutes les femmes possède ses ses forces et ses faiblesses, ses épreuves et ses bonheurs, mais son talent d'écriture aussi incontestable que profondément touchant la rend totalement singulière et unique.
Joy Harjo, Crazy Brave. Trad. de l’anglais (États-Unis) par Nelcya Delanoë et Joëlle Rostkowski. Éditions du Globe, 176 p., 19 €