"Le fait est que si Jillian Frisk n'était pas capable de faire la différence entre une nouvelle connaissance timide, manquant d'assurance mais ouverte et une Némésis bien décidée dès le départ à faire feu pour protéger son capital le plus précieux elle ne devrait plus être autorisée à sortir en public."
Quel plaisir de retrouver la plume de Lionel Shriver, qu'on aime depuis longtemps déjà .
Cette romancière, souvent ironique mais jamais condescendante et surtout jamais donneuse de leçons de morale (à l'heure où tout le monde a son petit sermon à faire sur les réseaux sociaux) continue de nous abreuver de son talent avec le récent Propriétés privées, sorti chez Belfond, juste avant le confinement.
Dans ce recueil de nouvelles (genre vers lequel on ne se dirige pas forcément de façon très ), elle décortique avec une acuité, une précision et une richesse incroyable le thème de la propriété sous différents angles et met à nu la complexité de nos réactions et sentiments.
Nos nouvelles préférées ? Sans doute les deux novella- plus de 100 pages qui ouvrent et ferment le livre, " le lustre en pied", chef d'oeuvre de subtilité autour d'une histoire d'amitié hommes femmes de 25 ans qui va s'éfriter dangeuresement à cause d'une simple sculputre et " La sous locataire" qui voit un américaine pointilleuse vivant à Belfast depuis douze ans est soudainement envahie par une compatriote sans-gène
On a aussi un faible pour Terrorisme domestique qui s'inscrit dans la droite lignée de son chef-d’œuvre Il faut qu’on parle de Kevin. avec une histoire de Tanguy pas sympathique pour un sou et bien décidé à ne pas se laisser éjecter du nid parental malgré son âge avancer et qui va utiliser tous moyens- plus ou moins - légaux pour rester au nid.
"Liam n'était pas un imbécile. En revanche, Harriet, si , à imaginer que son fils ferait enfin ce qu'elle lui avait demandé à 24 reprises si elle le répetait une 25e fois."
Avec minutie et acuité, Lionel Shriver entre dans les replis des bassesses et des mauvaises fois des individus, pas foncièrement sympathique mais qu'on n'arrive jamais vraiment à détester tant ils semblent être un de nos lointains cousins.
L’immobilier et la possession révèlent de façon plus ou moins sous jacente les vices cachés des êtres humains entre sentiment d'avarice qu'on ne peut réprimer, envie de baffer les parasites et piques assiettes particulièremnet enervants ou casaniers tout aussi irritants..
A l'heure ou l'on arpente les moindres recoins de notre pas si home sweet home, cet excellent recueil de nouvelles est un vrai plaisir de lecture et prouve que Lionel Shriver est une immense portraitriste d'aujourd'hui.
Propriétés privées
Lionel SHRIVER
Editions Belfond
Sorti le 20/02/2020
456 pages
.Fini cette nuit le recueil de nouvelles de Lionel Shriver ou 12 histoires dans lequel l’immobilier et la possession révelent les vices cachées et la bassesse humaine... une ironie mordante et une intelligence de point de vue qui fait un bien fou!! pic.twitter.com/3LilavvfLa
— Baz'art (@blog_bazart) April 16, 2020