Baz'art  : Des films, des livres...
28 février 2020

Trois livres de poche à couper le souffle :L'empreinte, Des hommes couleurs de ciel, Oxygène

 Encore une revue de nouveautés à lire en poche, ca devient une habitude depuis plusieurs semaines puisque chaque vendredi ,  on essaie de vous mettre en avant trois poches lus et approuvés par la rédaction .

En ce vendredi  de vacances (du moins pour notre zone, la A), voici donc les trois titres d'une sélection hétéroclite et singulière qu'on vous propose  qui ont tous comme point de communs de nous laisser le souffle couper, que soit avec une enquête intime et passionnante,  un thriller américain haletant et une chronique sociale puissante : 

1/ « L’Empreinte » Alex Marzano-Lesnevich  ( 10/18; 2 janvier 2020)

 

empreinte

 

Inconstestablement, "L'empreinte" qui est l'oeuvre d'une certaine Alexandria Marzano-Lesnevich,  est un des gros événements de rentrée littéraire de poche de 2020.

 Alex Marzano-Lesnevich est tout sauf une Sherlock Holmes, une Hercule Poirot, une Adamsberg ou une Servaz. Elle ne nous sert pas une tirade finale éclatante en nous révélant ce qui s'est exactement passé ce 7 février 1992, ce que Ricky Langley a fait au jeune Jeremy Guillory avant de le tuer, ce qui lui est passé par la tête pour passer de prédateur pédophile à pédophile assassin. Car elle non plus, elle n'a pas toutes les cartes en main, malgré tous les procès verbaux, tous les témoignages, tous les compte-rendus de procès qu'elle a pu lire, toutes les vidéos visionnées.

Son enquête est d'une grande complexité et pose un nombre infini de questions, qui résonnent dans son histoire personnelle. Comment réussir à faire triompher la vérité ? À distinguer le vrai du fabriqué par les souvenirs, les versions contradictoires ?

 La démarche d'Alexandria Marzano-Lesnevich n'est d'ailleurs pas une quête de vérité absolue, mais une envie, un besoin de comprendre. Pendant dix ans, cette jeune et brillante étudiante en droit à Harvard va enquêter non pas seulement sur les faits, mais aussi sur l'histoire de Ricky, sur son enfance abimée par un accident de voiture.

Les chapitres alternent entre scènes de la vie reconstituée de Ricky et la sienne, ce qui ajoute à cette impression de lire un thriller haletant. 

Il se lit aussi comme un livre d'analyse psychologique : par dessus-tout, l'auteure essaie de comprendre, sans juger. Ce livre est une analyse en soi, le résultat d'un long travail sur elle-même sur ses préjugés, sur sa volonté de lutter contre la peine de mort. Car on le comprendra vite, L'Empreinte, c'est aussi bien ces marques sur le cou de Jeremy, que les traces qu'a laissées son grand-père sur son corps, à force d'avoir abusé de la petite fille qu'elle était pendant cinq ans. 

Ce livre peut donc aussi être vu comme une catharsis, une envie de se débarrasser de ces démons qui lui pourrissent la vie, l'empêchent de se nourrir normalement, d'être pleinement à l'aise avec quelqu'un.

Ce sont toutes ces marques que nos histoires personnelles impriment en nous, qui nous font changer de trajectoire, devenir quelqu'un d'autre, qui expliquent que notre destin n'est pas une fatalité, qu'il est lié à ce que nous avons vécu. 

C'est aussi un récit journalistique, où tous les personnages qui gravitent autour de cette "histoire" sont les acteurs plus vrais que nature d'une intrigue réelle, dont elle essaie de reconstituer les faits et gestes, de reproduire les dires, à partir des éléments versés à l'enquête, avec toute la précision et la minutie possible. Son travail de recherche a été immense et pour elle, nécessaire. 

 

2/Oxygène; MJ Arlidge (éditions 10/18;13 février 2020)

Oxygène

"Il était peut-être impossible de vraiment connaître une autre personne dans la vie. C’était peut-être seulement dans la mort que la vraie personnalité apparaissait au grand jour."

Le roman  "Am stram gram a longtemps tourné sur les tables de librairies dans les coups de coeur de nos chers libraires.

  ON y découvrait pour la première fois le personnage du commandant' Helen Grace  que M.J. Arlidge a ensuite popularisé   dans les romans suivants : "Am stram gram", "Il court, il court le furet", "La maison de poupée" et le précédent , "Au feu les pompiers"...

