Baz'art  : Des films, des livres...
29 mai 2020

Interview de Zangro, le réalisateur de Ramdam, ce soir sur Arte !!

  "Ramdam", la très réussie comédie de Zangro qui associe humour et Islam est projeté ce vendredi soir sur arte, voir notre chronique sur cette formidable fiction 

Le réalisateur et producteur bordelais a pris pas mal de son temps juste avant cette diffusion qu'il attend avec grande impatience pour nous parler de ce projet qui lui tient particulièrement à coeur  depuis de très longues années : 

zangro photo

Baz'art: Bonjour Zangro..et bravo pour votre formidable Ramdam. Justement, avant de devenir une fiction télé qui est diffusé sur arte, j'ai RAMDAM a été une série dont le pilote avait reçu le PRIX DE LA MEILLEURE SÉRIE FRANÇAISE categorie 26' au Festival de la Fiction TV de La Rochelle... Comment êtes-vous passés d'une pilote de série qui semblait prévue pour France TV à un téléfilm d'une heure trente qui passe sur Arte? 

 Zangro : Oh, vous savez cela fait 13 ans que je porte en moi ce projet "Ramdam" et on peut dire qu'on en est vraiment passé par toutes les couleurs avant cette diffusion sur arte...

"Ramdam" était d'abord une web série, puis c'était destiné à être en effet une série pour une chaine hertzienne de service publique , et on avait tourné ce pilote dans ce but...

Quand on a présenté le pilote à la Rochelle on avait pas encore de diffuseur, ce qui est extrêmement rare dans le cadre de ce festival.

On était effectivement en pourparlers avec France TV  mais la chaine ne nous proposait qu'une case horaire à 1h du matin et on s'est dit qu'on ne pouvait accepter cela car le public que l'on vise à travers cette histoire est celui du prime time..

Il était primordial nous de mettre toutes les chances de notre coté et d'avoir un 20h50, ce que ARTE nous a proposé  avec un film d'une heure trente, et il était dès lors impossible de refuser cette proposition..

Baz'art: Mais quand vous dites que c'était un combat de chaque instant, cela signifie quoi dans le concret? 

 Zangro : Disons qu'on a vu quantités de portes se refermer devant nous. Vous savez, il y a dix ans déjà j'avais embarqué dans l'aventure des producteurs vachement compétents  comme Joëy Faré et Marco Cherqui, - qui ont ensuite produit les Sauvages pour Canal+, ils étaient super intéressés par le projet mais  à un moment devant tous ces refus, ils m'ont dit "Zangro, on laisse tomber l'affaire, ca va pas être possible que ta série voie le jour " .

Cela a vraiment été difficile de faire accepter ces thèmes de société et ce traitement léger de la question, cette volonté de décrisper ces problématiques a des chaînes de télé tellement réticentes...

J'ai tendance à dire que si on me demandait de repartir au combat , je n'irais plus,  tant cela a été un parcours de combattant et une lutte de chaque instant pour l'imposer .

ramdam

Baz'art: Mais comment expliquez-vous au fond de vous, cette frilosité des diffuseurs? Vous dites dans le dossier de presse que c'est l'idée d'associer humour et islam qui aisait tiquer. Pourtant depuis quelques années, on voit quelques oeuvres qui parviennent à traiter ces sujets sous le ton de la comédie, je pense à "Chercher la femme" ou "Coexister" de Fabrice Eboué, non?

 Zangro : Oui bien sûr,  mais là vous me parlez de cinéma et pas de film pour la télévision et ce n'est pas du tout la même chose...

Un film, on fait la démarche d'aller en salles le voir, il ne vient pas chez vous du moins, dans un premier temps,

Avec un film, quand on fait 200 000 entrées on trouve cela génial alors qu'avec une fiction TV en prime time on peut toucher au moins 1 millions, voire beaucoup plus de spectateurs, ce ne sont pas du tout les mêmes enjeux à la base ..

Il était très important pour nous, dans notre désir de rassembler autour d'un sujet tabou que Ramdam soit diffusé à la télévision et à une heure de grande écoute et on s'est vraiment battus pour en arriver là...

Baz'art: Vous dites que vous portez "Ramdam" depuis 13 ans déjà...Pouvez-vous nous en dire plus sur ce combat qui vous anime depuis si longtemps ?

 Zangro : Oui,  le film est issu d’un travail de longue haleine que je mène depuis mes débuts, comme réalisateur, mais aussi en tant que producteur et intervenant sur le terrain, autour de la question de l’islam en France.

J’ai grandi dans ces quartiers et j'ai ensuite travaillé comme animateur dans la banlieue bordelaise à Cenon et mon travail m'a fait  côtoyer un certain nombre d' imams, dont l’un, Fouad Saanadi, est devenu un ami et également un  scénariste sur ce projet. 

 Fouad , qui est Président du culte musulman de Gironde et Imam de notre ville de Cenon nous a permis de retravailler le scénario en nous  disant de nous lacher  encore un peu plus sur certains personnages.

