Made in Bangladesh : un film social à la manière d'un Ken Loach bengali
Pour son second long métrage, le premier sorti en France, la réalisatrice bangladaise Rubaiyat Hossain s'est longuement intéressée au sort des travailleuses de l'industrie textile.
Rubaiyat Hossain, diplomée en étude de genres et qui a toujours voulu lutter pour le droit et la place des femmes dans des sociétés inégalitaires, a enquêté pendant plus de deux ans pour croiser la route de ces travailleuses et elle a pu se rendre compte que ces femmes étaient plus révoltées et dans l'action que l'image de victimes que la société bengalie lui renvoyait.
La cinéaste fait aussi un rappel indirect au drame de Dacca, qui a bouleversé son pays suite à l’effondrement d’un immeuble en avril 2013 qui avait entrainé la mort de plus d'un milliers de personnes vivant dans un bidonville.
Elle a également rencontré la travailleuse qui a créée le premier syndical Daliya Akter, une jeune femme qui en 2013 a farouchement milité pour monter un syndicat dans son pays et défendre les intérêts de ses collègues féminines et dont la destinée à fortement inspiré son Made in Bangladesh.
Le film raconte le parcours de ces travailleuses exploitées qui découvrent la solidarité et qui ont vaillamment lutté pour leurs droits et ont également contribué à sensibiliser les travailleuses sur leurs droits tant elles travaillaient dans des conditions déplorables et payées au lance pierre.
Ces femmes vont se heurter à toutes les difficultés possibles pour défendre leurs droits en se syndiquant dans une société où le sexisme est particulièrement prégnant et où le code de travail est un mot inconnu.
On suit les traces d' une héroïne volontaire et acharnée qui décide de ne plus se laisser faire et qui va réussir à la seule force de sa conviction entraîne les autres autour d'elle.
Influencé par le travail du grand cinéaste indien Satyajit Ray, Rubaiyat Hossain opte pour une mise en scène très énergique, en immersion totale dans le combat de ses femmes qui sont pour la plupart jouées par de vraies ouvrières.
Rappellant pas mal la portée du cinéma de Ken Loach,Made in Bangladesh, montre sans pathos ni didactisme combien le combat social peut tout autant permettre l'épanouissement personnel que de changer la société, les entreprises de textile du pays ayant beaucoup évolué depuis l'action de cette jeune femme.
- Disponible sur toutes les plateformes VOD depuis le 7 avril
- Sortie DVD : 31 mai 2020 .chez Pyramide Vidéo
LES SUPPLEMENTS du DVD
Entretien avec Rubaiyat Hossain (20′)
Reportage autour de Daliya Akhtar Dolly, dont l’histoire vraie a inspiré le film (3′)