Rentrée littéraire 2020 aux Editions Liana Levi: La cuillère entre dans l'Arène ....
Et si on continuait de parler toujours de la rentrée littéraire 2020- on est quand même super loin d'avoir écumé les 511 romans, loin s'en faut- mais en nous concentrant en ce vendredi lecture sur une seule maison d'édition, à savoir celle des éditions Liana Levi et de leurs deux romans français signés Négar Djavadi et Dany Héricourt?
Il faut dire que l’histoire très agréable d’une petite britannique qui découvre en même temps les français ainsi qu'un secret de famille et cette grande fresque flamboyante parisienne sur l'emballement liée au buzz sur les réseaux sociaux, nous ont vraiment plu!!
« Nous possédons des centaines de couverts à l’hôtel des Craves. Mélangée aux autres ustensiles, jour après jour sur nos tables, dans l’évier, au fond d’un bocal de farine ou de riz, la cuillère a pu simplement échapper à mon intention. Dans cette nuit où personne ne dort je réalise que nous vivons entourés de choses auxquelles nous n’accordons aucune importance jusqu’à ce qu’elles disparaissent, se cassent ou se révèlent sous une lumière nouvelle. Á l’aube, quand les sonneries du téléphone annoncent le début des rites mortuaires, je range mes crayons et contemple la cuillère à la lueur du jour. Elle est belle. Solide. Mystérieuse. Tout l’inverse de la vie, me semble-t-il en cet instant. »
Pays de Galles 1985. Juste après la mort brutale de son père, Seren entreprend un voyage en France. Il lui faut découvrir l’origine d’une cuillère esseulée retrouvée sur la table de nuit paternelle. Une excuse, comme une fuite devant l’inacceptable. La jeune fille est orpheline et ce voyage chez les gaulois, pas si loin de l’esprit gallois, sera son Odyssée.
De rencontres en rencontres Seren grandie. Incroyable ce que l’on peut apprendre en un été !
« Je file indubitablement vers l’âge où l’on dort en chaussette. » Mon père, qui préférait ne rien dire plutôt que de dire mal les choses, ne se doutait certainement pas que cette phrase serait sa dernière. »
Drôle, tendre et doux road-trip, ballade en Morvan et Bourgogne pour une drôle, tendre et douce galloise de dix-huit ans. « La cuillère » est une jolie ballade poétique, une délicate manière de parler du deuil et de l’incertitude à l’âge des possibles.
Un roman drôle et tendre et plutôt fort bien écrit..
Certes, notre chronique est courte, il faut dire que le rédacteur de Baz'art n'a pas encore pris ses vacances et n'y va pas avec le dos de la cuillère (sic), mais avouons également le côté marabout-bout de ficelle du récit n’a pas vraiment un grand intérêt à être raconté, laissons plutôt le lecteur avisé rentrer dans la douce poésie de Dany Héricourt..
"La cuillère" de Dany Héricourt (Liana Levi); 27 août 2020 17 €.
"La riposte argumentée d'Ariane avait bien entendu ruiné le mince espoir de Benjamin. Ratera t- il les matches de foot de son enfant? Biaisera t -il avec lui commme il biaise avec les autres? Il aurait aimé lever le menton et répondre non? Mais il était trop lucide pour ne pas se laiser gagner par des tourbillons d'angoisse.. "
Désorientale, le premier roman de l’auteure Négar Djavadi, fresque flamboyante et épique retracant l'histoire tumultueuse de l’Iran au XXème siècle, avait connut un très beau succès à sa sortie il ya quelques années .
Gageons qu'il en soit de même avec cette nouvelle fresque qui se déroule ce coup ci plus proche de chez nous dans l'Est Parisien - dans un quartier cependant fictif situé entre Barbès et le Canal saint martin- qui voit s'embraser différents personnages- Benjamin, un responsable de fiction pour des plateformes et une jeune you toubeuse, lycéenne en révolte dont les agissements va provoquer une flambée de violences difficilement endiguable.
Comment un petit grain de sable peut tout faire basculer à l'heure de la viralité des réseaux sociaux. 48 heures d'une vie parisienne prompt au chaos et au buzz.
Tous les personnages d'Arène semblent perdre pied dans ce monde qui court certes trop vite, mais qui court jusqu'où exactement?
L'écriture vive, alerte et ce regard aiguisé sur la société contemporaine obnubilée, par le régne tout puissant de l'image qui a sans doute remplacé le culte du fric des années 80/90 .
On a pas mal d'éléments d'un roman noir, entre meutre, chasse à l'homme, enquête policier, chronique d'un déréglement social, mais l'ambition de Djavadi est autre.
La plume, vibrante et intense de Négard Djavadi en fait en effet un portrait essentiel de notre monde moderne, qui frappe par sa lucidité et son pessimisme ambiant .
Arène, Négar Djavadi Editions Liana Levi - 22€ ( 20 août 2020)