Deux ans après la sortie du beau " Le Musée des Merveilles", le réalisateur américain Todd Haynes (notamment réalisateur du chef d'oeuvre Carol) revenait en ce début d'année sur le devant de la scène avec Dark Waters, un drame judiciaire loin de ses mélos fastueux précédents .
Revenant sur un grands scandales sanitaires au monde sur les dangers du Téflon, ce Dark Waters. est sans doute un des seuls films événements de ces deux seuls mois de cinéma dont on a eu droit...
Mais malheureusement un film qui aura partagé l'équipe de Baz'art qui se lance dans un petit duel à fleurets que nous avons régulièrement l'opportunité de vous livrer.
Le film sort en VOD dans deux semaines : L'occasion idéale pour nous départager, non?
Le PFOA, indispensable à la fabrication du Teflon qui couvre les ustensiles des cuisines du monde entier, est responsable d’un des plus grand scandale sanitaire de la fin du XXe siècle aux Etats-Unis.
Parkersburg la petite ville qui vit depuis des années grâce aux emplois de l’usine produisant le Teflon détient aussi un record de malade du cancer, de maladies congénitales, et de troubles immunitaires, touchant les êtres humains et les animaux.
Dans les pas de Robert Billott, nous découvrons une région empoisonnée, contaminée, dévorée, digérée par Dupont de Nemours un géant de l’industrie chimique qui a déversé dans les sols et les cours d’eau de Virginie Occidentale les résidus d’une substance synthétique pendant des dizaines d’année et cela en toute connaissance de cause.
Encore un film de super héros américain, mais non pas un super héros aux pouvoirs surnaturels, non un simple lanceur d’alerte opiniâtre qui paiera de sa santé son combat.
Mark Ruffalo, que l’on a vu ailleurs en géant vert transgénique, compose attachant patapouf, c’est la force du film, on croit totalement à son personnage d’humaniste entêté.
Petit David contre le géant Goliath, Robert Bilott se battra près de trente années pour que des hommes et des femmes puissent enfin être entendus.
Dark Waters est un film dossier classique à l'américaine ; à la manière de ceux d'Alan J Pakula, de Sidney Lumet ou même du Erin Brovovitch de Steven Soderbergh, c’est sa force et sa faiblesse on a l’impression de déjà vu dans son déroulement..
Mais portons au crédit de Todd Haynes, metteur en scène romantique et contemplatif a tourné sur les lieux même du drame , ce qui donne au film une force documentaire impressionnante....
Les habitants de la petite ville semblent des zombies abandonnés.; l’Amérique profonde oubliée dans toute sa quintessence..
Todd Haynes est sans doute l’une des grandes figures du mélodrame américain contemporain (dans la lignée de Douglas Sirk) avec un cinéma néoclassique, qui voit beauté et l’épure classique de ses films sont au service d’une passionnante exploration de l’identité sociale des personnages.
On lui sait gré d'avoir tenté un changement de braquet avec une incursion dans un virage, le film dossier, qui semblait à des années lumières de son univers, mais force est de constater que le résultat n'est pas à la hauteur de nos ésperances.
Avec ce portrait d'un combat de + de dix ans d'un petit avocat provincial contre une pollution environnementale des eaux par un grand groupe pétrochimique, ayant eu des conséquences sanitaires graves sur des populations.
Entre collecte de preuves et longues plaidoiries fastueuses, le film d'Haynes tombe dans les pesanteurs du genre et dans un académisme dont il n'arrive que très rarement de s'en extirper.
Certes, la photographie du film se teinte de couleurs gris-bleues en lien avec le sujet et le décor de cette Amérique des déclassés, mais le parti pris vire un peu au procédé et surtout s'efface dans sa seconde partie où les discussions entre les differents protagonistes sont filmés sous l'angle d'un champs contre champs des plus classiques.
Le film pourrait s'appuyer sur une dimension humaniste importante, mais malheureusement à part notre avocat joué par un Ruffalo bien impliqué, le reste des protagonistes manquent d'épaisseur pour exister vraiment et le film joue plus sur la portée politique que la dimension sociale de son récit.
On s'attendait à une grande oueuvre bouleversante et pleine de rebondissements, Haynes nous livre à la place un paresseux et prévisible film-dossier qui manque de souffle et d'aspirités .