Une voiture à la casse et son propriétaire, futur retraité en passe d'y être envoyé, ouvrent Technoboss, le troisième long-métrage du réalisateur portugais João Nicolau (John From).
À plus de soixante ans, Luís est las d'une vie de commercial en système de sécurité, passé sur la route : la pression des clients, la morgue des collègues et la monotonie salariée ont eu raison de son enthousiasme et de son corps.
Pourtant, Luís a de beaux restes. Sa fantaisie, propre à percer son quotidien, comme lorsqu'il invente des chansons loufoques, au volant de sa voiture, et son humour mordant le maintiennent encore alerte.
Si Technoboss s'ouvre sur une panne, le film ne reste donc pas longtemps sur le bas-côté pour se ruer à la suite de Luís, qui cherche un second souffle. Loin de se laisser abattre, Luís emballe franchement sa vie autant que le film donc, road-trip excentrique qui fait feu de tout bois, formel et narratif.
La comédie douce-amer, se laisse envahir par la fantaisie du film musical, distillée grâce aux compositions de Luís et de groupes surgis de nulle part.
De la même façon, le quotidien du commercial est irréalisé par une esthétique artisanale et dépouillée, les décors réels étant régulièrement troqués contre des scènes en studio à l'artificialité assumée.
À ce mélange des genres s'ajoute la comédie romantique, quand Luís retombe sur une ancienne amante, réceptionniste dans l’hôtel où il vient assurer la maintenance de la vidéosurveillance.
Jolie fable sur la vieillesse, Technoboss l'envisage non comme une fin mais comme un nouveau départ. Et qui de mieux qu'un vieux débutant pour incarner cette idée ?
Le personnage de Luís est en effet interprété par un parfait amateur, Miguel Lobo Antunes, avocat et homme de culture portugais, ancien directeur de l'Institut du film portugais notamment, et tout juste retraité.
Ce choix, loin d'être un simple clin d’œil, trouve toute sa pertinence dans la gaucherie et la verve qu'apporte Miguel Lobo Antunes au personnage de Luís.
Doué d'un côté foutraque qui enthousiasme, Technoboss a le mérite d'oser franchement, quitte à ne pas être tout à fait maîtrisé. Le long-métrage confirme ainsi la nouvelle folie qui s'est récemment emparé du cinéma portugais, comme le prouve également le film Diamantino, autre cocktail de genres explosif, signé du duo Gabriel Abrantes-Daniel Schmidt.
Technoboss de João Nicolau, disponible en VOD le 27/05 et en avant-première sur UniversCiné du vendredi
22/05 au dimanche 24/05
Ce dimanche 24/05 sur Shellac.com à 19h e-séance exceptionnelle en avant-première suivie d'une rencontre avec João Nicolau