Alors que la série "Un homme ordinaire", diffusée actuellement sur M6 revient (de façon très maladroite, d'où notre silence sur cette série) sur un fait divers très médiatique des années 2010, l'affaire Dupont de Ligones, une autre série prévue en ce mois de septembre sur la télévision hertzienne revisite un autre fait-divers d'importance mais ce coup ci avec énormément de rigueur et de justesse.
On vous dit de suite pourquoi il ne faut pas la manquer :
On se souvient que le livre "Laëtitia ou la Fin des hommes», enquête historique sur un fait-divers datant de 2011, avait obtenu le prix Médicis 2016.
Avec une méticulosité extrême, Ivan Jablonka historien et écrivain, .retrace la vie de cette jeune femme, cabossée et abîmée par la vie, qui va faire une rencontre malheureuse.
Ce fait divers horrible a ému toute la France, de part ses rebondissements multiples mais également à cause de la récupération politique de cet événement par le président de l'époque , Nicolas Sarkozy.
Ivan Jablonka réussissait à faire revivre Laetitia à travers les pages, à lui rendre son humanité dans un livre exceptionnel à mi chemi entre la réflexion sociologique et le récit d'une vie brisée.
Du livre qu’Ivan Jablonka a consacré à ce destin , Jean-Xavier de Lestrade a fait une fiction, qui est à coup sur un des grands évenements de cette rentrée télévisuelle.
Cette mini-série Laëtitia (6 x 45 minutes), réalisée par un Jean-Xavier de Lestrade qu'on a connu excellent documentariste ( lauréat d'un Oscar pour Un coupable idéal en 2002) puis réalisateur de fictions sensibles toujours proches du réel, , revient avec énormément de finesse et d'intelligence sur une tragédie qui amis en lumière à la fois les fragilités liées à l’adolescence et les ressorts souvent invisibles d’une violence ordinaire.
Laëtitia est le portrait émouvant, saisissant et beau d’une jeune fille d’aujourd’hui au seuil de s’en sortir et coupée net dans son élan vital.
Cette fiction, qui se base sur l'enquête tres pousée réalisée par l'adjudant chef Touchais, gendarme en chef de l'enquête, rend sa dignité à cette jeune fille et sa sœur jumelle Jessica en s'évertuant à raconter la vie avant le fait divers ; sa vie d’avant cette tragédie une vie cabossée partagée avec sa frangine.
La grande réussite de la série repose sur cette grande fidélité au dossier d'instruction ( la plupart des dialogues sont des extraits des 3000 pages du dossier )
Elle s'appuie également sur un casting fort solide (c'est la grosse différence avec la série du Dupont de Ligonès, au jeu d'acteur très alétatoire) mélant jeunes comédiennes inconnues (Marie Colomb et Sophie Breyer, qui interprètent avec une immense densité Laetitia et sa jumelle Jessica) et acteurs plus chevronnés, souvent à contre emploi dans des rôles glacants, comme Sam Karmann, le chef de la famille d’accueil des deux jeunes filles ou Kevin Azaïs, leur père biologique.
Laetitia , à l'instar de la récente série "Unbelievable sur Netflix," parvient également largement à faire toucher du doigt la menace quasi constante qui pèse sur les femmes dans un monde où les hommes semblent des prédateurs sans cesse à leur merci de leurs pulsions incontrolables .
Très juste, bouleversant dans son propos, et audacieux dans sa forme en se permettant quelques envolées poétiques notamment dans les flash backs retracant le passé des jeunes filles .
Une grande réussite !
A noter que la série sera proposée en intégralité en avant-première sur France.tv dès le vendredi 18 septembre à 6h.
Lundi 21 septembre :
Diffusion des trois premiers épisodes
Lundi 28 septembre :
Soirée Continue " Laëtitia : la violence pour destin ? "
- Diffusion des trois derniers épisodes
- Débat
La mini-série Laëtitia (6 x 45 minutes), réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, revient avec énormément de finesse et d'intelligence sur une tragédie qui, loin d’être un simple fait divers, a bouleversé les Français et mis en lumière à la fois les fragilités liées à l’adolescence pic.twitter.com/XyYjK7kodG
— Baz'art (@blog_bazart) September 17, 2020