Baz'art  : Des films, des livres...
27 avril 2020

Cette semaine sur Canal+ : notre sélection de trois films à voir

 

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A part la soirée Elton John dont on a parlé hier soir, le programme cinéma de la semaine sur Canal+ et sa chaîne thématique est parfaitement intéressant avec plusieurs longs métrages qui valent le coup.

On a en sélectionné trois en particulier qui sont diffusés cette semaine pour la première fois sur une chaine hertzienne :

1, Thalasso; Guillaume Nicloux

 5 ans après son enlèvement (L'Enlèvement de Michel Houellebecq du même Guillaume Nicloux, sorti en 2014) Michel Houellebecq en a toujours aussi gros, d'autant plus que sa femme lui offre une semaine de cure en thalasso à Cabourg.

Placé en formule diététique, eau plate et légumes à tous les repas, avec interdiction de fumer, l'auteur des Particules élémentaires enchaîne les séances de tortures censées le régénérer.

Lors d'une pause clope clandestine, Houellebecq tombe sur Depardieu. Heureux hasard qui va sauver son séjour en le faisant passer à la formule éthylique.

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Harcelés par des admirateurs sans gênes et les employés psychorigides de l'hôtel, broyés par les mains des masseurs, les deux compères se réfugient dans leurs chambres pour discuter Talmud, sexe et résurrection des corps.

Grâce à ces conversations généreusement arrosées, Michel revit. Des corps, il n'est question que de cela dans le film. Refroidis, trempés, badigeonnés, ceux de ces Laurel et Hardy en peignoir immaculé refusent de se soumettent à la norme. On les voudrait fermes et toniques.

Celui de Michel est gris et malingre, celui de Gérard, rond et rosé. Le contraste est total entre les deux, y compris quant à leurs caractères : à l'amplitude bourrue de Depardieu répond le détachement spleenétique de Houellebecq.

Différents, les deux s'entendent néanmoins sur une même idée du plaisir, déraisonnable. Les cheveux tombent, les dents se déchaussent, les cœurs lâchent. Ces corps, marqués par les excès et la vieillesse, ont la forme d'un défi lancé à l'étouffante mesure prônée dans l'établissement, symbole de nos sociétés aseptisées.

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Nos enveloppes périssables et hideuses abritent néanmoins une âme qui seule est digne d'intérêt et de soins. Au fil des discussions entre Michel et Gérard, vite rejoints par les anciens ravisseurs du premier, se dessine une transcendance qui prend de multiples formes : le vin, la religion, la superstition, une idylle amoureuse à 80 ans ou l'art, autant de moyen d'échapper à la péremption de nos corps dont la conservation, sans cesse repoussée, n'est de toute façon qu'illusoire.

La charge anar de Nicloux contre un diktat de la surface forcément superficiel épouse parfaitement les personnalités de Houellebecq et Depardieu, dont la rencontre est aussi drôle qu'émouvante.

La résistance de ces deux vieux, menée nonchalamment à coup de rouge et de cigarettes, est véritablement jouissive.

Thalasso, Canal plus cinéma, 20,50, lundi 27 avril

 

 2; Dernier Amour, Benoit Jacquot

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Après trois expériences  plutôt réussies dans le film historique ("Sade", "Les adieux à la reine" et "Journal d’une Femme de Chambre")., Benoit Jacquot a eu la bonne idée de revenir à nouveau aux drames en costumes avec ce "Dernier amour" inspiré des Mémoires de Casanova, que celui ci a rédigé de 1789 jusqu'à sa mort.

Une mort proche d'advenir,  au moment où le film commence quand Casanova/ Lindon vient chuchoter à une jeune fan ses confidences sur son passé, et notamment le souvenir d'un amour sans retour pour une prostituée, la Charpillon, qui s'était donnée à tous les hommes, sauf Casanova en personne .

 Le grand amant, séducteur invértéré, le charmeur qui jamais ne succombe, qui devient le jouet, la marionnette d'une prostituée a priori innocente,  c'est tout l'intérêt de cette histoire qui a intéressé Jacquot et que celui ci parvient à rendre assez captivant dans son nouveau long métrage.

 

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 Accompagné à l'écriture par LA spécialiste française  de Casanova,  la romancière  Chantal Thomas, avec qui Benoit Jacquot a déjà travaillé notamment pour les adieux à la reine, il réussit largement, avec des moyens visiblement assez limités de reconstituer un XVIIe siècle, ses bals, ses frasques, ses maisons de passe,   dans une ambiance fin de siècle et crépusculaire assez étonnante et envoûtante. 

Dans un formalisme plutôt épuré et sobre, mais jamais ennuyeux, Benoit Jacquot s’interroge à travers son Casanova en souffrance, sur notre rapport aux femmes et à l’amour,  et sur la notion de  passion, ce qui la caractérise et la différencie du désir  et de la pulsion sexuelle..

 On est au départ un peu réticent à l'idée de voir le corps massif et la diction si contemporaine  de Lindon habiter les costumes  de ce dandy italien, efféminé et délicat que Donald Sutherland notamment avait jadis porté  sur grand écran,  mais sincèrement, Vincent Lindon  interprète avec  un vrai brio ce dragueur invétéré. 

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.Et puis définitivement Stacy Martin  déjà adulée dans Amanda ou le redoutable possède un charme fou, sa moue boudeuse, son air a priori innocent,   et l'on comprend aisément  que notre cher Casanova en perde tous ses moyens...

 Alors, certes, reconnaissons que  ces affres du désir n'ont pas la puissance et la beauté de ceux de Mouret mais le film de Jacquot se laisse voir avec un vrai plaisir d'esthète et donne encore envie de croire au cinéma de Jacquot..

 

 Dernier amour, Canal +, mardi 28 avril 21h00

  3 Perdrix,Erwan Le Duc

 Sélectionné à la Quinzaine, "Perdrix" aura bien su tirer son épingle du jeu d'une sélection française qui aimait particulièrement l'absurde cette année, avec celui ci et bien évidemment les films de Dupieux (le moyen Daim) et de Forgeard (le si jubilatoire "Yves") .

Il est l'oeuvre d'un certain Erwan Le Duc qui signe son premier long métrage, lui qui est aussi connu pour être journaliste sportif au Monde...

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Comédie absurde, romance décalée mais qui assume aussi sa part romantique, Perdrix ne réussit pas partout mais ce film singulier ne manque pas d'audace et de panache !

Usant avec talent de son décor atypique- une petite ville des Vosges, région étrange, belle côté paysages, mais peuplée de gens curieux. et décalée, cette comédie existentielle teintée d'absurde est traversée de jolis instants de grâce - la scène de danse entre nos deux protagonistes les scènes de radio avec la toujours formidable Fanny Ardant- et de séquences plus flottantes ( certaines dans le commissariat, ou celles avec les anciens combattants)

Perdrix est avant tout une oeuvre poétique, qui assume pleinement son décalage et ses écarts au genre de la comédie romantique.

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Plus encore qu'un film sur la rencontre amoureuse, "Perdrix "ose les variations sur le même thème celui de l'amour , l'amour coup de foudre, l'amour difficile entre un père- Nicolas Maury en contre emploi- et une fille, l'amour éternel entre une femme et son mari mort.

 

Mais probablement, ce qu'on retiendra sans doute le plus de cette jolie comédie fantaisiste, c'est le magnifique fascinant regard de Maud Wyler, qui trouve enfin un rôle à la hauteur d'un talent qu'on avait jusqu'à présent seulement à peine décelé.

 

Perdrix, Canal plus cinéma,  20h 50 vendredi 1er mai

 

 

 

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