 M.J. Arlidge a toujours eu un net penchant pour  les ambiances un peu sombres, à la lisière du glauque  avec son personnage central particulièrement complexe et névrosé et ce n'est pas "Oxygène", le 5ème tome des aventures d'Helene Grace qui va changer la donne.

La romancière ne déroge pas à la règle, car Helen Grace se retrouve confrontée à ses  zones d'ombres du passé,  en la personne d'un de ses ancien maitre du sadomasochiste qu'Helen connaissait très bien et qui est retrouvé assassiné  dans une boîte de nuit SM de Southampton.

On est plongé dans la psyché d'une une enquêtrice complexe aux prises avec ses vieux démons : la commandante Helen Grace appelée sur les lieux du crime connaît très bien la victime,  mais va bien se garder de le dire aux autres enquêteurs, sauf que  l’assassin  adepte de ces lieux singuliers  fait une deuxième victime, Helen se trouve face à un dilemme : doit-elle confesser ses démons intérieur et se voir retirer l’enquête ou continuer à mentir et risquer de se perdre dans ce jeu dangereux ?

 On n'a pas lu tous les tomes de la saga, donc on est parfois un peu paumés dans la compréhension du personnage ou de certaines situations, et si l'auteur a tendance à en rajouter un peu dans le sordide et la complaisance, l'intrigue reste suffisamment addictive et le personnage d'Helen Grace suffisamment complexe et nuancé pour rendre la lecture tout à fait plaisante..de là à attendre impatiemment le 6ème tome que le dénouement laisse totalement augurer, pas forcément...

Ce qui est certain c'est que M.J Arlidge avec son  Oxygène- qui en fait parfois manquer à son lecteur oppressé ravira les fanatiques des enquêtes d'Helen Grace. 

Paru le 13 février aux éditions 10 18 . A noter que l'auteur sort  en France un nouveau volet de sa saga Helen Grace, A cache-Cache en grand format aux éditions Les Escales.

3/ Des hommes couleurs de ciel, Anaïs Llobet (Folio; 27 février 2020)  

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 ""Peut-être devait-il courir au commissariat le plus proche pour le dire au policier. Il était l'alibi d'Adam, sa porte de sortie devant ce cauchemar. Mais une peur diffuse, irraisonnable, le maintenait pétrifié dans son lit. Et si Adam était coupable? Et s'il avait réellement tué ces lycéens?"

Un attentat meurtrier vient d'être commis dans un lycée de La Haye : vingt-deux élèves et deux professeurs sont morts sous les fracas de deux bombes posées dans le réfectoire.  

Un tchétchène est suspecté d'être à l'origine du massacre...Pourrait -il que ce soit   Adam (qui s’appelait Oumar dans son pays d’origine) ou  bien Kirem, son jeune frère, qui s’est volatilisé ? Alissa,  professeure de russe, est chargée de traduire les interrogatoires d'Adam, qui fut son élève, mais aussi les rédactions que Kirem s'obstinait à écrire en tchétchène  va tenter de  résoudre ce mystère et cette question : pourquoi  diable Adam garde-t-il le silence alors qu'il pourrait très bien  se disculper ?

La journaliste Anaïs Llobet  a longuement écumé la Russie et  la Tchétchénie,  ce pays tristement célèbres pour avoir persécuté des milliers  d’homosexuels. l’homosexualité , tabou passible de mort dans la communauté tchétchène.

Au lieu de se lancer dans la rédaction d' un essai ou bien d' un récit didactique de ces terribles agissements, elle a préféré tisser une bien belle fiction  autour de trois individus d’origine tchétchènes  vivant à La Haye : les deux frères Oumar et Kreml,  et leur  professeur de russe, Alissa,  qui tente de cacher  ses origines, notamment à son compagnon. 

Avec une intrigue pleine de rebondissements et parfaitement construite, Anaïs Llobet aborde plusieurs thématiques passionnantes  autour de l’exil et de l’arrachement à ses racines, comme la quête d’identité, la tolérance, l’intégration stigmatisation des différences culturelles, la fragilité de la vie face à la violence des actes  et bien évidemment d’homosexualité, le sujet et le moteur principal de la souffrance de cet Adam / Omar , obligé de cacher à ses proches ce qui fait partie intégrante de lui.

Sans pathos ni didactisme, Anaïs Llobet fait de ces  "hommes couleur de ciel "(le nom que l’on donne aux homosexuels en Tchétchénie)  le témoignage percutant et intense  d'une (in)humanité  dans son ensemble.

Paru le 27 février chez Folio

 

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