Il faut dire  qu'il avait tant d'anecdotes folles à nous raconter sur la question qu'on avait jamais l'impression d'exagerer.

 On peut donc dire modestement que l'on savait vraiment de quoi je parlais et que j'avais  dans mon environnement la matière nécessaire au scénario.

L’idée était  vraiment de démystifier l’image erronée d’une communauté musulmane souvent caricaturée par le pouvoir médiatique et politique.

ramdam (1)

Baz'art: Et du coup, est-ce que cette frilosité sur ce sujet s'est encore manifestée une fois que vous aviez signé pour ce téléfilm ou la châine Arte vous a laissé assez libre dans l'écriture?

  Zangro : Non, Arte a vraiment été super avec nous et nous a laissé vraiment tranquilles au niveau de l'écriture on n'a eu aucune pression de leur part  .

Il faut dire que j'étais entouré de scénaristes de choix :  Fouad  dont je viens de parler mais aussi mon comparse Nacim Mehtar ainsi que le  duo de la série "’Ainsi soient-ils", Vincent Poymiro et David Elkaïm, qui ont un peu servi de maitre Yoda en supervisant tout cela d'un peu haut.

Mais vous savez, Arte tenait beaucoup au coté authentique, presque documentaire,  du scénario.

Car si "Ramdam" aborde ces sujets sous le prisme de la comédie, il faut savoir que rien n’y est fantasmé, ni invraisembable.

 Chacun qui connait ces quartiers pourra aisément s’y reconnaître. 

Par exemple, le film parle beaucoup, notamment  à travers plusieurs personnages, le personnage principal,  mais notamment le personnage d'Amada le rugbyman, de la  dimension schizophrénique des rapports que la République entretient avec l’islam.  

On demande souvent aux musulmans de choisir entre la république et leur foi, mais c'est un choix aussi difficile que de leur demander de choisir entre un père et une mère , c'est insensé et cela est bien montré dans le film, même sous couvert de comédie.  

Baz'art: Votre perssonage d’Amine, ce professeur des civilisations qui devient imam malgré lui, c'est pour montrer que la théorie ne vaut rien sans la pratique?

 Zangro : Oui c'était un peu pour nous moquer des théoriciens, des gens qui pensent tout maitriser du haut de leur tour d'ivoire et qui une fois les pieds dans le cambouis s'apercoivent que c'est plus compliqué que cela .

Imaginer un professeur d’université qui devient imam  malgré lui permettait  de croiser deux visions de la religion : une approche théorique, idéale, et l’autre plus concrète, quotidienne.

Car la grande majorité des imams que j'ai fréquenté dans ma vie sont surtout là pour créer du lien  et faire finalement plus le job d'un assistant social que d'un véritable homme de foi, c'est cela que je voulais montrer avec "Ramdam".

Baz'art: Ce qui touche aussi beaucoup dans votre film, c'est que c'est aussi, et peut être avant tout, l'histoire d'une relation conflictuelle entre un père et son fils, non? 

 Zangro : Tout à fait,  l'aventure humaine est également très importante dans le film .. Le film traite avant tout des rapports humains, thème ô combien universel.

Tout simplement, pour moi l'un ne va pas sans l'autre, il n’y a pas de comédie sans drame…

"Ramdam "s’interroge sur la possibilité de construire une grande famille sur un ton humoristique, mais aussi sur le fil de l’émotion.

A la fin du film, il y a un père et un fils qui arrivent à se parler et à s'écouter et c'était cela aussi que j'avais envie de montrer dans mon film..

Baz'art: Dernière question, "Bien ou Bien", votre  société de production  porte en ce moment-même, son premier long métrage, "Mignonnes" de Maïmouna Doucouré, réalisatrice avec laquelle vous avez  décroché le Cesar du court métrage avec "Maman(s)" en 2017. Ce premier long métrage, dont on entend beaucoup de bien, devait normalement sortir en avril, avant la crise sanitaire. Pouvez nous dire quand il va finalement sortir?

 Zangro :  Non pour le moment je n'ai aucune information à vous donner sur cette question, merci de remuer le couteau dans la plaie ( rires) .. on patiente. on n'a que cela à faire .

On essaie de voir le verre à moitié plein se dire qu'il a pu passer à Berlin et être récompensé à Sundance contrairement aux films finis après qui n'ont aucun festival de prévu...

Le film est très beau, le sujet est très fort et il y a un bien un moment où tous ceux qui voudront le voir le pourront et Monsieur le premier ministre vient juste d'annoncer la réouverture des salles donc, disons que les voyants peuvent commencer à être au vert.. Mais pour le moment, savourons la diffusion de Ramdam qui est une belle victoire vu tout ce que je viens de vous raconter, non? ( rires) .

 

Ramdam est diffusé ce soir sur arte à 20h 50 

 Pour voir le film sur le replay d'arte : 

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